3ème Sommet de l’Océan : une vague d’engagements

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De lundi à vendredi, Nice a accueilli la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan. Un sommet exceptionnel à tous les niveaux : par sa participation record de chefs d’État et de gouvernement, par l’implication massive des scientifiques et surtout par la solidité des engagements qui en sont sortis. Voici « Les engagements de Nice pour l’Océan. » 

Coorganisée par la France et le Costa Rica, la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), 3ème édition, s’est tenue à Nice du 9 au 13 juin 2025. Elle a rassemblé chefs d’État, scientifiques, ONG, entreprises et représentants de la société civile autour d’un objectif commun : protéger un océan gravement menacé. L’UNOC3 a établi une feuille de route internationale, « Les engagements de Nice pour l’Océan », reposant sur cinq axes principaux.

Bâtir une gouvernance de l’océan

Au cœur des discussions de Nice, la gouvernance de l’océan. C’est tout le sens du premier engagement pris par les États présents à l’UNOC3. Cette gouvernance doit reposer sur une meilleure coordination des cadres existants, notamment ceux découlant de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, des organisations régionales de gestion de la pêche et des accords internationaux sur la biodiversité. Elle devra aussi intégrer davantage les autorités régionales et locales, les peuples autochtones et les communautés littorales.

Un effort particulier est exigé pour mettre en œuvre, dans les meilleurs délais, le traité sur la biodiversité en haute mer (BBNJ), adopté en 2023. Ce texte constitue une avancée majeure pour la protection des zones au-delà des juridictions nationales, en matière de création d’aires marines protégées, de partage des ressources génétiques marines et de transparence dans l’accès aux données. Nice a également permis de réaffirmer l’urgence de lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Cette pratique déstabilise les écosystèmes et les économies locales. La communauté internationale s’est engagée à renforcer les contrôles, moderniser les outils de surveillance, améliorer le partage d’informations et garantir la transparence sur toute la chaîne d’approvisionnement des produits de la mer.

Financer et diffuser la connaissance de l’océan

À ce jour, selon Reporterre, 99,999 % des grands fonds restent inconnus, alors qu’ils abritent une biodiversité et des ressources considérables. Tous les participants se sont accordés sur la nécessité de renforcer massivement les efforts de recherche et d’observation océanique. Cela signifie soutenir les infrastructures scientifiques existantes, en particulier le Système mondial d’observation de l’océan, développer les capacités des pays en développement et améliorer la collecte de données. Mais cela implique aussi un accès équitable aux connaissances. Il est désormais impératif de créer des conditions permettant à tous les pays, en particulier ceux du Sud, de participer à la production scientifique et d’utiliser les données disponibles pour orienter leurs politiques publiques.

L’UNOC3 a également mis en avant l’importance des savoirs traditionnels, notamment ceux portés par les peuples autochtones, comme sources précieuses de compréhension des écosystèmes marins. La recherche académique et les connaissances locales doivent se croiser pour construire des politiques efficaces, ancrées dans les réalités du terrain. Les États ont aussi réaffirmé leur volonté de protéger les scientifiques dans l’exercice de leur mission, en garantissant leur sécurité physique et intellectuelle, surtout dans les contextes sensibles. Enfin, l’UNOC a renouvelé son soutien à la Décennie des sciences océaniques pour le développement durable, en appelant à multiplier les initiatives, les coopérations internationales et les financements dans ce cadre.

Mobiliser des financements 

Pour que les ambitions de l’UNOC3 se traduisent en résultats, le financement apparaît comme un levier décisif. Les États ont pris acte du sous-financement chronique de l’action en faveur de l’océan et se sont engagés à renverser cette tendance. La mobilisation de ressources, qu’elles soient publiques ou privées, nationales ou internationales, doit être portée à une nouvelle échelle. Le sommet de Nice a souligné l’importance de développer des instruments financiers innovants, comme les obligations bleues, qui permettent de flécher l’investissement vers des projets de protection et de restauration des écosystèmes marins.

Les États ont également rappelé l’importance de supprimer progressivement les subventions néfastes à l’environnement marin, en particulier celles qui encouragent la surpêche ou la dégradation des habitats. Le soutien renforcé aux pays les moins avancés et aux petits États insulaires constitue un autre engagement fort, en lien avec les objectifs de justice climatique et de solidarité internationale. Enfin, les participants ont fixé un objectif ambitieux mais nécessaire : parvenir à la décarbonation complète des activités maritimes d’ici 2050, en transformant profondément les modèles de transport, de pêche, de tourisme et d’industrie en mer. 

Protéger l’océan de la pollution

La pollution sous toutes ses formes est l’un des facteurs majeurs de dégradation de la santé des océans. À Nice, l’attention s’est portée tout particulièrement sur la pollution plastique, qui affecte l’ensemble des chaînes alimentaires marines et menace les écosystèmes jusque dans les grands fonds. Les États ont réaffirmé leur volonté d’aboutir à un accord international juridiquement contraignant sur les plastiques, couvrant l’ensemble du cycle de vie de ces matériaux, de leur conception à leur recyclage. 95 pays ont signé l’Appel de Nice pour un traité ambitieux contre la pollution plastique. Chaque année, 460 millions de tonnes de plastique sont produites, un chiffre qui pourrait tripler d’ici 2060 sans action. Cette déclaration commune appelle à réduire la production de plastiques, à interdire progressivement les produits les plus nocifs, et à améliorer leur conception. Elle propose également un financement adapté à la mise en œuvre du traité.

Mais la lutte contre la pollution ne s’arrête pas là. Elle concerne également les hydrocarbures, les produits chimiques, les déchets industriels et agricoles. Elle s’étend aux micropolluants qui affectent la reproduction et la santé des espèces marines. À Nice, les États ont également rappelé la nécessité de protéger les écosystèmes vulnérables, notamment les grands fonds marins. Parallèlement, la restauration des habitats côtiers – mangroves, récifs coralliens, herbiers marins – a été présentée comme une priorité d’adaptation et de résilience face aux impacts du changement climatique.

Accélérer l’implication des territoires

L’un des aspects les plus remarqués du sommet de Nice a été la reconnaissance explicite du rôle crucial des territoires dans la transition bleue. Loin d’être une affaire réservée aux diplomates, la protection de l’océan dépend de la capacité des collectivités, des régions, des aires marines protégées et des autorités portuaires à agir ensemble. L’UNOC3 a encouragé une meilleure articulation entre les niveaux local, national et international. Elle a salué les initiatives territoriales exemplaires et a appelé à les soutenir davantage, en particulier dans les régions les plus exposées.

Les coopérations entre bassins océaniques – qu’il s’agisse de la Méditerranée, du Pacifique, de l’océan Indien ou de l’Atlantique Sud – ont été identifiées comme des leviers puissants d’action intégrée. Le partage d’expériences, la mutualisation des moyens de surveillance, la solidarité logistique et scientifique ont été mis en avant comme des vecteurs de diplomatie bleue. 

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