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6 mai 2024

Yves Duteil dit « Les choses » à Nice

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yv3.jpg Il énerve Renaud parce que quand on lit ses textes, on a l’impression de les chanter.
Il est comparé à Georges Brassens et sa chanson «Prendre un enfant par la main» a été élue la chanson du XXième siècle par les français. « Il », c’est bien évidemment Yves Duteil, un quinquagénaire aux yeux indigo qui a fait chanter tous les enfants de France et d’ailleurs.

La première constatation qu’eut le public de la Fnac, vendredi 5 mai, c’est : « Il n’a pas changé ». Oui, Yves Duteil n’a pas changé, il est resté le même : un humaniste généreux, pudique et tolérant, un homme compréhensif, authentique, plein de compassion et pas fier pour deux sous comme l’a décrit un certain Bernard, un adversaire malheureux qui lui a écrit une lettre. Les lettres ? C’est qui composent son livre dans lequel il écrit « Les choses qu’on ne dit pas » à ses parents, à Dieux, à …..

Rencontre donc avec « un défenseur de la beauté du français, un amoureux du français vivant » comme il aime se décrire.


Nice-Première : A l’origine le titre de votre livre « Les choses qu’on ne dit pas »est le titre d’une de vos chansons. Comment transforme-t-on une chanson en un livre ?

Yves Duteil : En allant un peu plus loin, en se libérant des contraintes de la musique et de la versification. On se sent beaucoup plus libre dans l’écriture de la dimension de la lettre qu’on va écrire, puisque c’est un livre de lettres. On a trouvé le titre après l’écriture du livre. Le titre, c’est un peu imposé alors que toutes les lettres étaient écrites.

N-P : Pourquoi publier ce livre aujourd’hui ?

Y.D. : C’est maintenant que Jean Daniel Belfond, l’éditeur de l’archipel, m’a proposé ce principe de livre de lettres et c’est ça qui a déclenché l’envie d’écrire. L’idée m’a séduit d’exprimer à travers des lettres adressées à des personnes ou à des choses qui font l’essentiel de ma vie. Ce sont des lettres qui personnifient les choses et qui s’adressent aux êtres. L’idée était très séduisante parce que c’est une façon d’écrire et de décrire une vie sans parler de soi, ce qui est à l’inverse d’une démarche habituelle.

N-P : De quel manière avez-vous choisi les destinataires de vos lettres ?

yd2.jpg Y.D. : De façon complètement arbitraire. Au départ, on a fait une vague liste puis je me suis inspiré de l’humeur pour écrire telle ou telle lettre que je piochais dans la liste. Au début, j’avais une quinzaine de lettres et à l’arrivée il y en a 43. Le livre s’est étoffé de lettre en lettre, de jour en jour. Par exemple «La lettre au chocolat», je vais chanter ce soir avec un ami qui est corse et avec qui je fais souvent de la musique par plaisir tard dans la nuit. Pendant ces soirées, il y a toujours une tablette de chocolat sur la table. Un soir ; Jean Pierre me dit : « Tu devrais écrire une lettre au chocolat » et la lettre a été faite le lendemain. C’est venu à la fois en prévision et un peu à l’inspiration du moment.

N-P : Cette année, le 11ème festival du livre de Nice a pour thème la correspondance. Quelle place pensez-vous qu’elle a au XXIème siècle ?

Y.D. : Elle a une grande place. Elle prend divers forme, très différente selon les goûts parce qu’on a diversifié la façon d’écrire. Avant on écrivait une lettre ou on ne l’écrivait pas. Aujourd’hui, on peut écrire des emails, on peut envoyer un fax, on peut émettre un SMS et chacune de ses lettres qu’elles soient petites ou grandes, profondes ou légères, trouve et prend sa place. Ce sont des façons de développer la correspondance d’une autre manière. Le SMS avec des mots abrégés, des petits signes d’affection, le fax a une façon plus administrative, l’email peut devenir un lien familial à travers la planète entre les gens qui sont séparés et qui peuvent communiquer instantanément. C’est extraordinaire d’avoir ça à sa disposition. La correspondance se développe.

N-P : En un mot, comment définirez-vous :

Y.D :

Fax : Magique

Email : Instantané

Texto : Rigolo

Papier à Lettre : Sensuel

N-P : Votre avant dernier album s’intitulait « Touché », pourquoi ?

Y.D. : C’était une façon de parler d’émotion, de sujets qui vous touchent et vous interpellent. Dans cet album, des chansons comme « Dreyfus » sont des chansons qui étaient un peu en emprise avec l’actualité. « Touché », c’était une façon d’exprimer qu’on est touché par ces chansons. J’arrivais à toucher des sujets d’actualité, toucher du doigt des choses importantes, toucher, c’est aussi, l’idée d’une cible blessée par l’existence. C’est plein de choses à la fois. Et le dernier album s’est appelé « Sans attendre », c’était aussi une façon de remettre en ordre les priorités de l’existence.

