

Paradoxe qui sied peut-être à cet opéra de Verdi : Rigoletto, histoire d’un bouffon de cour dont le nom même suggère une comédie légère, se révèle une terrible tragédie où s’entremêlent passions, trahison, pouvoir, amour filial, vengeance et assassinat. C’est dire.
L’ouverture ne laisse d’ailleurs aucune équivoque : en écoutant les premières mesures exécutées par l’orchestre philharmonique de Nice placé sous la direction de Marco Guidarini, les cordes sont sollicitées pour créer l’atmosphère de suspens qui précède une montée en puissance de l’ensemble de la formation symbolisant, dans sa tonalité musicale grave, un dénouement que l’on ne pressent pas heureux.

Revenons donc à la « générale » de dimanche soir. Rigoletto était ce héros tragique et central dont il n’est pas exagéré de dire qu’il a fait grand honneur à cette lourde charge. Même s’il n’y était pas obligé, comme cela a été précédemment expliqué, le baryton Carlos Almaguer devait se sentir suffisamment à l’aise pour offrir au public le meilleur de l’œuvre…et surtout de lui-même : une belle et large voix, bien « assise », alliant souplesse et maîtrise pour l’attirer sans aucun souci de transition heurtée dans des registres de jeux chantés aussi divers – et étonnement persuasifs – que ceux de l’amour, de l’angoisse, de l’imploration et de la colère aveugle. Magnifique « performance » s’il en est, largement ovationnée par un public reconnaissant. On relèvera le clin d’œil – certes appuyé – du metteur en scène Paul-Emile Fourny au Don Giovanni de Mozart. Les deux interventions sous une lumière blafarde du comte Monterone, lequel annonce, de sa magnifique voix de basse, la prophétique « Malédiction », rappellent, tant sur le plan scénique que vocal, l’imposante « statue du commandeur ».
Il est probable que les quatre représentations prévues à partir du 31 octobre donneront aux artistes l’occasion de montrer plus encore toute l’étendue de leurs capacités de chanteur et d’acteur. Emmené par un Rigoletto aussi magistralement prometteur, cette production de l’Opéra de Nice devrait finalement connaître auprès du public un succès véritable et mérité.
Rigoletto, Opéra en 3 actes de Giuseppe Verdi
Mercredi 31 octobre, 20h ; Vendredi 2 novembre, 20h ; Dimanche 4 novembre, 14h30 ; Mardi 6 novembre, 20h ;
Location- Renseignement : 04 92 17 40 79






