L’ancien président de l’OGC Nice, Jean-Pierre Rivère, fera partie de la liste d’Éric Ciotti pour les élections municipales de 2026 à Nice. Le député et président de l’UDR a annoncé ce lundi 6 octobre que l’homme d’affaires serait son premier adjoint en cas de victoire. Une décision qui provoque déjà de vives réactions, notamment du côté du camp Estrosi.
C’est dans un salon de l’Hôtel Boscolo, à Nice, qu’Éric Ciotti a pris la parole ce lundi matin. Devant la presse, le député et président de l’Union de la droite républicaine (UDR) a confirmé ce que la rumeur laissait entendre depuis plusieurs jours. Jean-Pierre Rivère, ancien président de l’OGC Nice, rejoint son équipe pour les municipales de mars 2026. « Il nous rejoint dans cette aventure », a déclaré Éric Ciotti en ouverture de conférence. L’homme politique, candidat à la mairie de Nice, a ajouté que Jean-Pierre Rivère serait son premier adjoint s’il remportait l’élection.
Cette annonce met fin à plusieurs semaines de spéculations. Depuis l’été, le nom de Jean-Pierre Rivère circulait dans les discussions locales. L’ancien dirigeant du club niçois, âgé de 68 ans, avait quitté la présidence de l’OGC Nice le 20 août, à la fin de son mandat. Après quatorze saisons à la tête du club, il avait indiqué vouloir « tourner une page » tout en restant impliqué à travers le Fonds de dotation du Gym.
Sa reconversion politique prend donc une tournure concrète. Figure du monde économique et sportif azuréen, Jean-Pierre Rivère se lance dans un nouveau rôle public. Son engagement aux côtés d’Éric Ciotti témoigne d’un rapprochement entre le monde de l’entreprise, du sport et de la politique locale.
Réactions immédiates et tensions ravivées
L’annonce n’a pas tardé à susciter des réactions, notamment dans le camp de Christian Estrosi, maire sortant et lui aussi candidat à sa réélection. L’entourage du maire a vivement réagi à la présence de Rivère sur la liste d’Éric Ciotti :
« Jean-Pierre Rivère a toujours été un homme d’affaires cherchant à faire de l’argent. Il a même cherché à racheter le stade à bas prix, ce à quoi le maire s’est toujours refusé. Il voulait aussi imposer une œuvre d’art de sa compagne à la place du « I love Nice », ce qui n’était pas concevable. Ceci explique cela. »
Ce tacle illustre l’intensité des rapports entre les deux camps. Les municipales de 2026 s’annoncent déjà comme un affrontement direct entre deux figures locales : Christian Estrosi, en quête d’un nouveau mandat, et Éric Ciotti, décidé à conquérir l’Hôtel de Ville.
Pour l’ancien président de l’OGC Nice, cette entrée en politique marque une continuité plus qu’une rupture. Pendant sa présidence, Jean-Pierre Rivère s’était souvent exprimé sur les liens entre sport et territoire. Il avait défendu l’idée d’un club ancré dans sa ville, ouvert sur la société et impliqué dans les projets locaux. Son nouveau rôle pourrait prolonger cette approche à une autre échelle.
Les observateurs notent cependant une stratégie claire du côté d’Éric Ciotti : associer son image à celle d’un dirigeant reconnu pour sa gestion et son sens du réseau local. Dans le contexte politique niçois, ce rapprochement entre un élu de droite et un acteur du monde économique vise à séduire un électorat soucieux de stabilité et de pragmatisme.
Un parcours ancré dans le territoire
Jean-Pierre Rivère a bâti sa réputation dans l’immobilier avant de se tourner vers le football. Fondateur d’ISelection, entreprise spécialisée dans la digitalisation de l’immobilier neuf, il revend sa société à Nexity en 2008. Il crée ensuite Rivère Group, structure active dans l’immobilier haut de gamme sur la Côte d’Azur. Cette trajectoire lui vaut d’être considéré comme un acteur majeur du tissu économique local.
Son arrivée à la tête de l’OGC Nice, en 2011, avait marqué une nouvelle étape. À l’époque, le club traversait une période difficile sur le plan sportif et financier. Rivère s’attache à stabiliser l’équipe, à moderniser ses infrastructures et à attirer de nouveaux investisseurs. Sous sa présidence, le Gym s’est installé durablement dans le haut du tableau de Ligue 1 et participe à plusieurs campagnes européennes.
Malgré la prudence de son style, il s’est imposé comme une figure incontournable du football français. Ni flamboyant ni omniprésent médiatiquement, il privilégie la méthode et la concertation. Dans les moments de crise, plusieurs présidents de clubs faisaient appel à lui pour calmer les tensions.
En juillet dernier, lors de son discours de départ, il avait confié : « je pars parce que le club aujourd’hui est structuré, solide, ambitieux, et le chemin est tracé. » Des mots qui résonnent aujourd’hui comme une transition vers une autre forme d’engagement.
Une campagne sous haute tension
L’annonce d’Éric Ciotti rebat les cartes d’une campagne déjà tendue. Avec Jean-Pierre Rivère à ses côtés, le député espère élargir son audience au-delà des électeurs traditionnels de la droite niçoise. L’ancien patron du Gym apporte une notoriété et une image de gestionnaire expérimenté.
Reste à savoir comment cette alliance sera perçue par les Niçois. Les partisans de Christian Estrosi dénoncent une alliance d’intérêts économiques plus que de convictions politiques. De son côté, le camp Eric Ciotti met en avant la compétence et la connaissance du territoire.
Pour Jean-Pierre Rivère, c’est une nouvelle page qui s’ouvre. Après quatorze ans passés à la tête d’un club emblématique, il s’apprête à tenter un autre type de match, sur un terrain tout aussi exigeant : celui de la politique niçoise.