Novembre Perle : un programme pilote pour un dépistage précoce du cancer du poumon

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Un médecin en blouse bleu et charlotte sur la tête tiens une radio des poumons devant un panneau lumineux blanc.
Illustration DR.

Le cancer du poumon reste la première cause de décès par cancer en France. À l’occasion de Novembre Perle, le Collectif Ensemble Nous Poumons intensifie son action pour promouvoir le dépistage précoce. Le témoignage de M. Pascal Bataille rappelle l’enjeu du diagnostic tardif et la nécessité de réduire l’errance médicale.

Alors que le cancer du poumon reste responsable de nombreuses pertes humaines en France, plusieurs acteurs du monde médical et associatif cherchent à accélérer la mise en place d’un dépistage organisé. La création d’un programme pilote national ouvre une phase nouvelle. Il vise une détection plus précoce et une réduction des inégalités qui touchent les patientes et les patients, selon leur lieu de vie, leur situation sociale ou leur genre.

Le mois de novembre est consacré à la sensibilisation autour de cette maladie. À cette occasion, le Collectif Ensemble Nous Poumons, soutenu par le Pr Paul Hofman, PU – PH en Pathologie au CHU de Nice, entend sensibiliser le plus grand nombre autour de ce message : mieux détecter pour mieux soigner, toutes et tous, partout sur le territoire.

Le diagnostic de la maladie est souvent tardif : 70 à 80 % des cancers du poumon. L’objectif est clair : expliquer le rôle du dépistage, rappeler les signes qui doivent alerter, et encourager un recours plus fréquent au scanner faible dose. Le collectif est soutenu par des spécialistes et par des personnalités engagées. Parmi elles, l’animateur télé Pascal Bataille, touché par un cancer du poumon, qui témoigne de son parcours.

Son expérience met en lumière la difficulté d’obtenir un diagnostic rapide. Le délai peut entraîner une progression de la tumeur et des traitements plus lourds. Il déclare : « je suis en pleine forme, et j’ai bénéficié, une fois diagnostiqué, de soins, de nouveaux protocoles efficaces et d’une équipe de soignants exemplaire de compétences et d’humanité. Toutefois, on a mis 9 mois à poser un diagnostic sur mon cancer du poumon, ce qui a permis évidemment à la tumeur de progresser et m’a contraint à subir un traitement de chimiothérapie et d’immunothérapie qui aurait peut-être pu être évité si un scanner avait été prescrit beaucoup plus tôt. Soutenir et informer sur le dépistage du cancer du poumon s’impose donc comme une évidence pour moi. Je suis convaincu que cela permettra non seulement de sauver des vies, mais aussi d’éviter à beaucoup de malades des traitements très lourds pour eux et coûteux pour la collectivité. »

Des diagnostics souvent trop tardifs

Entre 70 % et 80 % des cancers du poumon sont identifiés à un stade avancé. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Les premiers signes sont souvent discrets. Ils peuvent être confondus avec des troubles respiratoires courants. Certaines personnes consultent tard ou rencontrent des obstacles dans leur parcours de soins. À cela s’ajoute un recours encore limité au scanner faible dose, pourtant recommandé par les sociétés savantes. Selon une étude menée dans les Hauts-de-France, seule une partie des médecins de premier recours y ont recours pour dépister la maladie.

Les parcours de diagnostic dédiés montrent cependant un intérêt. Des travaux menés en Italie indiquent qu’une organisation spécifique des étapes de diagnostic permet un accès plus rapide aux examens essentiels, comme la biopsie ou le PET-Scan. Les patientes et les patients rapportent aussi une meilleure expérience du parcours. Ces résultats alimentent la réflexion sur les outils à déployer en France pour réduire les délais.

En parallèle, les avancées thérapeutiques améliorent la survie. Mais la détection précoce reste déterminante. Un cancer repéré tôt offre des perspectives de traitement plus favorables. Les données montrent un écart important entre les taux de survie selon le stade au moment du diagnostic.

Le projet IMPULSION doit permettre d’évaluer les conditions d’un dépistage organisé. Il concerne les personnes fumeuses ou ex-fumeuses âgées de 50 à 74 ans. Le programme repose sur un scanner faible dose et sur une proposition d’arrêt du tabac. En France, plusieurs millions de personnes seraient éligibles. Les études internationales montrent une baisse notable de la mortalité avec ce dépistage régulier.

Le Collectif Ensemble Nous Poumons rappelle que la prévention et l’accompagnement au sevrage tabagique demeurent essentiels. L’enjeu est double : réduire le risque d’apparition de la maladie et améliorer l’efficacité d’un dépistage organisé. Les membres du collectif plaident aussi pour une réduction des inégalités d’accès aux soins, encore marquées selon les territoires.

Novembre Perle donne un cadre pour porter ce message au plus près du public. La mobilisation vise à mieux informer et à encourager un réflexe : consulter en cas de symptômes persistants et demander un avis médical rapide. Elle vise aussi à rappeler que chacun peut être concerné, quel que soit son parcours.