Le maire de Nice, Christian Estrosi, est intervenu en personne pour demander le départ d’un navire de croisière transportant plus de 3 000 passagers, en infraction selon lui avec la nouvelle réglementation locale. Mais la tentative s’est heurtée à un refus de l’équipage et a provoqué une vive réaction de l’Union Maritime des Alpes-Maritimes.
Ce jeudi 3 juillet, le navire Voyager of the Seas de la compagnie Royal Caribbean International a jeté l’ancre dans la rade de Villefranche-sur-Mer. Ce paquebot transporte 3 100 passagers. Or, depuis le 1er juillet, un arrêté métropolitain limite l’accès à ce port aux navires accueillant moins de 2 500 passagers. Le maire de Nice, Christian Estrosi, également président de la Métropole Nice-Côte d’Azur, s’est donc rendu sur place pour faire respecter cette mesure.
Informé de la situation dans la matinée, l’élu a embarqué à bord d’un bateau de la police du port de Nice. Il souhaitait remettre une lettre au capitaine du Voyager of the Seas, lui rappelant la nouvelle réglementation. Mais ce dernier a refusé de le laisser monter à bord. Le maire a alors directement interpellé les membres de l’équipage en anglais, devant les caméras. « Vous n’êtes pas autorisés à être ici. Vous serez lourdement condamnés pour ça. Vous n’êtes personne », peut-on l’entendre dire dans une vidéo diffusée par France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Malgré cette intervention musclée, le navire n’a pas quitté la rade. Le maire a décidé de fermer les accès à la gare maritime et a annoncé son intention de déposer plainte pour non-respect des décisions de la Métropole. Il indique également avoir alerté le ministre de la Transition écologique et le préfet maritime. Mais cette action ne fait pas l’unanimité.
L’UM06 fustige une action jugée illégale et dangereuse
Dans un communiqué publié dans la foulée, l’Union Maritime des Alpes-Maritimes (UM06) condamne fermement l’intervention du maire. Selon l’organisation, l’escale du navire avait bien été validée par les autorités compétentes, dont la Métropole elle-même, avant l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure.
Le navire aurait donc accosté en toute légalité. L’UM06 dénonce « une infraction au cadre réglementaire maritime » et estime que la tentative d’embarquement du maire a mis en danger « la sécurité des passagers, de l’équipage ainsi que la bonne exécution des opérations portuaires. »
L’Union ajoute que cette intervention médiatique nuit aux efforts de coopération entre les collectivités et les acteurs du secteur maritime. Elle rappelle aussi que la filière croisière s’est engagée dans une démarche de réduction de son impact environnemental.
Face à cette situation, chacun campe sur ses positions. D’un côté, le maire invoque la lutte contre la pollution et le surtourisme. De l’autre, les représentants du secteur maritime rappellent l’importance du droit maritime et de la concertation. La justice ou les services de l’État devront désormais clarifier les responsabilités.