Dans un entretien, le président de l’Upsadi, Didier Daoulas, se livre sur les prestations de santé à domicile. Il évoque les enjeux, le rôle de ce syndicat et les enjeux de demain.
Durant cette fin de mois, du 24 au 26 septembre, avait lieu, dans les locaux de SOS Oxygène, un séminaire national organisé par l’Upsadi (Union des Prestataires de Santé à Domicile Indépendants). Dans cet entretien, le président du syndicat, Didier Daoulas, a évoqué les différents enjeux à l’avenir.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est la prestation de santé à domicile ?
« Sur la base d’une prescription médicale qui est fournie par un médecin libéral ou hospitalier, nous allons au domicile, équiper le patient avec le matériel nécessaire pour la continuité de son traînement au domicile. C’est une profession qui est assez récente, à peu près une trentaine d’années. Cela a démarré par des associations, c’est-à-dire que les patients sortaient de l’hôpital et étaient pris en charge par des associations au domicile. C’est une activité qui aujourd’hui représente en France à peu près 35 000 personnes, 2 500 entreprises et quatre millions de patients pris en charge au domicile.
Ces dernières années, les hôpitaux sont surchargés. Ce service permet-il de les soulager ?
Effectivement, ça désengorge les hôpitaux, c’est important. Puis c’est, avant tout, plus agréable pour le patient d’être pris en charge à domicile, quand le traîtement le permet. Enfin, cela diminue considérablement le coût pour la collectivité. Une prise en charge au domicile est, en moyenne, dix fois moins chère qu’une prise en charge à l’hôpital.
Que représente l’Upsadi pour cette profession ?
L’Upsadi, c’est un syndicat qui a été créé il y a douze ans, à partir de Nice. Je dis cela parce qu’à l’époque, avec Armand Pastorel, le président de SOS Oxygène, nous avons travaillé en collaboration. Il existait plusieurs syndicats, mais tous les petits et moyens prestataires indépendants ne se sentaient pas représentés dans ce cadre-là. Donc nous, on s’est dit, on va essayer de créer un syndicat pour répondre aux besoins et aux attentes des petits adhérents qui existent partout en France. Et donc, avec Armand Pastorel, sur l’année 2013, nous avons créé ce syndicat sur Nice, au départ.
Quel bilan faites-vous douze ans plus tard ?
Aujourd’hui, le syndicat représente environ 470 adhérents. Ce qui est quand même une belle progression en 12 ans. C’est un combat permanent pour essayer de défendre nos métiers. Malheureusement, aujourd’hui, on s’aperçoit que le prestataire de santé à domicile, bien qu’étant un maillon essentiel dans la chaîne de soins, n’est pas reconnu. Donc, on n’a pas réellement de statut. Pourtant, nous prenons en charge quatre millions de patients.
Quelles sont les conséquences de cette non-reconnaissance ?
On n’a pas de reconnaissance des pouvoirs publics. Quand il y a des manifestations ou des travaux qui sont effectués, par exemple par l’ARS, souvent nous ne sommes pas conviés, parce qu’on ne rentre pas dans les cases. C’est vraiment notre combat et on se bat réellement là-dessus.
Quel est le but de ce séminaire de 48 heures à Nice ?
L’objectif c’est d’essayer de trouver comment on peut modifier notre façon de travailler, sur la vision de notre métier sur trois à cinq ans. Notre rôle aussi, c’est d’essayer d’apporter des idées. On n’est pas simplement des acteurs. Puis continuer à se battre pour cette reconnaissance auprès des hautes instances.
Pour obtenir cette reconnaissance, ne faut-il pas, premièrement, obtenir celle des citoyens ? Leur connaissance sur votre activité reste floue, non ?
Vous avez raison ! Nous avons fait des petits flashs, qui ont été diffusés sur différents médias, pour montrer ce qu’est un prestataire de santé. Cela n’a pas été suffisant. Demain, vous prenez dix Français dans la rue, en leur demandant ce qu’est un prestataire de santé. Ils vont vous répondre un infirmier ou un pharmacien. Ça, c’est aussi un gros problème et c’est ce qui nous freine. Lorsque les citoyens auront compris notre rôle, ils élèveront surement la voix auprès des élus locaux. En espérant, cette fois-ci, que le sujet soit sérieusement étudié, car aujourd’hui, comme nous n’avons pas de professionnels de santé, nous sommes exclus. »