La semaine dernière, la gauche et les Écologistes réunis pour les municipales de 2026 ont tenu une séance de travail sur le logement. Associations, collectifs et professionnels ont été invités pour dresser un état des lieux et esquisser des pistes d’action. Le constat est sévère, les propositions sont concrètes.
Un rassemblement inédit s’est tenu à Nice. À l’initiative des forces de gauche et des Écologistes unis en vue des élections municipales de 2026, une rencontre a réuni de nombreux acteurs du logement. L’objectif : confronter les diagnostics, recueillir les propositions et ouvrir la voie à un changement de cap dans une ville où l’accès au logement est devenu, selon les participants, un casse-tête pour une majorité d’habitants.
Pour l’union des gauches, la situation est critique. Le taux de résidences principales est largement inférieur à la moyenne nationale. Le logement social est très en deçà des obligations légales. Les loyers, quant à eux, atteignent des niveaux qui poussent une partie des Niçois hors de leur ville.
Selon eux, cette situation n’est pas une fatalité. Elle résulte de choix politiques. Des arbitrages en faveur de l’investissement touristique, de la promotion immobilière de luxe et de la spéculation foncière ont, au fil des années, transformé la ville.
Le tourisme plutôt que les habitants
Les participants ont mis en avant des chiffres qui interrogent. À Nice, la moitié des lits disponibles sont à usage touristique. Le logement social, censé représenter 25 % du parc, plafonne à 14,2 %. Dans certaines zones, le délai moyen pour accéder à un logement social dépasse les trois ans. En parallèle, de nombreux logements sont vacants ou transformés en locations de courte durée. Sur ce point, la place des plateformes type Airbnb a été vivement critiquée.
Face à ce constat, les forces rassemblées annoncent vouloir engager un virage politique. Leur projet se structure autour de cinq axes.
D’abord, réorienter l’usage du bâti existant. L’idée est de mobiliser les logements vacants, les bureaux inoccupés ou les meublés touristiques pour les convertir en résidences principales. Des outils réglementaires et fiscaux sont évoqués pour rendre ces transformations possibles.
Ensuite, encadrer les loyers. Des villes comme Paris, Lyon ou Lille ont déjà mis en place un dispositif de plafonnement. La gauche niçoise souhaite le déployer dès 2026.
Troisième pilier : le développement du logement social. Selon les porteurs du projet, 70 % des Niçois sont éligibles à ce type de logement. Il ne s’agirait pas seulement de construire, mais aussi de mieux répartir ces logements dans tous les quartiers, pour favoriser la mixité sociale. Le cap affiché est de 20 % de logements sociaux en fin de mandat, avec un objectif à 25 % à plus long terme.
Un quatrième axe vise à répondre aux besoins des publics spécifiques : étudiants, saisonniers, jeunes travailleurs ou sans-abris. Des partenariats sont envisagés avec les structures universitaires, les employeurs, ainsi que les associations spécialisées.
Enfin, la coalition souhaite améliorer la qualité de l’habitat. Cela passe par la lutte contre les logements indignes, l’accompagnement à la rénovation, et une politique plus stricte à l’égard des marchands de sommeil.
La solution de l’union des gauches : un nouveau PLU
Cette stratégie s’inscrira, affirment les organisateurs, dans un nouveau Plan Local d’Urbanisme. Ce PLU, rédigé en début de mandat, serait construit avec les habitants et les acteurs du logement. Il intégrerait les contraintes environnementales et exclurait les opérations de densification qui aggravent l’imperméabilisation des sols.
En toile de fond, c’est aussi un autre modèle économique qui est proposé. Celui-ci entend limiter le surtourisme au profit d’activités locales plus durables. Le logement y serait pensé comme un droit et non comme un produit de rente.
La démarche a été saluée par les associations présentes, qui ont apprécié d’être écoutées. Reste à convaincre les Niçois. Les participants en sont conscients. Le défi est de taille. Il faudra lutter contre la résignation, les idées reçues et les intérêts en place. Mais, concluent-ils, la situation actuelle n’est plus tenable.