

Deuxième date, celle des élections législatives au Liban programmées pour le 7 juin 2009. La minute de vérité pour ce pays où s’opposent deux visions politiques radicales : celle de la coalition du 14 mars et celle favorable à la Syrie, alliée au Hezbollah. Alors que la seconde partait gagnante au mois d’août dernier, les élections syndicales professionnelles de fin d’année ont surpris par un mouvement largement favorable au camp actuellement majoritaire. Mais il est à craindre que ces échéances ne satisfassent personne : en cas de victoire de l’actuelle coalition gouvernementale, la milice chiite qui n’a jamais rendu ses armements pourrait décider de reprendre sa complète liberté d’action contre l’Etat hébreu. Une liberté à laquelle elle s’est volontairement imposé des limites lors de la récente guerre dans la bande de Gaza afin de ne pas effrayer des électeurs encore indécis et ménager sa prétention à intégrer le jeu politique institutionnel libanais. En cas de victoire des forces du 8 mars et du Hezbollah, ce dernier aura toute « légitimité nationale » pour éventuellement entreprendre des actions de terrain à la demande de Téhéran, la seule autorité dont se réclame finalement son Secrétaire général Hassan Nasrallah. Avec des conséquences dramatiques pour le pays du cèdre. Et, l’on s’en doute, pour l’ensemble de la région.
Cinq jours plus tard se tiendront les présidentielles en Iran. Le flou des déclarations de candidature est savamment entretenu par l’ensemble des acteurs politiques : celle très souhaitée de l’ancien président Khatami semble déjà minée par la participation officialisée de Mehdi Karoubi, ancien président du Majlis également perçu comme un réformateur tandis que le soutien affiché de l’Ayatollah Ali Khamenei au président sortant Ahmadinejad -encore très populaire dans les petites villes et dans certaines provinces- n’atténue pas forcément les incertitudes sur les instructions données par le Guide au Conseil des Gardiens de la révolution, responsable du filtrage des candidats.
Entre le 10 février et le 12 juin, entre le « poing iranien » à desserrer et la « main tendue » des Etats-Unis, la marge de manœuvre du président américain demeure, comme on le voit, particulièrement étroite. Alors que la Maison Blanche a déjà nommé et mis au travail deux émissaires spéciaux -l’un pour le Proche-Orient, l’autre pour la zone Pakistan-Afghanistan-, la désignation officielle et la définition de la mission pour celui qui devrait être en charge d’un dialogue avec l’Iran -Denis Ross- marquent le pas. Un retard qui n’est pas le moindre signe d’une complexité de ce dossier.