César Malfi, street artist niçois, revient à Shopping Promenade dès cette semaine. Du 7 au 11 juillet, il va créer une nouvelle œuvre monumentale inspirée du mythe de Galatée. L’artiste revient pour Nice Premium sur cette œuvre, ses inspirations ainsi que son processus de création.
Après le succès de « Héra et Hermès » en 2024, rebelotte. César Malfi revient au centre commercial Shopping Promenade avec une nouvelle fresque, inspirée du mythe de Galatée. À cette occasion, il réinterprète la nymphe en protectrice de la Riviera, dans un cadre convivial. Entretien avec un artiste de street art qui jongle entre la Renaissance, la modernité et surtout, la générosité.
Comment est née chez vous, cette envie de mélanger le passé et le présent dans l’art urbain ?
« J’ai eu une révélation après un accident qui aurait pu être mortel, un accident de graffiti, en peignant un train à la gare de Nice Ville. Je me suis électrocuté en tapant dans les caténaires électriques. Cela m’a valu plusieurs mois de convalescence et des traumatismes psychologiques, que j’ai réussi à surpasser depuis. Mais c’est pendant cette période de convalescence que je me suis retourné vers l’art classique et que je me suis formé à sa réalisation, en étant alité et en faisant au crayon gris des œuvres d’arts classiques. Dès que j’ai pu remarcher, je voulais me battre contre le traumatisme, donc reprendre une bombe aérosol, repartir dans la rue. Mais j’ai voulu changer de sujet et justement, peindre les œuvres que j’avais appris à reproduire pendant cette période. C’est à partir de 2020 que je me suis mis à réaliser ces œuvres dans la rue, puis j’ai voulu, au fur et à mesure, étoffer mes connaissances. Étoffer mes œuvres aussi, par rapport au lieu où elles se trouvaient. Et donc aller faire des recherches plus creusées sur les mythes et œuvres d’art que je peux faire renaître dans notre société. Et c’est ce qui amène au style que j’ai aujourd’hui.
Et pourquoi ce street art au départ ?
Le street art s’est imposé de manière naturelle, parce que j’aimais l’espace public, être au contact des autres. À l’adolescence on chercher beaucoup la reconnaissance et la visibilité et à ce moment-là, c’était un moyen pour moi de peindre à la barbe et au nez de tout le monde et de démontrer que j’existais. C’était un vrai moyen pour moi d’être au contact des autres.
Tout au long de votre parcours, quels ont été les artistes qui vous ont le plus inspiré ?
Si je ne cite pas les artistes de la Renaissance, je serai vraiment un voleur (rires). Je dirai Léonard de Vinci, Michel-Ange, Caravage, sans le moindre doute possible. Puis ensuite, plus localement, parce que la culture azuréenne est très riche, je pense à Matisse, Fernand Léger, Cocteau, Bernar Venet, Ben Vautier. Tous ces artistes m’ont inspiré.
Vous présentez une œuvre cette semaine à Shopping Promenade, inspirée du mythe de Galatée. Pourquoi ce choix, cette représentation ?
J’ai recherché plusieurs influences différentes et quand je suis tombé sur ce mythe, je me disais qu’avec le mur, sur fond bleu azur, il y avait cette idée de faire rentrer la mer au milieu du centre commercial, pour rafraîchir l’espace, le vivifier. Je trouve que le mythe de cette nymphe illustre la gestion de la passion instantanée. Une passion instantanée que l’on peut avoir dans une boutique en ayant un coup de cœur, que l’on peut avoir en voyant une œuvre d’art, que l’on peut avoir en croisant une jolie jeune fille ou un joli jeune homme. C’est ce moment puissant, cet instant, qui nous saisit. Cela faisait sens d’aller exploiter cette sensation.
Comment s’établit ce processus de réflexion dans votre esprit ?
Je réfléchis en entonnoir. Je pars toujours de très loin. Je me demande où je vais réaliser cette œuvre, ce que je peux lui faire dire, c’est quoi la sensation dans le lieu, sur place. Qu’est-ce que je ressens et qu’est-ce que j’ai envie de transmettre ? C’est comme ça que je me suis dit que quand même, la sensation de l’instantané et du coup de cœur c’est très fort dans un centre commercial. J’ai pensé à Galatée, j’ai fait des recherches pour voir si son histoire collait à ce que j’imaginais. Puis une fois toute cela fait, je passe à la phase graphique où je vais aller construire l’œuvre.
En parlant de construction d’œuvre, combien de temps vous allez mettre pour une telle œuvre ?
Une grosse semaine je dirais, tout compris. Il y a deux jours d’ateliers, de maquettes, puis les quatre jours sur place.
Et pourquoi avoir choisi ce centre commercial pour la deuxième fois ?
J’ai un attachement particulier avec ce centre, et cette idée qu’il soit en train de renaître, cela rejoint mon concept artistique de renaissance. Il y a cette transition entre un centre commercial qui tendait à vouloir aller chercher de l’élitisme, à quelque chose de plus convivial. C’est aussi quelque chose auquel je m’identifie, cela correspond à l’humanisme que je prône dans mes œuvres. La localité, c’est quelque chose qui m’a plu aussi. On reste en bord de mer, sur les rives de la Méditerranée, qui a subi cette influence gréco-romaine, donc cela faisait sens.
C’est important aussi pour vous de rester connecté à vos origines en exposant à Nice et ses alentours ?
C’est un vrai plaisir pour moi oui. Je m’y plais, je ne perdrais jamais ces racines. Il y a d’autres lieux qui m’apportent d’autres sensations mais être chez moi, c’est aussi cet attachement sentimental avec lequel j’ai grandi et toute l’éducation artistique j’ai pu recevoir ici.
Si vous deviez décrire cette œuvre représentant le mythe de Galatée, en un seul mot ?
Je pense que je dirais vibrante, surprenante. L’un des deux.
Et vous ?
C’est toujours super compliqué comme question (rires). Disons Généreux !
Avez-vous déjà d’autres œuvres de prévues dans les prochains mois ?
Il y a beaucoup d’actualité sur cette deuxième partie de l’année. Je vais installer ma première sculpture monumentale aux alentours de Paris pour une très grosse fondation, très réputée, mais je ne peux pas en dire plus parce qu’on est encore en production. Ensuite, j’ai une grosse exposition à Fontainebleau en septembre. En novembre, j’ai une exposition majeure à Paris aussi. Et en décembre, je reviendrai à Nice pour faire une exposition proche de mes collectionneurs habitués et pour lancer ce moment des fêtes.
Pour terminer, y a-t-il une galerie, une ville dans le monde, où vous aimeriez exposer votre travail ?
Je vais vous donner un lieu impossible, comme ça, cela nourrira le rêve. Un lieu comme la Basilique Saint-Pierre à Rome, ce serait l’un des plus beaux objectifs de vie, même si cela n’arrivera jamais. Je lance une perche, si jamais le Vatican me lit. »