Municipales 2026 à Nice : les candidats exposent leurs priorités et leurs critiques

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La façade de la mairie de NIce dans le vieux Nice avec des murs blanc et pourpre.
Illustration DR.

À quelques mois du scrutin municipal, les candidats déclarés affinent leurs propositions. Mobilités, finances locales, aménagements urbains, transports ou lutte contre les discriminations : chacun tente d’imprimer son marqueur dans un contexte politique chargé. Ce point d’étape offre une vue d’ensemble des lignes défendues par cinq candidats engagés.

Éric Ciotti : une zone franche pour les salariés niçois travaillant à Monaco

Éric Ciotti place la question des déplacements entre Nice et Monaco au cœur de sa campagne. Le député de la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes rappelle que « 40 000 Maralpins, dont environ 25 000 Niçois, travaillent à Monaco. » Ce flux génère des congestions quotidiennes. Il entend donc proposer une zone d’activité destinée aux entreprises monégasques, « dans la plaine du Var ou ailleurs. » Il admet que « on en est au stade de l’idée », mais avance un dispositif présenté dans sa lettre aux électeurs.

L’objectif serait de créer une zone franche. Elle accueillerait des sociétés installées aujourd’hui en Principauté. Ces entreprises pourraient profiter de conditions proches de celles de Monaco. Le député estime que cette mesure permettrait de rapprocher les emplois des salariés niçois. Il renvoie à un précédent projet étudié lorsqu’il présidait le conseil départemental. À l’époque, les équipes avaient envisagé « de créer une zone d’activité sur le site de la carrière de la Cruella à La Turbie avec un funiculaire pour la relier à Monaco. »

La plaine du Var reste, selon lui, un emplacement possible. Il juge l’éco-Vallée comme « un échec. » Il avance l’argument suivant : « en 2005, on y annonçait la création de 30 000 emplois nets alors qu’il n’y en a eu aucun. » Le projet de zone franche nécessiterait un accord entre la France et Monaco. Eric Ciotti précise : « il faudrait en passer par un traité entre la France et Monaco qui doit être approuvé par une loi. Ce n’est sans doute pas simple. Mais pas plus compliqué en réalité que de creuser un tunnel entre Nice et la Principauté… »

Le député évoque aussi l’intérêt potentiel de Monaco. Le prince trouverait l’idée « séduisante. » Eric Ciotti estime que la France pourrait y gagner « des créations d’emploi et de la richesse. » La proposition reste une option parmi d’autres. Il n’écarte pas la piste du métro mais juge ce chantier coûteux et très lointain. Il ne ferme pas non plus la porte à une navette maritime, bien qu’elle soit « compliquée. »

Nathalie Dloussky : rigueur budgétaire et participation citoyenne

Nathalie Dloussky s’inscrit dans le contexte d’une actualité nationale tendue autour du budget de l’État. La candidate Ensemble pour la Grandeur de la France, concentre son discours sur la gestion locale au lendemain du Conseil municipal. Elle analyse les orientations budgétaires présentées par Christian Estrosi en décembre 2024 : plus de 124 millions d’euros pour l’investissement, dont 37,6 millions pour la transition écologique, 16,4 millions pour la culture, 11,6 millions pour la sécurité, 12,1 millions pour la jeunesse et les sports, et 10,8 millions pour la cohésion sociale.

Elle pose la question de la préparation du budget 2026 en considérant que la situation politique nationale impose de revoir les méthodes de décision. La candidate critique les limites des consultations citoyennes actuelles et décrit ces démarches comme un « cache-sexe de méthodes de décision autocratiques. » Sa proposition : de recourir au référendum d’initiative citoyenne pour associer davantage la population aux arbitrages.

La candidate avance une ligne de rigueur et de transparence tout en rappelant le niveau de dette de la ville, fixé à 548 millions d’euros. Elle met en avant l’idée de clauses de modification et de révision systématiques dans les marchés publics. L’objectif serait d’adapter les dépenses à la conjoncture et de limiter les dépassements. Cette dernière estime que cette méthode maintiendrait les projets tout en assurant une gestion responsable.

Selon Nathalie Dloussky, Nice reflète les tensions nationales. Elle considère qu’une gouvernance locale exigeante, ouverte et contrôlable peut répondre aux attentes d’électeurs qui expriment de la défiance envers la vie politique. Sa liste se présente comme porteuse d’un projet alliant ambition territoriale et discipline financière.

Hélène Granouillac : la rue Barla au cœur des enjeux urbains

La candidate Vivre Nice, Hélène Granouillac, s’intéresse à la requalification de la rue Barla. Un sujet qui n’a pas été évoqué lors du Conseil municipal hier, faute de timing d’envoi. Elle rappelle son rôle dans l’histoire de Nice. Elle évoque un axe fréquenté, ancien tronçon de la Nationale 7, décrite comme une rue dense, bruyante, polluée en soulignant aussi sa position stratégique, entre le port, le boulevard Carabacel et la sortie du tunnel André-Malraux.

