Le Nice Classic Festival se termine le 9 août après trois semaines de concerts mêlant musique classique, créations sonores et jeunes talents. Cette édition rend hommage à la mer, en lien avec cette année thématique à Nice.
Depuis le 22 juillet, le Nice Classic Festival déploie sa programmation entre lieux patrimoniaux et atmosphères intimistes. Cette édition 2025, qui s’achève le 9 août, s’inscrit dans l’Année de la Mer, lancée cette année à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur les Océans qui s’est déroulée à Nice. Sous la direction artistique de Marie-Josèphe Jude, pianiste et pédagogue reconnue, le festival met en lien musique, nature et conscience écologique.
Plus de vingt concerts ont rythmé ces trois semaines. Des œuvres emblématiques de Vivaldi, Ravel ou Satie ont dialogué avec les créations sonores de notre temps. L’Académie Internationale d’Été de Nice, qui fête sa 68ᵉ édition, joue un rôle central : ses jeunes musiciens sont présents à chaque étape. L’ambition est claire : créer un espace de transmission, de rencontre et d’émotion, tout en restant accessible.
« La fine fleur des musiciens français en récital, en musique de chambre, avec également l’Orchestre Philharmonique de Nice, pour faire résonner les œuvres emblématiques en lien avec la nature de Ravel, Satie, Vivaldi, Boulez… et beaucoup d’autres ! », soulignait Marie-Josèphe Jude.
Une fin de festival sous le signe de l’immersion
Ce jeudi 7 août marque un tournant dans la programmation. À midi, David Saudubray donne un récital de piano à l’auditorium du musée Matisse. Dans ce lieu calme et climatisé, le public pourra entendre deux cycles majeurs du romantisme allemand : les Klavierstücke de Brahms, écrits en fin de vie, et la Kreisleriana de Schumann, œuvre nerveuse et hantée.
À 17 heures, changement d’ambiance au Conservatoire de Nice. Deux pièces électroacoustiques y seront proposées en écoute immersive. Requins de Michel Pascal, d’abord. Conçue dans les années 1990 pour l’aquarium géant de Nausicaa, cette œuvre évolue dans un espace sonore à 360°, avec 32 pistes audio. Le public, placé au centre, peut moduler l’environnement sonore, créer des effets de profondeur ou d’éclatement. Sons de vagues, cris d’oiseaux et nappes électroniques enveloppent les auditeurs dans un paysage mouvant, entre tension et apaisement.
La seconde œuvre, Théories sous-marines, de Theodoros Lotis, adapte au même dispositif une composition stéréo de 2002. Cette pièce interroge la répartition du son dans l’espace. Elle joue sur les textures, les masses, les éclats. La musique semble parfois s’éloigner, se rapprocher, se diluer. Elle ouvre des images mentales proches de la lumière ou du vent.
Denis Smalley, musicologue, écrivait à propos de cette œuvre : « nous accumulons une image mentale de l’espace et de la vastitude, à mesure que nous observons ces comportements et que nous absorbons l’accrétion de ces détails microcosmiques. » Une manière de voir la musique comme une exploration sensible du monde.
La journée s’achève à 20 heures au cloître du Monastère de Cimiez avec Chemins de saisons, un programme autour des Cuatro Estaciones Porteñas de Piazzolla. Le lieu, rarement ouvert au public, offre une acoustique naturelle propice à la musique de chambre. Les artistes présents – Pierre Génisson à la clarinette, Geneviève Laurenceau au violon, Julien Beaudiment à la flûte, Delphine Haidan au chant, Alaïa Michon à l’accordéon et Marie-Josèphe Jude au piano – alternent entre lyrisme et rythmes tangueurs. Le cloître devient, pour un soir, un carrefour entre l’Argentine et la Méditerranée.
Derniers jours entre romantisme et transmission
Vendredi 8 août, retour au piano solo à 12 heures à l’auditorium Matisse. Le récital de Gaspard Dehaene, centré sur Chopin, promet un moment suspendu : valses, nocturnes, scherzos s’enchaîneront pendant une heure.
À 20 heures, le même jour, le festival propose La nuit du piano au cloître de Cimiez. Cinq pianistes se succèdent – Pascal Rogé, Elena Font, Akiko Ebi, François Chaplin et Johan Schmidt – dans un programme où Debussy, Rachmaninov et Ravel font entendre leurs voix contrastées. L’événement se termine avec Ma mère l’Oye, conte musical de Ravel. Le dernier mouvement, Le Jardin féérique, ferme le rideau sur un monde d’images et de sons.
Le samedi 9 août à 18 heures, le concert de clôture réunira les étudiants de l’Académie d’été au cloître. L’entrée est gratuite. Ce rendez-vous annuel permet de découvrir les jeunes interprètes formés pendant les master-classes. Piano, violon, flûte, guitare ou chant, toutes les disciplines sont représentées.
La politique tarifaire du festival reste fidèle à son engagement d’ouverture. Tous les concerts sont gratuits pour les moins de 25 ans. Un Pass Ultime à 150 € permet d’assister à l’ensemble des rendez-vous. Pour les autres, les prix vont de 15 à 29 euros, selon les lieux et les formats. La billetterie est disponible sur le site du Nice Classic Festival. Les réservations se font sur le site Hello Asso.
À la musique s’ajoute l’art de vivre local. Le festival met à l’honneur la Cuisine Nissarde, avec le soutien du label officiel, et propose les vins du Château Roubine. Des partenariats qui prolongent l’expérience, entre goût, écoute et partage.
L’ancrage patrimonial, la présence de la mer comme fil conducteur et la diversité des formes – du récital à l’installation immersive – font du Nice Classic Festival un rendez-vous à la fois exigeant et ouvert. Une invitation à écouter autrement.