

C’est aussi un sport qui a la particularité d’être ouvert à ceux qui ne souffrent d’aucun handicap visuel. Il suffit de chausser, comme ses partenaires, des lunettes opaques. Yann, voyant, témoigne : « Fabrice n’arrêtait pas de parler du Torball. Il m’expliquait les règles. J’écoutais. Il insistait. Je ne comprenais rien. Alors j’ai décidé d’essayer. » Et il a adhéré.

L’équipe de Nice est à deux points d’accéder à la deuxième division. La fin de saison approche. Les joueurs sont hyper motivés pour ce challenge.
Témoignages :
Vincent Trinquat : « Stéphanie Coiffier, chargée de communication de l’association ANICES, m’avait expliqué longuement en quoi consistait le Torball, documents à l’appui. Subtilement, elle me racontait que des collégiens avaient essayé et s’étaient étonné de ce sport. A la fin de la discussion, elle m’invitait à relever ce challenge. Rien ne fait peur à Nice-Premium. J’ai accepté.
Mardi soir, je m’assois au bord du terrain et j’observe. Je vois Sébastien, Pascal, Fabrice, Yann et Philippe enchaînaient les lancers et les plongeons. Durant une heure, 10, 20… 100 plongeons. Je me rends compte subitement que le Torball est très loin d’être une partie de belote! Je me rassure avec les lancers qui ne me semblent pas être très différents des jets de boules de bowling.
Mon tour vient. Je mets les lunettes. Difficilement, je rejoins le tapis. Encore plus difficile de plonger! Ça mange bien un journaliste… Il faut une éternité pour passer de la position « accroupie » à « allongée ». On entend le ballon partir. On se positionne sur le tapis tout en se concentrant pour savoir si notre corps occupe bien l’espace. On attend alors que le ballon nous percute. On se pose 10 000 questions : « où? Avec quelle force? Suis je bien placé? Est-ce que mon visage est bien protégé? » Le ballon nous touche. On est sauvé! Notre corps a bien accompli son rôle de rempart. Les fameuses 10 000 questions permettent d’oublier que l’on ne voit pas. La concentration devient une parade à la déficience visuelle.
Le lancer que je supposais simple est en fait très compliqué. Se lever, avancer sur le terrain et les repères disparaissent… Quand le ballon part des mains, il parvient très rarement à destination. Sauf pour les joueurs avertis très loin de mon niveau! »
Célie Gourdon : « Ils n’y voient rien, alors pourquoi portent-ils un masque ? Parce que le jeu est ouvert aux non-voyants, aux mal-voyants et aux voyants. Parce que derrière le masque c’est le noir complet pour tout le monde. Les joueurs me tendent un masque comme une invitation. Ils m’ouvrent les portes de la nuit comme on ouvre la porte de chez soi. Avec chaleur.
Le monde est plus grand. Noir, mais plus étendu. J’ai l’impression que les bruits viennent de plus loin, que le terrain est plus long. Ceux dont il faut parfois guider les pas, me guide du bruit de leurs voix. C’est moi qui suis perdue. « Est-ce que tu m’entends ? Tu es prête ? Attention, je te lance le ballon. Il faut que tu me le renvois, doucement, plus à droite. »
Je suis concentrée sur le moindre bruit, ces sons de la vie qu’il me faut chercher, attendre, entendre comme je ne les ai jamais entendus. Et très vite l’esprit cherche d’autres repères. Des repères, vite, dans ce monde où je ne sais plus rien. Et quand le masque glisse des yeux, à nouveau, on est surpris. Surpris de voir où l’on est, ce qu’on a fait. La perception d’un même lieu change du tout au tout, avec ou sans lumière. »
Cette vidéo est issue du site Web TV Nice


