Hommage à trois “petites chéries” de la Côte d’Azur : Brigitte, Mylène, Michèle, à l’Espace Lympia

Véritables icônes, symboles d’une France où le cinéma est à un tournant de modernité, le journaliste et écrivain Henry-Jean Servat rend hommage à Brigitte Bardot, Mylène Demongeot et Michèle Mercier dans une exposition intitulée : Brigitte, Mylène & Michèle – Les petites chéries de la Côte d’Azur

Dans les années 60, la femme devient plus libre, audacieuse, sensuelle. Une BB élégante et enjôleuse, une Mylène mutine à la moue boudeuse, une Michèle Mercier mystérieuse et glamour.

Tout au long du parcours de l’exposition, photos prises sur le vif des tournages ou dans les studios Harcourt, affiches et extraits de films évoquent la blondeur sulfureuse de BB dans Le Repos du guerrier, Une Parisienne ou encore Et Dieu… créa la femme de son mari de l’époque, Roger Vadim.

Les studios de Cinecittà ou ceux de la Victorine sont le théâtre rêvé de cette époque où l’on cultive le mythe du glamour à la française. Le commissaire de l’exposition, le médiatique Henry-Jean Servat, regorge d’anecdotes sur ces trois actrices qui bousculent les tabous et réveillent le cinéma français.

Anecdotes de tournage et mythes du cinéma

Saviez-vous par exemple que, lors du tournage du Mépris de Godard, celui-ci fait porter à BB, durant une bonne partie du film, une perruque brune en hommage à celle qu’il aime, Anna Karina, alors en train de le quitter pour Jacques Perrin ?

Dans cette exposition, on peut admirer raretés, prêts, dessins inspirés de photos ou illustrations, jusqu’à une œuvre composée spécialement pour l’hommage par l’artiste italien Guido Palmero : on y voit les trois stars à l’arrière de la célèbre voiture française 4L.

Si Brigitte fut la première à desserrer les carcans et les corsets, à en finir avec les beautés tirées à quatre épingles, embijoutées et drapées d’étoles de fourrure, Mylène Demongeot fut longtemps cantonnée à des rôles facétieux et fantaisistes, alors qu’elle aspirait à incarner des personnages cruels et durs. Elle débute pourtant en 1957 dans Les Sorcières de Salem, dans un rôle de servante de Nouvelle-Angleterre, intraitable.

Enfant de Nice, elle gravite dans le sillage de Brigitte Bardot, notamment dans Futures vedettes, où cette dernière est tête d’affiche. Elles sont amies, non rivales. Mylène admire Brigitte. Elles ne se quitteront jamais et partagent les mêmes valeurs, notamment la protection des animaux.

Mylène est engagée dans l’adaptation hollywoodienne de Bonjour tristesse, le premier roman à succès de Françoise Sagan. Prévue pour jouer en anglais aux côtés de David Niven, ce n’est finalement pas Brigitte Bardot qui lui donne la réplique, comme le souhaitait le réalisateur Otto Preminger, mais Jean Seberg, qui venait de tourner Sainte Jeanne avec lui. Les deux actrices apprennent chacune la langue de l’autre dans un grand appartement de Nice mis à disposition par la production, un rapprochement qui les marquera durablement.

Une scène de Bonjour tristesse se déroule à Saint-Tropez, là même où Brigitte avait tourné les scènes d’extérieur de Et Dieu… créa la femme. Le rôle de Mylène dans Sois belle et tais-toi de Marc Allégret, en ravissante idiote, restera un regret pour elle. Elle arrachera cependant celui de la cruelle Milady de Winter dans l’adaptation des Trois Mousquetaires de Bernard Borderie. Le producteur américain Paul Graetz lui propose ensuite Faibles femmes sous la caméra de Michel Boisrond. Elle est alors au sommet de sa popularité.

Plus tard, on la voit -comme on avait vu Bardot dans Et Dieu… créa la femme ou Michèle Mercier dans Soleil noir (1966)- entamer une danse de mambo survoltée face à un danseur noir, sur le pont d’un cargo rouillé, en petit short blanc et socques de bois, dans Sous dix drapeaux. Un summum de provocation pour l’époque. Des documents rares à ne pas manquer dans le parcours.

En réalité, toutes trois se rêvaient davantage étoiles de la danse qu’actrices. Michèle Mercier pratiquait jeune la danse à l’Opéra de Nice. C’est le hasard qui conduisit Michèle -Jocelyne de son vrai prénom- devant la caméra.

Angélique, rôle commun et destin croisé

Un dimanche, alors que Denys de La Patellière et Michel Audiard étaient en week-end pour repérer les décors de leur prochain film Retour de manivelle aux studios de la Victorine, ils furent victimes d’une indigestion. La pharmacie de garde était celle de Monsieur Mercier, avenue Jean-Médecin. Il leur apporta les médicaments, accompagné de sa fille. Âgée de bientôt 18 ans mais paraissant plus mûre, elle leur fit une forte impression par sa grâce, son élégance et sa voix posée. Ils l’engagèrent aussitôt pour jouer l’employée de la maîtresse de maison, interprétée par Michèle Morgan.

Le tournage eut lieu à la villa Ephrussi de Rothschild, à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Réticente à quitter le monde de la danse, Michèle dut éviter un premier écueil : pour ne pas se retrouver nue au lit avec l’acteur Daniel Gélin, réputé coureur, elle revêtit plusieurs petites culottes afin d’éviter de se déshabiller complètement lors des différentes prises.

Ce qui rapproche enfin les trois vedettes, c’est qu’elles ont toutes été approchées pour le rôle-titre d’Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie (le costume est exposé au premier étage).

Après le refus initial de Bardot, l’indisponibilité de Mylène et l’abandon de l’idée Marina Vlady, le producteur et scénariste Francis Cosne opte pour Michèle Mercier. Cette saga de cinq films d’aventures romanesques sur fond historique la popularise dans toute l’Europe.

R. Haugade

Exposition — Espace culturel Port Lympia

Adresse : 2, quai Entrecastaux, Nice
Ouverture : du mercredi au dimanche, de 10 heures à 17 heures jusqu’au 12 avril
Renseignements : 04 89 04 53 10 ou sur le site de l’Espace Lympia

Un livre accompagne l’exposition :
Les petites chéries de la Côte d’Azur, parce que nées ou révélées dans le Sud, Henry-Jean Servat, éditions Gilletta.

Le livre "Les petites chéries de la Côte d’Azur" avec les trois protagonistes en couverture illustrée de manière collorée.
Photo Département 06.

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