Jules Marchaland est devenu, cet été, le deuxième grimpeur du monde à flasher un bloc côté 8C. Une performance exceptionnelle. Le natif de Saint-Jeannet parle de sa discipline, les salles d’escalade niçoises et ses projets.
Il a signé une performance historique cet été en Suisse ! Jules Marchaland est devenu le deuxième grimpeur à flasher un bloc côté 8C, l’une des difficultés les plus dures. Dans cet entretien, le Niçois parle de sa discipline, de l’évolution de l’escalade au cours des dernières années et de ses projets en tant que professionnel.
Pouvez-vous expliquer votre parcours d’escalade jusqu’à présent ?
« J’ai fait de la voie à peu près toute ma vie, que ce soit en falaise ou en compétition, à présent j’ai décidé de me tourner un petit peu plus vers le bloc. Avant, je ne faisais pas de bloc parce que je voulais rester dans ma filière qui s’orientait vers la compétition. Ce sont deux filières différentes qui demandent un entrainement spécifique.
Ce ne sont pas du tout les mêmes types d’efforts ?
Exactement ! Le bloc c’est assez court avec un effort très intense. En moyenne, ça dure entre 15 et 90 secondes. La voie, à titre de comparaison, c’est entre quatre et dix minutes. En compétition, on a un temps de six minutes à respecter.
Il y a quelques semaines, vous avez réussi à flasher un bloc côté 8C, est-ce que vous pouvez expliquer ce qu’est un “flash” ?
C’est une épreuve sur un bloc, la seule consigne pour qu’un flash soit validé c’est de le faire du premier coup. Tu peux regarder des gens faire le bloc, en parler avec les autres ou regarder des vidéos. Pour réussir ton flash, il faut une prise de risque quasi obligatoire.
Cela rend l’épreuve encore plus compliquée ?
Ça dépend, parfois tu fais des flashs qui ne sont pas à ton niveau maximum, et c’est chouette parce que tu l’as réussi du premier coup. Quand c’est un bloc proche de ton niveau maximum, la moindre petite hésitation te rajoute la petite fatigue en trop qui te fait perdre de l’énergie pour pouvoir le terminer. C’est beaucoup d’analyse, d’anticipation par rapport à ses caractéristiques personnelles.
Dans une récente interview, vous avez annoncé avoir quitté Nice pour rejoindre Grenoble, il y a un an. Vous avez décrié les infrastructures, qui n’étaient pas assez bien, pour le haut niveau, à Nice. Est-ce que vous pouvez détailler sur ce choix et ces propos ?
Je suis parti à Grenoble surtout pour m’entraîner pour la compétition à la base. C’est très important d’avoir une variété de structures pour travailler tous les styles. Tu es apte à connaître beaucoup plus de mouvements si tu as plein de salles et de voix différentes. Mon but est d’être grimpeur professionnel pour pouvoir vivre de ma passion. Malheureusement, à Nice et dans la région, c’est compliqué, mais je ne critique pas, c’est un simple constat. À Grenoble, il y a toute l’équipe de France avec un pôle France. Les structures sont incroyables, avec les meilleures ouvertures de France. Encore une fois, je ne critique pas les salles à Nice, pour lesquelles j’ai une énorme affection.
Vous êtes actuellement en Norvège pour faire de l’escalade. Pourquoi ce choix ?
Je suis dans le nord-ouest du pays. Ici, il y a une grotte mythique de l’escalade, à Flatinguer. La particularité c’est que Adam Ondra, qui est considéré comme le meilleur grimpeur de tous les temps, a développé l’escalade ici, dans une énorme grotte en granit. C’est un type de roche qui est excellent pour l’escalade, parce qu’elle est hyper compacte, et a une texture qui est bien meilleure que le calcaire. Habituellement, le granite c’est uniquement en montagne. Ici on est au bord de la mer, c’est assez fou en tant que grimpeur d’être là.
Quel regard portez-vous sur le développement de l’escalade en France ? Est-il plus simple de devenir athlète professionnel ?
Ça se développe bien, il y a beaucoup plus de salles en France, un peu moins à Nice, mais il y en a plus qu’avant. Dans certaines villes, l’évolution est folle. Les gens, après le bureau, ils vont pratiquer l’escalade, car une séance, ça va vite. Le sport est vraiment en train de grandir. Les Jeux olympiques ont permis cette évolution. J’ai l’impression que, grâce à cette évolution-là, pour nous en tant qu’athlètes, c’est quand même beaucoup plus simple d’en vivre qu’avant.
Quels sont vos projets à l’avenir ?
En novembre, je pars deux mois et demi aux États-Unis pour faire du bloc avec Simon Lorenzi, un copain belge, et Mejdi Schalck, un autre ami. Ça va être un voyage génial et j’ai hâte. Ensuite j’ai d’autres projets en Europe. J’ai vraiment envie de retourner grimper dans le Tessin, c’est une région en Suisse, car là-bas, il y a du très beau granite. J’ai un projet qui me tient vraiment à cœur, c’est la falaise de Céüse, dans les Hautes Alpes, qui s’appelle Ratstaman Vibrations. C’est ma voie de rêve, au sein de ma falaise préférée. »