


Chacun réagit à sa manière, s’interroge sans fin, pour finir à réapprendre à vivre. Mais revenir de deuil, c’est un peu comme revenir de voyage : Ismaël (Louis Garrel), l’anti-héros de l’histoire, sorte de fils naturel d’Antoine Doinel, en fera l’expérience. Il ne sera plus jamais le même homme.
Du jeune cinéma français, sincère et ambitieux : on en redemande.
Deux films au programme de cette quatrième journée de Festival : la dernière production des frères Coen et un film coréen.


En fait, les frères Coen revisitent le western-spaghetti : même passion pour les gueules et les trognes, même goût de la violence stylisée, même fascination pour les déserts surchauffés, même humour (« – Si je meurs, dis à ma mère que je l’aime. – Mais ta mère est morte ! – Alors je lui dirai moi-même »). Même si, chez eux, la brute l’emporte haut la main, en éliminant les bons et les truands.
Un film jubilatoire, mais peut-être un peu trop parodique pour être à la hauteur de son ambition affichée.


Monsieur Jin est un goujat. Il trompe sa femme sans se cacher, tout en exigeant que celle-ci soit une épouse et mère modèle. Madame Yeon, forcément, pète les plombs et décide de séduire un condamné à mort afin de se prouver qu’elle peut encore compter aux yeux de quelqu’un. Ce qui donne quelques scènes incongrues mais d’une beauté sidérante, comme ces rendez-vous au parloir que la dame décore préalablement et successivement aux couleurs des quatre saisons.
Tout finira bien. Monsieur Jin, un brin jaloux, va retrouver le droit chemin et, après quelques galipettes carcérales, Madame Yeon va renvoyer le prisonnier à la concupiscence de ses voisins de cellule avant de rejoindre elle aussi le giron familial. Ce qui donne une scène finale d’anthologie : la petite famille chantant à tue-tête dans la voiture le célèbre « Tombe le neige » d’Adamo… en coréen, bien sûr !
Un cinéma imaginatif, dérangeant, mais un peu trop excessif pour vraiment toucher. Cela dit, les acteurs et le metteur en scène seront à la fin de la séance gratifiés de la plus belle standing ovation depuis le début du Festival. Alors, wait and see…



