Vingt ans jour pour jour après le krach des bourses mondiales, le prix du baril de pétrole, proche de son record historique de 101 dollars au moment de la révolution islamique d’Iran, deviendrait-il à son tour le grain de sable perturbateur, le démenti cinglant des effets jugés régulateurs de la mondialisation ? Interrogés, les spécialistes égrènent une série de raisons tout en admettant que rien ne vient réellement justifier une telle flambée des cours de l’or noir autour de 90 dollars. La demande chinoise, soutenue en raison de sa croissance économique à deux chiffres et probablement sous-évaluée, ne constitue pas néanmoins un fait nouveau. La consommation par les Etats-Unis de 20 % de la production mondiale est balancée par un net ralentissement de la croissance américaine. Les tensions internationales ou géopolitiques ? même sentiment, là encore des experts : une opération militaire turque à proximité des champs de pétrole kurdes iraquiens de Kirkouk, sur lesquels il est vrai, Ankara ne détesterait pas mettre la main par Turkmènes interposés, n’aurait que des conséquences limitées sur d’éventuelles difficultés d’approvisionnement. La crise nucléaire avec l’Iran ? Une éventuelle intervention militaire israélo-américaine viserait uniquement les centres d’enrichissement de l’uranium et Téhéran a autant intérêt à vendre son brut que les Occidentaux à l’acheter. L’appauvrissement des flux ? Il manquerait entre 1 million et 1,5 million de barils pour couvrir les besoins occidentaux mais, rétorquent les « Majors » avec ironie, la peur de manquer remonte à 1920 où l’on estimait déjà que les « réserves prouvées permettraient d’atteindre péniblement 1950 ! » . Les pays producteurs considèrent pour leur part le marché « bien approvisionné » avec des réserves suffisantes non déclarées et amassées depuis plus de 30 ans. Certes les coûts d’exploitation pour des gisements géographiquement de plus en plus éloignés et dans des zones à haute instabilité politique ainsi que des forages de plus en plus profonds contribuent dans une certaine mesure au renchérissement du prix moyen d’un baril. Mais la compagnie Total ne situait-elle pas en 2006 le coût de son extraction autour d’une dizaine de dollars ?
Ce que les experts hésitent peut-être à prendre en compte dans leur calcul, par exemple pour le prix du « Brent » qui détermine 60 % de celui des pétroles extraits dans le monde ou pour celui du « Panier OPEP » depuis juin 2005, c’est « la spéculation ». Ou selon un économiste australien cité par un grand quotidien « l’exubérance irrationnelle » d’investisseurs, notamment les fameux « hedge fund », attirés sur le marché volatil des matières premières par des gains désormais aussi massifs que fulgurants et largement supérieurs aux rendements de placements financiers plus classiques. Conséquence : une fourchette spéculative de 20 à 30 dollars par baril, chiffres bien connus des dirigeants occidentaux. En cause également, les sociétés de « trading », devenues pour la plupart d’entre elles totalement indépendantes de l’industrie pétrolière et qui représentent de multiples propriétaires en cascade lors des transactions mondiales.
Ultime paradoxe : lorsque le produit de ces profits additionnels, sans lien apparent avec le marché physique, se répercute pour le consommateur à la pompe, ce sont toujours sur les budgets des ménages économiquement défavorisés, voire très endettés que pèse plus lourdement ce surcoût artificiel. Richesse pétrolière inversement proportionnelle au dénuement financier? Question de grande actualité au moment où le Chef de l’Etat tient la lutte contre la pauvreté pour un « enjeu politique majeur » de son quinquennat.
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