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5 mai 2024

Thomas ou le football passionnément anti-star

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jpg_Thomas_Klemm_3.jpgIl est calme, pensif, pondéré. Il a le discours qui fleure bon les analyses d’après match des professionnels. Il ne s’emporte pas. Son ton est apaisant. Thomas n’est pas un jeune de vingt ans comme les autres. Côté pile : il est étudiant en DUT technique de commercialisation. Côté face : il voue une passion pure pour le ballon rond. « Mon modèle c’est Lilian Thuram ». A une époque où les apprentis footballeurs ont pour idole Cristiano Ronaldo avec son talent évidemment, mais aussi son extravagance sur et en dehors des terrains, la préférence de Thomas caractérise son caractère. Il persiste : « Au niveau azuréen, mon modèle c’est Olivier Echouafni. Il est intelligent, toujours bien placé, sans geste inutile. »

Trop de violences. Pas forcément physiques aussi mentales. L’enjeu tuant le jeu. « Je n’avais plus de plaisir. Il y avait trop d’insultes ». A 18 ans, Thomas arrête le football. Il n’a plus l’envie d’enfiler shorts et chaussettes. Il a envie d’entraîner et d’éduquer aussi. Les dirigeants du Gazélec de Nice, son club de toujours, comprennent. Il lui confie les benjamins du club âgés entre 10 et 12 ans. Thomas fait ses gammes et essaie d’inculquer ses valeurs : amusement et respect. Et dans tous les domaines du foot. « Les arbitres se trompent de temps en temps. Ce n’est pas facile d’arbitrer. Ça va vite même chez les jeunes. C’est comme ça… » Sur le bord du terrain, il ne dit rien. Thomas se consacre à encourager ses joueurs et à les repositionner. « Je les calme aussi face aux provocations ou à ce qu’ils peuvent considérer comme des injustices. Je leur dis : la meilleure réponse c’est de gagner. » Le pire? « J’ai déjà entendu des entraîneurs demander à leurs jeunes joueurs de casser des jambes ». Que faire? Rien. « On peut juste mettre une réserve à la fin de match qui est envoyée à la fédération ».

Thomas voit le comportement des jeunes. Il est calqué sur les reportages à la télé. Ils s’habillent et se coiffent comme leur modèle : Cristiano Ronaldo, le joueur vedette de Manchester United. « J’ai un discours anti star. Je leur dis de ne pas faire comme à la télé. Ils imitent leurs idoles. Pour les bonnes et mauvaises choses. A l’entraînement, ils essaient de reproduire les gestes qu’ils ont vus. En match, ils font souvent le geste de trop. On voit déjà à cet âge des joueurs qui simulent des fautes. » Son remède? Il leur parle d’autres équipes, celles sans vedettes ou des joueurs essentiels dans des formations de stars. A Barcelone, Manchester United, il réplique par Lille OSC, OGC Nice, AS Nancy Lorraine. A Messi, Drogba, Ronaldo, il répond Didier Deschamps, Olivier Echouafni, Jérémy Toulalan. A Mourinho, il riposte par Laurent Blanc ou Frédéric Antonetti. Il aimerait discuter quelques minutes avec eux, leur demander quelques conseils tactiques et de gestion humaine. Thomas les prend comme exemple. Il passera ses diplômes d’entraîneur. Il espère suivre la voie de l’entraîneur corse de l’OGC Nice : joueur amateur devenu entraîneur professionnel. Ils sont rares : Alain Perrin, Reynald Denoueix, Guy Roux…

Thomas est un jeune entraîneur ordinaire comme il en existe des centaines dans le département. Ceux qui ont arrêté la pratique pour se consacrer exclusivement au coaching ne sont pas légion. Ceux avec un discours simple, anti vedette, respectueux des règles et de l’humain sont encore moins nombreux. Il suffit d’aller sur les terrains les week-ends pour s’en rendre compte.

En pleine période des transferts, à quelques jours de l’Euro 2008 mettant en avant les icônes du ballon rond, Nice Premium avait envie de vous montrer un autre football, celui de simples passionnés amoureux de ce sport qui consiste à faire évoluer onze joueurs ensemble où l’un n’est rien sans l’autre et non pas dix anonymes ayant pour mission d’en faire briller un seul. Les médias focalisent les individualités. Les reportages oublient tout le travail en amont effectué par des « anti stars », moins spectaculaire mais indispensable. Thomas, mais aussi Olivier Echouafni, Jérémy Toulalan, Yohan Cabaye, Benjamin Gavanon… sont des exemples à suivre et à mettre en avant pour que la nouvelle génération ne devienne pas une génération d’individualiste.

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