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18 mai 2024

Le Torball à Nice, un sport à voir

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jpg_DSC_0019_petite1.jpg « Après ma perte de vue, je voulais retrouver un sport avec un ballon et j’ai découvert le Torball », Sébastien, ex footballeur. Il est le capitaine de l’équipe de Torball de Nice et force le respect. Une histoire à prendre en exemple : ancien champion de France handisport d’escrime, fidèle supporter de l’OGC Nice, président d’association, et une vie comblée par un amour rencontré sur un terrain de Torball. De tout cela, il parle peu. Ce sont les autres qui racontent. Lui, sur le terrain de 16 m de long et 7 de large, il se démène, conseille. Dans le noir complet, il parvient pourtant à savoir, à quelques centimètres près, où est passé exactement le ballon. Etonnant. Ses coéquipiers l’écoutent. Il y a Fabrice, Pascal, Philippe, Paul, Mickaël, Yann et Karolina l’entraîneuse. Elle coordonne cette joyeuse équipe qui a réussi un parfait amalgame entre sérieux et plaisir du jeu. Le Torball est une discipline où tout le monde défend et tout le monde attaque. C’est un sport où l’on est rien sans l’autre. Les gestes doivent être coordonnés entre les trois défenseurs pour faire barrage au ballon avec le corps. Sébastien insiste sur l’aspect physique : « Le torball se joue en deux fois cinq minutes. Ça peut faire rire. Mais quand on est dans le jeu, avec la concentration, la recherche des repères, si on fait ce qu’il faut, on est cuit au bout de 10 minutes. » En compétition officielle, les joueurs enchaînent quatre matches…

C’est aussi un sport qui a la particularité d’être ouvert à ceux qui ne souffrent d’aucun handicap visuel. Il suffit de chausser, comme ses partenaires, des lunettes opaques. Yann, voyant, témoigne : « Fabrice n’arrêtait pas de parler du Torball. Il m’expliquait les règles. J’écoutais. Il insistait. Je ne comprenais rien. Alors j’ai décidé d’essayer. » Et il a adhéré.

jpg_DSC_0023-petitess.jpg Depuis, il ne loupe aucun entraînement. Il s’exerce, essaie d’être au niveau. Le lancer est performant. La défense est encore largement perfectible. Il se justifie : « c’est très dur de rester concentrer. On ne voit rien. On ne s’oriente qu’avec le son et au bout d’un certain temps on perd nos repères. » Yann hésite encore à pratiquer le Torball en compétition : «Pour l’instant, je prends plaisir à l’entraînement et c’est l’essentiel. Si j’apportais un réel plus à l’équipe, pourquoi pas passer à la compétition… » A voir.
L’équipe de Nice est à deux points d’accéder à la deuxième division. La fin de saison approche. Les joueurs sont hyper motivés pour ce challenge.

Témoignages :

Vincent Trinquat : « Stéphanie Coiffier, chargée de communication de l’association ANICES, m’avait expliqué longuement en quoi consistait le Torball, documents à l’appui. Subtilement, elle me racontait que des collégiens avaient essayé et s’étaient étonné de ce sport. A la fin de la discussion, elle m’invitait à relever ce challenge. Rien ne fait peur à Nice-Premium. J’ai accepté.
Mardi soir, je m’assois au bord du terrain et j’observe. Je vois Sébastien, Pascal, Fabrice, Yann et Philippe enchaînaient les lancers et les plongeons. Durant une heure, 10, 20… 100 plongeons. Je me rends compte subitement que le Torball est très loin d’être une partie de belote! Je me rassure avec les lancers qui ne me semblent pas être très différents des jets de boules de bowling.
Mon tour vient. Je mets les lunettes. Difficilement, je rejoins le tapis. Encore plus difficile de plonger! Ça mange bien un journaliste… Il faut une éternité pour passer de la position « accroupie » à « allongée ». On entend le ballon partir. On se positionne sur le tapis tout en se concentrant pour savoir si notre corps occupe bien l’espace. On attend alors que le ballon nous percute. On se pose 10 000 questions : « où? Avec quelle force? Suis je bien placé? Est-ce que mon visage est bien protégé? » Le ballon nous touche. On est sauvé! Notre corps a bien accompli son rôle de rempart. Les fameuses 10 000 questions permettent d’oublier que l’on ne voit pas. La concentration devient une parade à la déficience visuelle.
Le lancer que je supposais simple est en fait très compliqué. Se lever, avancer sur le terrain et les repères disparaissent… Quand le ballon part des mains, il parvient très rarement à destination. Sauf pour les joueurs avertis très loin de mon niveau! »

Célie Gourdon : « Ils n’y voient rien, alors pourquoi portent-ils un masque ? Parce que le jeu est ouvert aux non-voyants, aux mal-voyants et aux voyants. Parce que derrière le masque c’est le noir complet pour tout le monde. Les joueurs me tendent un masque comme une invitation. Ils m’ouvrent les portes de la nuit comme on ouvre la porte de chez soi. Avec chaleur.
Le monde est plus grand. Noir, mais plus étendu. J’ai l’impression que les bruits viennent de plus loin, que le terrain est plus long. Ceux dont il faut parfois guider les pas, me guide du bruit de leurs voix. C’est moi qui suis perdue. « Est-ce que tu m’entends ? Tu es prête ? Attention, je te lance le ballon. Il faut que tu me le renvois, doucement, plus à droite. »
Je suis concentrée sur le moindre bruit, ces sons de la vie qu’il me faut chercher, attendre, entendre comme je ne les ai jamais entendus. Et très vite l’esprit cherche d’autres repères. Des repères, vite, dans ce monde où je ne sais plus rien. Et quand le masque glisse des yeux, à nouveau, on est surpris. Surpris de voir où l’on est, ce qu’on a fait. La perception d’un même lieu change du tout au tout, avec ou sans lumière. »

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