
Nathan Mesiano, jeune homme de 19 ans, devenu handicapé à la suite d’un accident se prépare à relever un défi hors du commun : participer à la Mini Transat 2027 avant de traverser l’Atlantique en solitaire.
C’est l’histoire d’un jeune navigateur azuréen qui prépare une traversée de l’Atlantique en solitaire. Nathan Mesiano va s’attaquer à un défi rare. À 19 ans, ce jeune navigateur azuréen veut prendre le départ de la Mini Transat 2027. Une traversée de l’Atlantique en solitaire, sans assistance. Ce projet est devenu pour lui une trajectoire de vie. Il s’inscrit aussi dans un geste de reconstruction après un accident qui a bouleversé son adolescence. Aujourd’hui, il avance avec une conviction forte et un soutien croissant de la part de nombreux partenaires dont le groupe Century 21 Lafage et de nombreux sportifs et artistes. Une vente aux enchères caritative aura lieu le 9 décembre au Casino de Beaulieu-sur-Mer pour financer son bateau.
Un projet né d’un rêve ancien et d’une volonté intacte
Nathan Mesiano a découvert la voile jeune. Son premier déclic arrive en 2012. « J’ai découvert la voile en regardant le Vendée Globe en 2012, et j’ai dit c’est ça que je veux faire. Je me suis inscrit dans un club de voile, la volée sur mer, et j’ai commencé la voile. D’abord forcément, pas de compétition, juste du loisir. Puis ensuite, moi je suis très compétiteur de base, donc je suis très rapidement venu à la compétition, et depuis ça ne m’a jamais lâché. »
Depuis, il navigue dès qu’il le peut. Il a aussi appris à évoluer avec les valides, sans mettre en avant son handicap. « Je navigue avec les valides, puis là peut-être que sur la course je serai avec d’autres handicapés, mais pour l’instant je n’en connais pas, je serai sûrement le seul handicapé au départ, et peut-être même le plus jeune. C’est aussi le but de la course, de briser un peu les barrières, que plus de personnes handicapées osent se lancer là-dedans aussi. Et même pas forcément handicapées, que plus de personnes tout court osent se lancer dans le rêve. »
Pour 2027, son objectif est clair : se qualifier, s’équiper et prendre le départ de la Mini Transat. Le bateau qu’il prépare porte un nom déjà chargé d’histoire. Son nom : Satanas ! Une identité que le jeune marin amputé d’une partie de son bras droit souhaite conserver comme un emblème.

Les deux années qui arrivent seront consacrées à la préparation pour ce passionné à la soif d’apprendre. « Au niveau des modifications, je vais naviguer d’abord pour voir ce dont j’ai besoin. Je ne sais pas du tout si je vais avoir avoir besoin d’autres modifications, si il faut je vais en faire puis en enlever. On verra à force de naviguer, et c’est pour ça qu’on a deux ans de préparation. »
La Mini Transat est un passage clé pour les navigateurs qui rêvent de course au large. Nathan Mesiano en parle avec précision. « C’est un passage obligé dans le sens où aujourd’hui c’est la course qui coûte le moins cher, à faire au large. Forcément le financement compte énormément dans la voile. On navigue à l’ancienne, on apprend beaucoup de cette course. C’est sur des tout petits bateaux, on est beaucoup secoués, on ne dort pas beaucoup, et en fait c’est un peu la porte d’entrée […] une course aussi mythique. »
La première étape de sa qualification aura lieu en 2026 sur un parcours de 8 000 nautiques entre un départ dans le département des Alpes-Maritimes, puis un passage par Barcelone avant de revenir par l’Italie. En sommes, les jeunes skippeurs auront à réaliser une grande boucle sur la Méditerranée.
Une reconstruction, un message d’espoir et un soutien croissant
L’histoire de Nathan est aussi celle d’une reconstruction. À 15 ans, il fait une tentative de suicide et est percuté par un train en gare de Nice. La voile devient un repère. « Honnêtement, sans la voile, je n’en serais pas là aujourd’hui. C’est-à-dire que moi, ma première phrase en me réveillant, c’était à ma maman. Je lui ai dit, maman, la voile, c’est fini. Elle m’a dit, non, ça ne sera jamais fini. »
Sa réadaptation physique a été fulgurante. « J’ai repris au bout de trois mois la voile. Cinq mois après l’accident, j’ai participé au championnat de France. Il porte aujourd’hui un message large, « adressé à tous finalement, à tous ceux qui doutent, à tous ceux qui ont l’impression d’être dans des cases […] En fait, juste lancez-vous. La vie finalement, elle est courte, elle est belle. […] Quand on veut faire quelque chose, on peut le faire. Tout est possible. »
Sa détermination a touché Benjamin Mondou, président du groupe Century 21 Lafage, qui organise la vente aux enchères caritative. Leur rencontre a été décisive. « Nathan, je le découvre sur les réseaux sociaux, sur Instagram, un matin très tôt […] Nathan a tout juste 18 ans, ça pourrait être mon fils. Il est solaire, il est touchant. Son histoire est incroyable. Ce qui me touche le plus, ce sont ses valeurs. Il est déterminé, il a un engagement, il y croit. » Face à ce récit, il a décidé de réunir un réseau pour aider au financement de ce projet. « J’ai passé quelques coups de fil. Quinze jours après […] ils m’ont dit “Benjamin, tu veux quoi ? Quand ? Comment ?” Et bien voilà, c’est fait. »
La vente aux enchères du 9 décembre permettra de financer l’achat du bateau, réservé grâce à une première mobilisation. Des artistes et plusieurs sportifs y participent. Certaines pièces sont rares. Le maillot grimpeur de Tadej Pogacar ou celui du capitaine de l’OGC Nice Dante figurent parmi les lots. L’enjeu est clair. « Il va falloir au moins récolter 35 000 euros, c’est ce qu’il nous faut. On espère dépasser ce montant […] Ils ont tous joué le jeu. »
La vente sera accessible sur place et par téléphone. Une cagnotte en ligne (consultable via ce lien) a déjà été mise en place et restera active pour poursuivre le financement.
Benjamin Mondou veut mobiliser d’autres partenaires. « Mon rôle, ça va être d’aller taper à toutes les portes, la région, le département […] et puis de faire connaître Nathan au niveau national. »
Il observe dans cette histoire plus qu’un parcours sportif. « Ce qu’il dégage, son énergie, sa façon de vivre avec son handicap […] C’est un vrai beau message. »
Nathan trace sa route. Avec prudence, méthode et une motivation profonde. Il avance vers son rêve, un océan à la fois.

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