Une fresque monumentale pour éveiller les consciences a été créé sur l’avenue du XVème Corps, à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan.
Alors que la 3ème Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC) est arrivée à sa fin à Nice, l’art prend la parole… sur les murs. Vendredi le 13 juin sur l’avenue du XVème Corps, une fresque monumentale vient de « naître » sous les pinceaux du collectif Whole Street, avec le soutien d’organisations internationales comme PangeaSeed Foundation et le Monterey Bay Aquarium. Une œuvre engagée, poétique, pour rappeler à quel point l’avenir de l’humanité est lié à celui de l’océan.
Une scène entre lumière et ténèbres
Intitulée « Interconnected Waters« , la fresque signée par l’artiste niçois Thomas Debatisse met en scène une femme lumineuse, incarnant la nature, tendant la main à un homme qui dérive dans l’obscurité. Un appel visuel à l’union entre l’humain et la mer.
« Ce projet parle de l’interconnexion entre les océans, mais aussi entre l’homme et l’océan, décrit l’artiste. L’homme plongé dans les ténèbres symbolise l’humanité face aux enjeux actuels, comme la pollution plastique. La femme, entourée de poissons, dans la lumière, représente un peu d’entité de déesse de la nature. Elle est entourée des poissons et notamment des petits poissons bleus. C’est une référence à Blue Economy « – une nouvelle économie marine respectueuse de l’environnement.
Avec ses 20 ans d’expérience, Debatisse a peint presque seul cette fresque en trois jours. Il confie que ce projet l’a amené à interroger sa propre pratique artistique : « même ma peinture pollue, et ça m’a fait réfléchir. Comment adapter mon art pour qu’il soit plus respectueux des océans et l’environnement ? «
Dans le même esprit, l’artiste d’origine niçoise aussi, Jen Miller, a réalisé une deuxième fresque sur les murs du Palais des Expositions, poursuivant ce dialogue visuel entre nature, mer et humanité.
Un message porté au-delà des murs
Ce projet a vu le jour grâce à la collaboration entre Whole Street, que dirige Thomas Debatisse, et la fondation internationale PangeaSeed, spécialisée dans les campagnes de sensibilisation via le street art à travers le monde. Pour cette fresque, ils ont pu compter sur le soutien exceptionnel du Monterey Bay Aquarium, un acteur majeur de la protection des océans basé aux États-Unis.
Eleanore Humphries, directrice de la Politique Fédérale et Affaires Gouvernementales au sein de Monterey Bay Aquarium en Californie, a fait le déplacement à Nice : » je suis surprise, émue, et ravie par cette opportunité d’être ici. Soutenir ces artistes a dépassé toutes nos attentes. C’est une chance de toucher le public autrement, de façon émotionnelle.«
Elle poursuit : « Nous savons que pour motiver des changements, jusqu’aux plus hauts niveaux comme les Nations Unies, il faut d’abord que les gens se sentent connectés à la nature. Cette fresque est un moyen unique d’y parvenir.«
L’art comme pont entre politiques et citoyens
Pour l’aquarium, qui milite à l’échelle mondiale pour des solutions durables, la fresque niçoise est une première intervention artistique en espace public à l’étranger. « Nous avons voulu appuyer les artistes locaux dans cette démarche, car la sensibilisation ne doit pas seulement venir des politiques, elle doit aussi toucher le cœur du public.«
Thomas Debatisse, lui, espère que ce mur deviendra un rappel quotidien :
« l’idée, c’est que même coincé dans les bouchons, quelqu’un regarde ce mur et se dise : tiens, l’océan… C’est vrai qu’il faudrait que je change quelque chose.«
Une fresque, un symbole
Ce projet symbolise une rencontre inédite entre le monde de l’art urbain niçois et des institutions internationales mobilisées pour les océans. Et si une fresque murale ne changera pas le monde à elle seule, elle pourra, à sa manière, réveiller des consciences.
« On a tous un rôle à jouer pour un avenir durable, rappelle Eleanore Humphries. Que vous soyez artiste, citoyen ou décideur, chacun peut contribuer, à son échelle, à reconnecter les autres à l’océan, dans leur cœur, leur esprit, et même dans l’économie.«