Symbole architectural de la Belle Époque, le Casino de la Jetée, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, renaît en version numérique au Centre du Patrimoine. Une expérience immersive inédite, fruit d’un travail commun entre la ville de Nice et le studio HoloForge Interactive, qui mêle innovation technologique et valorisation du patrimoine.
On le connaît par les cartes postales jaunies, sa silhouette trônait fièrement au bout de la promenade. Le Casino de la Jetée, joyau du littoral niçois, a été démonté en 1944, à la demande de l’occupant allemand. Mais depuis quelques mois, il est possible de le redécouvrir… en réalité augmentée.
Au Centre du Patrimoine, une maquette blanche en 3D sert de base à une projection holographique accessible via un casque immersif. Le visiteur assiste à une reconstitution saisissante du casino, de son architecture à son ambiance festive. « Le public dit que c’est magique« , sourit Adèle Faustinien, chargée de développement culturel de la ville de Nice.
Un projet à la croisée des chemins : culture, innovation et attractivité
Ce projet, né il y a plus de quatre ans, s’inscrit dans une stratégie plus vaste. « Nice développe depuis plusieurs années une filière autour des Industries Culturelles et Créatives, explique Adèle Faustinien. Notre rôle à la culture, c’est d’initier des projets où la technologie sert le patrimoine et le public.«
Lauréat d’un appel à projets de la Métropole, le studio HoloForge Interactive (filiale d’Asobo Studio) a été sélectionné pour son expertise dans les expériences immersives. Déjà à l’œuvre sur des projets pour l’UNESCO ou le Mont-Saint-Michel, le studio a été séduit par l’histoire du Casino, « symbole fort de la villégiature à Nice, aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO« , précise Cécile Verdoni, responsable de la Ville d’Art et d’Histoire.
Du musée Masséna au centre du patrimoine : la maquette voyage
L’expérience a d’abord été lancée au musée Masséna, au sein d’une exposition temporaire. Une double approche y avait été imaginée : artefacts archéologiques repêchés en mer, archives photographiques, puis immersion dans le Casino grâce à la projection holographique.
« Le dispositif est mobile« , précise Adèle Faustinien. « C’est une vraie force : on peut l’adapter à d’autres lieux et d’autres usages. » Désormais installée au Centre du Patrimoine – Le Sénat, la maquette attire visiteurs, curieux, et passionnés de l’histoire niçoise. Elle s’intègre dans le parcours de visites guidées liées à l’inscription UNESCO.
Une vitrine pour la ville, un tremplin pour la technologie
Si cette reconstitution captive les visiteurs, elle séduit aussi les professionnels du secteur. Le projet a été présenté au salon Museum Connections à Paris, et à Experience Vision dans le cadre de la Semaine de l’Intelligence Artificielle.
« Nous sommes une vitrine pour ces entreprises. En tant qu’institution, on apporte les contenus scientifiques, le public, et la visibilité« , insiste Mme Faustinien. Le mot-clé : écosystème. « Ce projet a fonctionné parce que tous les acteurs ont travaillé ensemble : développement économique, entreprises, musées, culture. »
Vers d’autres projets immersifs ?
Nice mise désormais sur le développement de nouvelles médiations numériques. Des projets en 3D sont déjà en cours au musée d’archéologie de Cimiez, d’autres sont envisagés pour les quartiers inscrits dans les circuits UNESCO.
« Les visiteurs attendent de l’expérience« , conclut Mme Faustinien. « Et la réalité augmentée permet aussi d’aller plus loin : dans les écoles, les prisons, les hôpitaux… Le numérique peut donner accès à la culture à ceux qui en sont éloignés.«