N-P : Quand on pense à Yves Duteil, automatiquement on fredonne « Prendre un enfant par la main » qui a été écrite pour votre fille ou aussi « Pour tous les enfants du monde entier », comment est née cette chanson ?

dd.jpg Y.D. : Elle est née d’une révolte en voyant les enfants d’Iran en guerre contre l’Irak à l’époque, défilés au pas cadencé avec un fusil sur l’épaule, le sourire au lèvre en étant persuadés qu’ils allaient gagner le paradis dont on avait confié la clé autour du coup, qui était une clé en plastique. Envoyer les enfants à la boucherie m’a tellement révolté que j’ai écrit cette chanson. En fait c’est une lettre que j’adresse au chef d’Etat, au roi, au président, à tous les maîtres de la Terre pour qu’ils aient une réminiscence de leur esprit.

N-P : Que pensez-vous de la nouvelle chanson française ?

Y.D. : La chanson telle qu’elle est aujourd’hui dans la forme la plus riche, c’est une chanson issue de la scène. C’est Mathieu Chedid, Bénabar, Carla Bruni, Raphael … ce sont des gens qui ont une authenticité et simplicité de leur écriture. Ils ont une richesse qui est comme un arbre qui cache la forêt c’est-à-dire on parle toujours des même. Il existe des nouveaux talents qui émerge mais je pense que la vitrine n’est pas assez grande pour les refléter tous donc on en prend simplement quelques un qui servent de caution pour tous ceux qu’on ne voit pas, tous ceux qu’on n’entend pas et qui parfois ne sera pas produit faute de vitrine. C’est tout à fait anormal que les radios n’aient que 20 titres de playlist, c’est tout a fait anormal aussi qu’il ne reste que 600 points de vente de disque en France alors que pour le livre, il y en a 1 200. C’est un paradoxe. Ce n’est pas possible que ça dure donc il faut une nouvelle vitrine pour la musque. C’est ce qui manque le plus. Et je crois que cette vitrine aujourd’hui c’est Internet. Je me bats pour que, demain, Internet puisse être un lieu d’échange équitable entre les internautes et les artistes. Pas à sens unique ! Pas juste le téléchargement gratuit en prétendant que ça va donner une espèce d’exposition des artistes. Je pense qu’il faut qu’Internet devienne à la fois la vitrine et la boutique car aujourd’hui, des boutiques, il n’y en a plus. On ne peut acheter des disques que par Internet si on veut vraiment avoir le disque qu’on recherche parce que le linéaire des magasins est réduit à sa plus simple expression. Il y a de moins en moins de magasin de disque donc il faut qu’il ait impérativement des boutiques virtuelles qui vendent réellement des disques. Il faut donc instituer un téléchargement équitable autant pour les internautes que pour les artistes.

N-P : La plus part de la population vous connaît dans le rôle d’auteur, compositeur, interprète mais Yves Duteil c’est aussi le maire de Precy Sur Marne. Pouvez-vous nous présenter votre commune ?


Y.D.
: Notre commune a la chance d’être situé entre la Marne et le Canal du Lourd, deux très beaux paysages. Il est prisé par les cyclistes qui font le tour de la Marne. Precy Sur Marne est un village qui n’a pas beaucoup de richesses mais il a son paysage, son aspect traditionnel qui fait de ce village une vitrine de ce que sera le passé dans l’avenir. C’est-à-dire un village traditionnel pas abîmé par la folie de l’urbanisme et préservé avec un souci pour l’environnement. Nous avons un très beau et magnifique lac qui fait 30 hectares. Il y a des oiseaux et nous allons essayer de le transformer en réserve ornithologique. C’est un des défis que l’on se donne pour l’avenir. En tous cas, c’est un village si simple avec son église, ses maisons. Son originalité, c’est d’être préservé. C’est un joli village !

N-P : Que vous inspire la Côte d’Azur ?

Y.D. : Ah, la Côte d’Azur m’inspire beaucoup de respect. C’est la porte de la méditerranée. C’est la terre qui fait face à la Corse. C’est une terre d’adoption pour moi. J’ai beaucoup d’amis dans la région, vous venez d’en voir un qui vient de s’asseoir à côté de moi. Ce sont des lieux pour moi qui sont synonymes d’amitié, de soleil, évidement mais ça, ça n’étonnera personne, de bonne cuisine, de rendez-vous gourmand et source de bien être et de quiétude.

N-P : Pour terminer, si je vous dis : « Premier ou Première », à quoi ou qui pensez-vous ?

Y.D. : euh ….. Ma première chanson.

Site Internet : www.yvesduteil.com/

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