À quelques jours du Sommet de l’Océan organisé à Nice, une image bouleversante refait surface. Un cachalot a été retrouvé mort après une collision avec un navire. Le photographe Greg Lecoeur, à l’origine du cliché, et le journaliste Hugo Clément alertent sur les conséquences du trafic maritime.
Un cachalot, dérivant sans vie dans la baie des Anges, heurté par un bateau. C’est la scène captée par le photographe niçois Greg Lecoeur à l’été 2024, et rendue publique ce dimanche 8 juin par le journaliste Hugo Clément. La publication intervient alors que Nice s’apprête à accueillir le Sommet de l’Océan. « À quelques kilomètres de cette scène de crime, à Nice, les chefs d’État du monde entier vont se réunir dans les prochains jours pour tenter de trouver des solutions pour mieux protéger les océans », dénonce le journaliste.
Sur la photo, une traînée de sang, le corps massif du cétacé et, autour, des requins bleus. « Ce genre de scènes n’est pas si rare que cela », précise Greg Lecoeur dans les colonnes de Nice Matin, qui travaille depuis des années sur la biodiversité marine avec l’association We Are Méditerranée. Hugo Clément ajoute : « En Méditerranée, mer semi-fermée parmi les plus fréquentées au monde, le trafic maritime est intense. Outre la pollution chimique et sonore qu’il engendre, il constitue une menace mortelle pour les grands mammifères marins. Chaque année, des dizaines de cétacés — cachalots, rorquals communs ou dauphins — sont percutés par des navires de commerce et des ferries, souvent sans même que les équipages ne s’en aperçoivent. »
La Méditerranée est l’un des espaces maritimes les plus fréquentés du monde. Le trafic y est intense, en particulier dans le sanctuaire Pélagos, censé protéger les mammifères marins. Pourtant, les impacts sont bien visibles pour ceux qui prennent le temps d’observer.
Une urgence écologique et politique
Selon les données relayées par Greg Lecoeur et Hugo Clément, plusieurs dizaines de cétacés meurent chaque année de ces collisions. Les navires commerciaux et les ferrys sont en cause. Et ce, bien souvent sans que les équipages ne s’en rendent compte.
L’absence de réglementation harmonisée entre les pays riverains complexifie les réponses. En France, l’approche à moins de 100 mètres d’un cétacé est interdite. Ce n’est pas le cas ailleurs. Le photographe insiste sur une responsabilité partagée : « si les consommateurs modifient leur comportement, les industriels s’adapteront. »
À terre, les débats s’annoncent nombreux lors de l’UNOC. En mer, les drames se poursuivent. La réduction de la vitesse des bateaux, les systèmes de détection ou le changement de routes maritimes sont des pistes évoquées. Pour Greg Lecoeur, il ne s’agit pas d’accuser, mais d’agir : « il faut se poser la question : qu’y a-t-il dans ces bateaux ? Nos biens de consommation. »