Dans le même temps, elle met en parallèle l’extension de la Promenade du Paillon. La ville avance des objectifs sanitaires et environnementaux. Elle veut faire baisser de 10 degrés la température ressentie en période de canicule, réduire de 20% les maladies cardiovasculaires et diminuer les émissions de CO₂. Mais Hélène Granouillac relève que ce nouveau segment reste entouré de sources de nuisances. Elle redoute que cet espace présenté comme une « forêt urbaine » ne soit fragilisé.

Afin d’éviter cela, la candidate pour la liste Vivre Nice demande l’installation de capteurs de qualité de l’air et souhaite compléter les dispositifs déjà en place rue Arson et au port. Elle veut aussi engager une transformation profonde de la rue Barla considérant cette requalification comme indispensable pour améliorer la qualité de vie, réduire les tensions entre usagers et rendre l’espace plus cohérent avec les objectifs climatiques de la ville.

La candidate réclame enfin une consultation publique élargie. Elle insiste sur la nécessité d’associer les habitants et les commerçants afin de définir un projet partagé.

Juliette Chesnel-Le Roux : critiques sur la gestion et inquiétudes autour du tramway

Juliette Chesnel-Le Roux, candidate écologiste de la liste Unis pour Nice, inscrit sa campagne dans une analyse critique de la gestion municipale. Un de ses soutiens, Jean-Christophe Picard, affirme : « si la gestion était bonne on aurait pas eu besoin d’augmenter les impôts. »

Le projet de la ligne 5 du tramway occupe une grande place dans le débat. Cette ligne doit relier l’Ariane à La Trinité et Drap. Son calendrier prévoit quatre ans de retard. L’enquête publique est en cours. La candidate a organisé une distribution de tracts dans le quartier de l’Ariane.

Juliette Chesnel-Le Roux approuve le principe cette nouvelle ligne de tramway tout en glissant un petit tacle au maire de la ville : « c’est une formidable opération de communication pour Christian Estrosi à 4 mois des élections de montrer qu’enfin, ce projet tant attendu va peut-être prendre corps. » La candidate Unis pour Nice regrette une livraison annoncée pour 2030. Elle rappelle qu’elle devait intervenir en 2026. Certains membres de sa liste doutent même de la faisabilité du chantier en raison de son coût, estimé à 376 millions d’euros.

Julien Picot ajoute : « nous, ce qu’on refuse, c’est une énième promesse de campagne. Les habitants de ce quartier ne sont pas des citoyens de seconde zone. Pour nous, ce qu’il faut aujourd’hui, c’est mettre en place concrètement les choses. Donc le tramway à l’Ariane, c’est vital. »

Le cahier d’enquête recueille une quinzaine d’avis. Plusieurs habitants souhaitent un tracé élargi, au-delà du boulevard de l’Ariane.

Mireille Damiano : un programme centré sur la lutte contre le racisme et les discriminations

Mireille Damiano porte la liste Nice Front Populaire. Elle concentre sa campagne sur la lutte contre le racisme et les discriminations en évoquant la condamnation de trois policiers nationaux pour injures raciales et violences psychologiques le 10 novembre 2025. Elle y voit un exemple d’un problème profond. Elle décrit des pratiques de contrôles au faciès, des obstacles dans l’accès au logement, à l’emploi, aux soins, aux services publics. Mireille Damiano rappelle que les personnes racisées subissent davantage la pauvreté, le chômage, les difficultés de logement et l’insécurité alimentaire.

La candidate veut un programme « radicalement antiraciste et inclusif. » et propose la création d’un lieu d’accueil avec permanence juridique. Cet espace aurait pour mission d’accompagner les victimes. Elle souhaite que l’édile en poste se constitue partie civile aux côtés des victimes pour chaque acte raciste ou discriminatoire commis sur le territoire.

Elle souligne que les actions doivent être concrètes et considère que le combat contre le racisme doit être institutionnalisé pour être efficace.

La liste a lancé un questionnaire en ligne pour construire son programme. Mireille Damiano explique : « on est en train, dans le cadre du lancement de notre liste Nice Front Populaire, de construire un programme qui est le reflet de ce que veulent les Niçoises et les Niçois autour d’un certain nombre de thèmes. Donc l’idée, c’était de recueillir les avis et de les prioriser. »

Olivier Salerno insiste sur la démarche participative. Il déclare : « ce qu’on aime bien dire aux gens, c’est qu’on n’a pas un programme qui est tout à fait bouclé pour l’instant. On a un questionnaire à remplir en ligne aussi. Et on n’hésite pas à dire aux gens que s’ils pensent que nos mesures, elles sont bien, qu’ils nous le disent sur le questionnaire, parce que ça nous fait plaisir et ça nous encourage dans notre travail. Mais s’ils trouvent aussi qu’on est à côté de la plaque, il faut qu’ils nous le disent aussi. Ça ne se confortera jamais d’autre chose que du besoin des gens pour une liste aux élections municipales. »

Les contributions seront ensuite analysées et regroupées pour orienter les choix finaux.