

Après avoir décrit la « situation incompréhensible » qui prévalait au début de son mandat, l’avocate Martine Ouaknine s’est félicité, dans son intervention de bienvenue, des effets positifs de la mobilisation des différents acteurs nationaux, au point aujourd’hui de pouvoir gratifier « la France de modèle dans la lutte contre l’antisémitisme », avec une « diminution notable des actes » et des violences à l’encontre des Juifs. Devant un impressionnant parterre d’élus locaux, de représentants de la justice et des cultes, la Présidente du CRIF Sud-Est n’a pourtant pas fait preuve d’un optimisme démesuré. « En aucun cas », a-t-elle expliqué, « nous ne devons et ne pouvons relâcher nos efforts car un seul acte antisémite » demeure « moralement inacceptable » et le « symptôme d’une crise démocratique ». Il convient donc de « consolider le tissus national » et d’« éviter que la crise du Proche Orient ne devienne un alibi pour des jeunes issus de l’immigration », trop souvent enclins à rechercher des causes identitaires à l’extérieur. Grande réussite, il est vrai, de Martine Ouaknine, à laquelle elle a clairement associé Christian Estrosi, Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes et désormais candidat déclaré à la Mairie de Nice: l’organisation de visites pour des centaines de collégiens niçois des camps d’extermination d’Auschwitz. Travail de mémoire partagé qui devrait se prolonger par la participation prochaine de jeunes Juifs et Musulmans de la région à un voyage similaire dans le but de construire la confiance. À l’image d’une anecdote racontée par un Rabbin du quartier des musiciens de Nice avant le dîner: il affirme avoir un jour été prévenu par l’un des représentants de l’Islam, de la présence d’un inconnu suspect aux yeux de l’une comme de l’autre des deux communautés.
Si elle a terminé sur une note d’espoir, Martine Ouaknine n’en a pas moins auparavant fustigé, dans une mention spéciale, le comportement de la République Islamique d’Iran. Dénonçant les « atteintes à la liberté de la presse dans ce pays », le dogmatisme religieux d’un régime « obsédé à fabriquer des bons musulmans » et les déclarations provocatrices du président Ahmadinejad à l’égard d’Israël, elle a pointé les risques de « remise en cause de l’équilibre mondial si l’Iran devenait une puissance nucléaire ». Elle s’est toutefois félicité que la France, sous l’impulsion d’un « changements salutaire de Nicolas Sarkozy » soit désormais « disposée à passer à une phase de sanctions en dehors de l’ONU ».

La Garde des Sceaux a, elle aussi, consacré un court passage de son discours à l’Iran, insistant à l’inverse des deux conférenciers précédents, sur « la paix, produit du multilatéralisme » expliquant que nul pays ne pouvait « seul imposer sa loi au monde ». D’où l’importance, selon elle, du projet présidentiel d’Union de la Méditerranée, « une chance à saisir pour la paix au Proche-Orient ». En dépit de son évidente fatigue – « elle s’est levée à cinq heures du matin » explique discrètement un de ses efficaces conseillers, Rachida Dati a développé un discours personnalisé : incarnant la « preuve que la France sait valoriser ses différences », la Garde des Sceaux a su montrer son « lien particulier avec la communauté juive », notamment en évoquant le « quartier juif espagnol de St Eugène à Oran » où sa mère avait vécu. 
Une fois terminé son discours officiel, probablement mise en confiance par l’accueil chaleureux reçu, Rachida Dati a repris la parole pour parler avec une authentique émotion de sa mère et de l’ambiance de son enfance que lui rappelait cette soirée. Réaction immédiate de la salle touchée au vif par cette confidence sussurée d’une voix éteinte, la Ministre de la justice fut longuement saluée par une « ovation debout . « C’est souvent comme cela », pouvait conclure l’un de ses collaborateurs: « les Députés ou les élus locaux s’emportent contre elle mais après l’avoir rencontrée, ils veulent tous être pris en photo avec elle ».
Photos: Dan Sebban





