

Dans cette rêverie cauchemardesque, le salut viendra d’un personnage féminin, « énigmatique » à souhait, venu délivrer au héros fatigué un message porteur d’espoir. Avant d’en décrypter le contenu, de comprendre sa signification qui opère comme annoncé la régénération salvatrice, avant tout simplement de l’accepter, Théo, le personnage principal devra affronter maints obstacles : ceux en premier lieu de sa propre ignorance, de son refus de se laisser emporter, décentrer par rapport à lui-même et à sa petite vie tranquille. Trop de remises en question, de comportements à modifier, de perceptions des autres à changer tout en se proposant « autrement » à son entourage. Mais l’Ange de la baie s’acharne avec une divine bienveillance. Chaque rencontre inattendue provoque chez Théo une crispation intérieure, une « lutte étrange avec son démon » comme aurait pu l’écrire Stephan Zweig. A chaque fois, l’Ange lui délivre un message accompagné d’une plume blanche dont on comprendra la signification dans un ultime rebondissement.
Théo incarne en quelque sorte un personnage comme n’importe lequel d’entre nous. Il cherche à donner à sa vie un sens qu’il aurait comme perdu en route, à force de reniements et de buts à atteindre à tout prix. Sans le savoir, Théo profite d’un entourage dont les conseils correspondent aux finalités du dessein angélique. Louis, vieux libraire et homme des livres agit comme un sage doublé d‘un initiateur. Il prépare le terrain, avertit des incertitudes des épreuves, encourage pour aider l’impétrant à vaincre ses inavouables résistances.

Daniel Servella ne considère-t-il pas après tout la mort comme un envol ?
Daniel Servella, « L’ange de la baie », éditions Mélis, 2006, 229 p., 17 Euros.

