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23 avril 2024

Box-office: « Le dernier piano » de Jimmy Keyrouz

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Sélectionné à Cannes en 2020, porté par la musique de Gabriel Yared, « Le dernier piano » du Libanais Jimmy Keyrouz est un film sur ce que vivent, au quotidien, les syriens Paradoxalement, le film porte aussi de la douceur et de l’humanité.

Il y a des films comme ça qui vous ramènent à l’essentiel et vous font mesurer la vacuité de certains de nos problèmes. Le dernier piano est de ceux-là. Il frappe particulièrement en ce moment où notre actualité est dominée par une guerre inique et une page importante de notre vie démocratique.
Car en Syrie, c’est plus que la démocratie qui a disparu : c’est l’humanité, les talibans ayant banni toute culture, installé l’horreur, la brutalité, l’impossibilité de décider de son propre destin.

Tourné au Liban dans des décors qui reproduisent en numérique les rues dévastées et les maisons éventrées pour planter en nous la douloureuse épine du deuil de ce beau pays qu’était la Syrie, Le dernier piano raconte le quotidien d’un peuple écrasé, le système D, la survie. Le film se déroule en 2014.
Karim, jeune pianiste, vit dans une cache en compagnie d’une vingtaine de voisins. En dépit du danger mortel qu’a installé l’interprétation erronée et haineuse de la religion par les djihadistes, la vie continue. Les vieux jouent au jacquet, des femmes cuisinent ou font de la couture, la cousine de Karim prépare un examen de droit qui lui permettrait, avec beaucoup de chance, de partir pour l’Europe. Lui, dès qu’il en a l’occasion, instille calme, sérénité et mélancolie grâce à Schumann ou Chopin.

Sa seule issue à la barbarie, serait de trouver la somme demandée par le passeur pour fuir vers l’Europe. Mais il lui faudrait vendre le piano de sa mère. Lorsqu’Abdallah, un ancien copain du quartier passé du côté de la haine, tire à la kalachnikov dans l’instrument, Karim voit la voie vers la liberté se couper net… A moins qu’il parvienne à trouver des pièces de rechange. Mais pour ça, il lui faut se rendre à Ramza, une zone plus dangereuse encore. Pourtant, il y va et y rencontre une jeune résistante. Elle va le guider et lui faire comprendre qu’il est temps de relever la tête.

Le dernier piano a le premier mérite de nous plonger dans le quotidien d’un peuple dont on a tendance à oublier l’horreur vécue au quotidien. Entre la violence arbitraire des talibans et le pilonnage de l’armée syrienne, les chances de survie y sont drastiquement réduites. Et même si ce que le film montre, nous l’avons déjà lu dans la presse ou entendu à la télé (ces écoles coraniques où les djihadistes brûlent les livres d’Histoire ; ce jeune garçon qu’on précipite vivant du toit d’un immeuble parce qu’il a eu la malchance de tomber amoureux d’un autre garçon ; les exécutions sommaires, pour un regard), les voir se dérouler sous nos yeux change la donne. Il s’agit assez largement d’une fiction, mais elle est construite sur plusieurs faits réels.

Réalisé par le cinéaste libanais Jimmy Keyrouz, Le dernier piano est une œuvre belle et fulgurante qui nous place face à notre propre chance de vivre une vie où l’arbitraire est largement absent, où nous pouvons faire le choix de voter pour nos dirigeants, où nous ne manquons de rien. Que ce soit le Libanais Tarek Yaacoub (qui joue Karim), Rola Beksmati dans le rôle de la cousine Samar ou Sara Abi Kanaan qui est Maya la résistante, ils sont tous très justes.
C’est un grand film, utile de surcroît, auquel on pensera longtemps, principalement lorsque nous croiserons les visages graves de réfugiés syriens dans nos rues calmes et sereines.

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