

Considérant les possibilités offertes par 2009 pour faire « évoluer la hiérarchie des puissances », au point d’oser poser la question d’une « nouvelle architecture des institutions internationales », le premier, un chef d’Etat, se propose de faire de son pays « l’avocate, le porte-voix, l’interprète » d’une revendication destinée à réformer le Conseil de sécurité des Nations Unies, au moyen d’une « réforme intérimaire » afin de « désembourber un dossier qui non seulement n’avance pas mais recule ». Le second, un chef de Gouvernement, évoque quant à lui, la « vie dans une maison commune », le partage d’un « destin commun », osant -ce qui n’était pas forcément du meilleur goût historique- l’évocation d’un « Zivilisationsraum », un espace identique de civilisation. Le premier en appelle à nouveau à « tout le monde », tenant pour « invraisemblable » l’absence de représentants du continent africain, latino-américain ou indien au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Le second vante le « potentiel colossal » des efforts susceptibles d’être conjugués par les deux pays, celui qu’il visite et celui qu’il gouverne.
Conscient de ses « ambitions », le premier n’hésite pas -tout aussi consciemment- à fustiger son public, réclamant l’inverse du « raisonnement diplomatique traditionnel » qui compte sur le temps pour faire avancer les choses. Le second, au contraire, cherche visiblement à choyer son auditoire, mélange de mélomanes et de politiques, avouant au passage son « émotion particulière » de se retrouver dans cette ville, « centre culturel européen », un de ses anciens fiefs comme officier du KGB. Dans une envolée teintée de lyrisme, il mêle Bach, Schumann, Wagner aux compositeurs Glinka, Rachmaninov et Chostakovitch. Et rappelle un texte du célèbre écrivain Thomas Mann qui mentionne la part d’inspiration russe de son « esprit littéraire » qu’il équilibre d’une pensée de Fiodor Dostoïevski sur ses deux « Heimat », la Russie et l’Allemagne.
Le premier termine sur un monde qui doit « parler des individus » et promouvoir « efficacité et démocratie ». Le second conclut sur l’idée d’un « Zusammenschluss Europas », l’intégration de son pays à l’Europe. Le premier comme le second reçoivent des applaudissements nourris. Respectivement, ceux du Corps diplomatique auquel le premier présentait ses vœux et ceux qui assistaient à la cérémonie d’ouverture du « Semperopernball » dont le second était l’invité d’honneur. L’un s’exprimait en français depuis le Palais de l’Elysée, le second, dans la langue de ses hôtes à l’Opéra de Dresde, capitale du Land de Saxe. Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine parlaient-ils vraiment du même monde ? Et qu’en pense le nouveau président américain?
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