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29 mars 2024

Willy Rizzo : Le double regard d’un photographe et designer de renommée mondiale

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Changement total de décor pour cette nouvelle exposition temporaire au Grimaldi Forum. Après le noir imposé par la mise en lumière des magnifiques pièces de la collection Baccarat, place à la luminosité et les couleurs de cette double exposition sur Willy Rizzo qui nous offre la sensation de pénétrer dans le « loft » de ce napolitain de génie et d’exception.

Il n’aurait peut-être pas fait cette carrière de photographe si sa mère ne lui avait pas offert un « Box Agfa » à l’âge de 12 ans avec lequel il concrétisa sa passion de la photo en commençant par faire le portait de ses camarades de classe du lycée italien de la rue de Sedillot à Paris. C’est ainsi qu’il fait partie des photographes de renom qui avaient 20 ans sous l’Occupation. En 1944 il achète au marché noir son premier Rolleiflex, un des appareils mythiques pour tous les esthètes et puristes. Avec son vélo il fait le tour des studios de cinéma de la région parisienne, photographie les vedettes et futures stars. Quelques années plus tard, il se retrouve à couvrir le fameux procès de Nuremberg mais n’apprécie pas du tout d’être dans une foule de photographes qui font le même cliché.

couleurs et luminosité au menu (photo Philippe Dejardin)
couleurs et luminosité au menu (photo Philippe Dejardin)

Il veut être différent. Son coup d’éclat, un reportage en Tunisie où il photographie à la tombée du jour – pour avoir une lumière basse et différente- les chars calcinés sur les champs de bataille, résultat spectaculaire qui lui attire les colonnes du prestigieux Life Magazine. Après la Guerre, c’est France Dimanche qui l’engage et il couvre le premier Festival de Cannes sans limitation de frais ! Un tableau de chasse impressionnant qui lui donne l’envie d’aller en Amérique, toujours pour les stars. Lorsqu’il rentre en France en 1949, il se retrouve embarqué dans la grande aventure de Paris-Match dont il fait la première couverture en couleurs avec un cliché sur Winston Churchill.

Vous pourrez découvrir à Monaco un certain nombre de portraits de personnalités qu’il a su saisir dans des instants exceptionnels comme cette photo du Pape Pie XII en 1952. A la fin d’une audience semi privée il a l’outrecuidance de faire part de son mécontentement au Saint Père par rapport à son travail de journaliste-photographe, les clichés étant réservés au photographe officiel du Vatican. Prié (eh oui je l’ai faite) de quitter les lieux- sans délai- par le curé en charge de la presse et le Cardinal, il est rattrapé avant la sortie par un autre prêtre qui l’informe que Pie XII l’attend sur sa terrasse privée. Il réalise des clichés uniques qui lui valurent (et lui valent sûrement encore aujourd’hui) la rancœur du photographe attitré du Vatican. C’est encore à Rome que son destin de designer va se révéler, encore sur un coup de hasard… Son épouse du moment Elsa Martinelli, mannequin et actrice y travaille et lui aussi mais pour Paris-Match. Pendant qu’elle se trouve chez son coiffeur autour de la Piazza di Spagna, il lui vient l’idée de chercher un appartement dans ce quartier. « Mission impossible, il faudrait un miracle pour en trouver un » lui dit-on mais en insistant auprès de l’agence, on lui montre un local désaffecté au deuxième étage sans aucune commodité mais dont il tombe tout de suite sous le charme.

Une table de Willy Rizzo (photo Philippe Dejardin)
Une table de Willy Rizzo (photo Philippe Dejardin)

En moins d’une heure, la location était signée et il embauche un groupe d’artisans du quartier pour rendre habitable cet ancien atelier. Comme il n’aime pas du tout le mobilier scandinave qui est à la mode, il conçoit tout le sien, la décoration, en fait un appartement très chic et ses amis de cinéma sont éblouis, totalement séduits. On veut ce même style chez soi et la carrière de designer est lancée. Le succès est tel que l’équipe de huit employés va atteindre cent cinquante personnes.

On s’arrache ses meubles dans la jet-set, tout va bien mais il décide de revendre sa société en 1978, après la chute économique des studios Cinecitta et les problèmes de terrorisme. Retour à Paris et à sa première passion la photographie. Ses meubles sont parfois réédités mais en toutes petites séries et accompagnés d’un certificat d’authenticité. On peut les trouver dans quelques lieux (1) et vous pourrez en voir un échantillon lors de cette exposition monégasque.

Willy Rizzo interrogé par Emmanuel Maumon, un de nos confères (Photo Philippe Dejardin)
Willy Rizzo interrogé par Emmanuel Maumon, un de nos confères (Photo Philippe Dejardin)

Avec son passé, son palmarès photographique, son carnet d’adresses et ses amitiés nouées depuis, il collabore toujours à Match et continue d’immortaliser les personnalités de tous horizons mais principalement de la mode, du show-biz et du cinéma, lui qui s’est même offert le « luxe » d’une brève mais très remarquée apparition en tant que « parrain » dans le film « Hoffa » aux côtés de Dany DeVito et de Jack Nicholson !
L’exposition sur Willy Rizzo est dans la lignée des expositions du printemps qui sont consacrées aux photographes de renom dans la Grande Verrière du Grimaldi mais là vous aurez en plus celle d’un designer pas du tout comme les autres. Ne boudez pas votre plaisir ou votre soif de découverte car c’est gratuit.

Willy Rizzo « Photographe et Designer » jusqu’au 9 avril

Grande Verrière du Grimaldi Forum

10 avenue Princesse Grace – 98000 Monaco
Horaires : Tous les jours de 12h à 19h

(1) Galeries Mallet à Londres et New York (meubles et photos), Paul Smith à Londres (meubles et photos), Polka Galerie et Galerie Agathe Gaillard à Paris et Stanley & Wise Gallery à New York (photos). Opera Gallery à Monaco (meubles)

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