Le dirigeant a officiellement passé la main le 20 août. Discret mais influent, il laisse un club stabilisé et désormais piloté par Fabrice Bocquet, nommé Président-Directeur Général.
Le 11 juillet dernier, l’OGC Nice annonçait un départ attendu par peu d’observateurs : Jean-Pierre Rivère quittait la présidence du club. La date d’effet, fixée au 20 août 2025, a marqué la fin d’un cycle ouvert en 2011. L’homme d’affaires niçois, arrivé lorsque l’équipe luttait régulièrement pour son maintien en Ligue 1, laisse derrière lui une institution transformée.
À son arrivée, le Gym traversait une période d’instabilité sportive et financière. Quatorze saisons plus tard, le club dispute régulièrement les compétitions européennes et figure de façon durable parmi les clubs installés de l’élite française. Jean-Pierre Rivère n’a pas seulement consolidé l’équipe professionnelle. Il a structuré l’ensemble de l’organisation, modernisé les infrastructures et attiré des investisseurs solides, dont le groupe INEOS en 2019.
Le départ de Jean-Pierre Rivère ne signe pas une rupture brutale. Le dirigeant reste ambassadeur du club et prend la présidence du Fonds de Dotation de l’OGC Nice. Il entend ainsi continuer à contribuer au développement social et territorial du Gym. « Je pars très serein pour l’avenir du club », a-t-il confié dans son discours de départ.
Le passage de témoin
C’est Fabrice Bocquet, directeur général depuis novembre 2022, qui prend la suite. Sa nomination s’inscrit dans la continuité du projet voulu par INEOS. Déjà très impliqué dans la gestion opérationnelle, il devient désormais Président-Directeur Général. Jean-Claude Blanc et le propriétaire Jim Ratcliffe lui confient la responsabilité de prolonger le travail engagé.
Ces dernières années, Fabrice Bocquet a renforcé les fonctions stratégiques et consolidé la gouvernance interne. Ses relations de travail étroites avec l’encadrement sportif, notamment Florian Maurice et Franck Haise, devraient favoriser une transition sans heurts. « C’est un honneur de lui succéder. Je m’attacherai à être à la hauteur de cette mission, avec engagement et humilité », a-t-il déclaré.
Jim Ratcliffe, propriétaire d’INEOS, a salué le rôle de Rivère : « Il a dirigé l’OGC Nice avec passion, dévouement et vision. L’engagement d’INEOS auprès du club demeure absolu et nous avons fait, naturellement et en toute confiance, le choix de confier à Fabrice Bocquet la mission de poursuivre le développement. »
Une présidence singulière
Le départ de Jean-Pierre Rivère met en lumière un style de direction à contre-courant du football moderne. Dans un univers marqué par des figures charismatiques ou clivantes, il a choisi la discrétion. Ni ancien joueur, ni magnat flamboyant, il s’est positionné comme un dirigeant mesuré. Cette posture a façonné sa réputation de médiateur au sein de la Ligue. Lors des tensions entre présidents de clubs, son avis était souvent sollicité pour calmer les débats.
Ce rôle ne tenait pas seulement à son caractère. Sa trajectoire professionnelle illustre une capacité constante à anticiper et à structurer. Fondateur d’ISelection, société pionnière dans la digitalisation de l’immobilier neuf, il a revendu l’entreprise à Nexity en 2008. Il a ensuite poursuivi avec Rivère Group, spécialisé dans l’immobilier haut de gamme sur la Côte d’Azur. Cette expérience lui a donné une assise financière et une méthode de gestion qu’il a appliquées au football.
Dans ses interventions récentes, Jean-Pierre Rivère a expliqué le calendrier de son départ. Il voulait éviter que la décision soit interprétée comme une conséquence sportive. L’OGC Nice disputera cette saison la Ligue Europa finalement avec pour objectif de faire mieux que la saison dernière. « Je pars parce que le club aujourd’hui est structuré, solide, ambitieux, et le chemin est tracé », avait-il affirmé.
Un autre facteur a pesé : les 40 ans de la Populaire Sud, fêtés le 23 août. « Je ne me voyais pas leur tenir un discours et dans quinze jours leur dire que je m’en vais », a-t-il reconnu. Ce souci de transparence et de sincérité envers les supporters a toujours été un axe fort de son mandat.
Un héritage difficile à consolider ?
L’héritage de celui que l’on peut désormais appeler l’ex-président ne se résume pas aux résultats sportifs. Il a su ancrer le club dans une stratégie durable. Le centre de formation a été développé. La gestion financière est jugée solide. Malgré les crises ponctuelles — incident du match contre Marseille en 2021, contestations internes en 2019 — il a maintenu une ligne de stabilité.
Ce rôle de stabilisateur lui a permis de s’imposer comme une figure d’équilibre dans un environnement instable. Sans posséder de parts dans le capital du club, il a gardé une influence déterminante. Sa capacité à s’adapter à l’arrivée d’INEOS et à cohabiter avec une nouvelle gouvernance témoigne d’une flexibilité rare dans le milieu.
Aujourd’hui, la mission revient à Fabrice Bocquet de transformer cette stabilité en ambitions renforcées. Le défi consiste à confirmer les résultats européens, tout en maintenant une trajectoire financière maîtrisée. La nomination s’inscrit dans la logique d’une continuité assumée.
Jean-Pierre Rivère a quitté ses fonctions le 20 août, mais son empreinte demeure. Quatorze saisons ont suffi pour inscrire le Gym dans une autre dimension. Son style de direction, marqué par la discrétion et la constance, apparaît désormais comme un contre-modèle à l’heure des présidences médiatiques.
Fabrice Bocquet hérite d’un club à la solidité toute relative désormais, doté d’un actionnaire puissant mais peut-être moins impliqué. Toujours est-il qu’il pourra toujours compté sur une base de supporters engagés prêt à lui rappeler ses droits et devoirs en cas de problème. L’avenir dira si cette continuité se traduit par de nouveaux succès. Mais l’ère Jean-Pierre Rivère s’achève sur une impression de stabilité, rare dans un football en perpétuel mouvement.