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19 avril 2024

L’Edito du Psy « spécial Iran » : Téhéran sous tension, jeunesse iranienne en révolte

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jpg_revolteok.jpgPeu importe finalement le résultat officiel des élections présidentielles iraniennes. Elles sont autrement riches d’enseignement pour l’avenir du pays : une nuit de violentes échauffourées, les quartiers nord et ouest de la capitale sous tension, des banques d’Etat brûlées, des voitures incendiées, des milliers de manifestants osant crier « mort à la dictature » et bien décidés, malgré le déploiement toujours impressionnant des milices motorisées de bassidji, à ne pas « se laisser voler leur bulletin de vote », des protestations en écho de la diaspora iranienne à travers le monde, bref, autant d’éléments qui montrent l’extrême vitalité du désir démocratique chez la jeunesse iranienne. Laquelle n’a pourtant connu que le régime des mollahs.

jpg_irangarsok.jpgLes nombreuses et troublantes questions portant sur le déroulement et l’aboutissement du scrutin ont fini par jeter une ombre dangereuse sur ces présidentielles : pressions exercées sur des électeurs dans certains bureaux de vote en province, lignes cellulaires bloquées, messageries et blogs filtrés, scrutateurs du principal opposant au président sortant empêchés d’accomplir leur travail, limitation des reportages effectués par les journalistes étrangers, brouillage des émissions de la BBC et fermeture de la chaîne de télévision Al-Arabiya. Sans parler des circonstances pour le moins étranges de la proclamation des résultats : annonce prématurée de ces derniers par deux sites pro Ahmadinejad juste avant la fermeture de tous les bureaux de vote, écran noir pour le site de Mir Hossein Moussavi (https://mirhussein.com) avec la mention « nous retournons vers Dieu », formule généralement utilisée dans les cérémonies funèbres, demande adressée au ministre de l’intérieur par l’un des candidats, Mohsen Rezaï, l’ancien Général à la tête des Gardiens de la révolution (www.tabnak.ir), de recompter les votes par bulletin et par région.

jpg_rue_throkbis.jpgAutre fait notable de ces élections : malgré le filtrage particulièrement méticuleux des candidats par le Conseil des Gardiens de la constitution -4 retenus sur 475 déclarés- Mir Hossein Moussavi s’est retrouvé, par défaut, investi de profondes aspirations à la liberté au fur et à mesure des débats d’une rare et surprenante intensité lors de la campagne électorale. Un rôle bien au-delà des possibilités offertes au Président de la république dont les pouvoirs dépendent largement du Guide de la Révolution. Le mutisme de l’Ayatollah Ali Khamenei et son refus de recevoir les plaignants avant de décider -sous la pression des Sepah-e Pasdaran- de les rappeler fermement à l’ordre et d’arrêter certains de leurs collaborateurs, n’ont pas empêché Moussavi d’exiger l’annulation du vote pour irrégularités. Une demande soutenue implicitement par l’ancien président Hachemi Rafsandjani. Les rivalités sous-jacentes et toujours feutrées au sein même du régime éclatent ainsi au grand jour.

jpg_femok.jpgTéhéran n’est certes pas l’Iran et Mahmoud Ahmadinejad dispose d’un large soutien populaire en province et dans certains milieux religieux. Mais distribuer directement des aides financières aux plus pauvres comme l’a fait le président sortant pendant sa campagne ne saurait remplacer un satisfecit démocratique. Le fait par ailleurs que les milices islamiques et la police poursuivent les manifestants jusque dans leurs maisons, une pratique qui rappelle les débuts sanglants de la révolution de 1979, en dit long sur la posture de plus en plus défensive des dirigeants. La première conférence de presse du président réélu avait à cet égard valeur de symbole : une rhétorique révolutionnaire sur les « valeurs » et le « vote populaire », mêlée de menaces indirectes à l’encontre des médias et de propositions « d’exporter le modèle iranien » : un discours typique des temps de la jeune république islamique.

jpg_theranok2.jpgLes conditions de cette élection ne faciliteront sans doute pas le dialogue que souhaite engager Barack Obama avec le nouvel élu de l’Iran sur la question du nucléaire. Alors que des sources militaires iraniennes indiquent la mise en alerte dans le Golfe persique des forces navales du Corps des Gardiens de la révolution, l’attentisme politique de la Maison-Blanche traduit un réel embarras de la nouvelle Administration. Un embarras dont ne paraît pas s’encombrer la diplomatie française si l’on en croit un article du 12 juin 2009 signée Raghida Dargham, la correspondante à Washington du quotidien arabe « Al Hayat ». « Quelques jours avant les élections libanaises, écrit-elle, la France, convaincue de la victoire probable des forces du 8 mars, aurait proposé à la Syrie et à l’Iran un compromis sur le dos du Liban ». Information ni confirmée ni démentie par le Quai d’Orsay, mais utilement éclairée par les déclarations, le 4 juin dernier, du Ministre des transports et membre du Hezbollah, Mohammad Fneich : « une délégation française a récemment transmis à l’Iran, une proposition visant à un partage des influences au Liban, impliquant le Parti de Dieu ».

jpg_teheranok.jpgSourdes rivalités entre la France et les Etats-Unis en dépit des sourires d’amitié affichés lors des cérémonies du 6 juin ? Alors que Washington continue de tenir le Hezbollah pour une « organisation terroriste » et que le régime iranien, dont la milice chiite est le bras armé au Liban, matraque ses jeunes générations, ne convient-il pas de s’interroger sur l’opportunité de la rencontre entre Javier Solana, le responsable européen de la politique étrangère et sécurité de l’UE, avec le député du Hezbollah Hussein Hajj Hassan ? S’il s’agit d’un nouvel avatar diplomatique de l’Union, les 60% d’abstentionnistes européens ne le soutiennent heureusement pas.

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