

Les différentes tentatives officielles d’imputer aux seuls indicateurs économiques la responsabilité de cet état de fait, ne résistent pas non plus à l’analyse. Un rapport d’information de l’Assemblée Nationale de février 2007 sur le « dispositif public d’appui à l’export » en expose les arguments par le menu détail : ni « les évolutions des coûts salariaux…, voisines depuis dix ans en Allemagne et en France, ni les différences de structures sectorielles entre l’industrie allemande et française » – un tissu industriel plus généraliste en France, plus spécialisé outre-Rhin et censé mieux répondre aux lois de l’offre et de la demande – ne parviennent à expliquer les résultats inversés entre les deux pays. Tout au plus est-il observé que les « parts du marché français » demeurent plutôt modestes dans des zones géographiques plus favorables que d’autres à la croissance : « les trois zones Europe – largement déficitaire pour l’hexagone -, Proche et Moyen-Orient et Afrique absorbent trois quart de nos exportations alors qu’elles représentent moins de 45% du commerce mondial ». Les zones à « forte croissance » comme l’Asie et l’ensemble du continent américain ne concernent en revanche qu’à peine 20% de notre commerce extérieur ».
Davantage en cause, la taille des petites et moyennes entreprises, modeste en France, plus imposante chez notre voisin allemand. Il existe en effet deux fois moins de PME de plus de 10 salariés en France qu’en Allemagne. Statistique qui renforce la spécialisation géographique et la difficulté de vendre sur un marché plus éloigné. Situation susceptible, par surcroît, d’être éclairée par les résultats d’une enquête établie par le « Global Competitivness Index » et publiée cette année dans le cadre du Forum de Davos : ils montrent du doigt « les mauvaises relations entre employeurs et salariés » ainsi que « la rigidité du marché du travail » en France. Autant de raisons qui ne militent pas pour le développement de l’esprit d’entreprise, lequel devrait débuter à l’école ainsi que l’a réclamé dans un rapport controversé l’ancien premier Ministre Michel Rocard.
Il appert donc que ce sont bien les « habitudes du commerce français » qu’il convient de changer. Ainsi que ses mentalités. Il n’y a pas que les « gros contrats » à même de rendre positif le solde de la balance commerciale. Favoriser les PME qui ne disposent pas, contrairement aux grands groupes, des possibilités identiques d’exploration et de négociation à l’export constituerait une avancée. Après tout l’Airbus présidentiel pourrait tout aussi bien transporter des petits capitaines d’industries, certes moins médiatiques mais tout aussi performants. Ceux-ci pourraient également bénéficier du soutien plus politique – et pas seulement technique au travers de nos PEE – dans nos représentations à l’étranger. La condescendance dont ils sont parfois l’objet dans les administrations ne les incite pas toujours à répondre aux appels d’offre. La « rupture » pourrait aussi passer par là.
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