Ce n’est certes pas Woodstock. Mais il règne, ce dimanche 31 mai, une joyeuse ambiance aux abords du Palais Nikaïa, débarrassés fort heureusement des traditionnels « marchands du temple ». Mise à part une redoutable religieuse probablement diplômée des techniques de commercialisation tant semblent imparables ses arguments de vente en faveur d’un livret biblique à 5 euros !
Une fleur à la main comme cela avait leur avait été demandé afin de garnir un « pointu » symbolisant la « barque des pêcheurs » -le logo du Synode-, familles au grand complet et fidèles enthousiastes se pressent dans les allées. A l’intérieur, ils découvrent, plongée dans la pénombre, une scène immense zébrée d’éclairs psychédéliques qui rappellent davantage l’atmosphère d’une discothèque que celle plus scolastique d’un maître-autel. Tandis que les organisateurs s’égosillent pour transmettre leurs instructions techniques, d’ultimes répétitions alternent chanteurs pop et chorales liturgiques. Se baladant d’un bout à l’autre de ce vaste espace scénique, des prêtres en soutane coiffés de casques-micros miniatures font penser à des télé-évangélistes. Assis sagement face au public, 150 prêtres et curés de paroisses côtoient 400 choristes en provenance de l’ensemble du département.
Afin de satisfaire à tous les âges et à toutes les appartenances sociologiques, un programme particulièrement éclectique concocté par le Père Gil Florini offrait un large éventail récréatif : un orchestre de jeunes, les « Devoluy’s brothers » de l’aumônerie de l’enseignement public, des comédiens de la « Troupe Antibes Art Passion » mettant en scène des extraits de la pièce d’Eric Emmanuel Schmitt « l’Evangile selon Pilate », des évolutions chorégraphiques de la Compagnie Giovanni Louvet de Cannes,
Une fois passée l’Eucharistie où des prêtres se sont dispersés dans les travées pour répondre aux désirs de communion des fidèles, Mgr Sankalé a repris de plus belle, sous les applaudissements : « Le Seigneur ne pourra plus douter qu’il possède un peuple nombreux dans le département des Alpes-Maritimes ». « Depuis 20 siècles, l’Eglise rebondit sur les obstacles les transformant en tremplin », a-t-il lancé avant de terminer son intervention sur cette « bonne nouvelle annoncée aux pauvres ».
Une « catégorisation » que ne dément pas le document synodal proclamé à la fin de la cérémonie religieuse : si « une Eglise enracinée dans la parole de Dieu », premier chapitre de « cette feuille de route » invite à une « nouvelle lecture de l’Evangile », c’est principalement dans le second, « une Eglise dans le monde », que s’affirme la claire volonté de celle-ci de « prendre part aux débats de société », d’oser « des initiatives et des actes audacieux ». Cette nouvelle « responsabilité » de l’Eglise vise les catégories les plus souffrantes, cible privilégiée d’un « accompagnement personnalisé ». Celui-ci s’adresse par exemple aux « mères en détresse », « aux personnes homosexuelles » et aux « migrants » pour lesquels un prêtre est spécialement nommé tandis qu’un Conseil diocésain doit « servir de vigie » afin d’alerter sur tous les « problèmes de pauvreté, de marginalité, de précarité et de logement ».
Evoquant le temps « d’hier », le lancement du Synode, le moment « d’aujourd’hui », la bonne nouvelle de la Pentecôte, l’Evêque de Nice a également intégré dans ses conclusions, celui de « demain » : afin qu’elles ne restent pas lettre morte, il a créé une « Commission de suivi des décisions synodales et de leur réalisation » doublée de la publication d’un rapport annuel. Même éternelles, les paroles d’Evangiles sont désormais elles aussi, soumises à la culture du résultat.
Site internet diocésian: https://www.nice.cef.fr/