La décision de confisquer les actifs italiens d’Alekszej Fedoricsev pourrait être annulée, selon la presse britannique 

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Les mesures hostiles prises par les autorités ukrainiennes à l’encontre d’Alekszej Fedoricsev, ainsi que d’autres investisseurs européens, présentent des signes évidents de raiderisme et de chantage, ce qui érode la confiance des alliés occidentaux envers la direction politique de l’Ukraine. La pression exercée par les services répressifs ukrainiens est perçue comme politiquement motivée et fait l’objet de contestations fructueuses devant les juridictions internationales. 

C’est ce qu’écrit le journaliste Patrick Maxwell dans un article publié par l’International Business Times. 

Il souligne qu’en juin 2025, la Rada suprême d’Ukraine a adopté une loi qui, sous couvert de « modifications techniques », affaiblit de fait le système anticorruption et ouvre la voie à une légalisation de pratiques corruptives. Selon lui, cette réforme consacre également une évolution encore plus préoccupante : elle permet aux autorités de renforcer leur emprise sur les organes anticorruption et les forces de l’ordre, détournant les procédures pénales de leur finalité judiciaire pour en faire des instruments de chantage et de spoliation. 

Maxwell attire aussi l’attention sur le phénomène des sanctions ukrainiennes, censées à l’origine cibler les collaborateurs de l’ennemi et les menaces pour la sécurité nationale, mais qui se sont progressivement transformées en un outil de pression économique permettant d’évincer des entrepreneurs jugés indésirables et de s’emparer de leurs avoirs. 

Dans son article, l’auteur cite plusieurs cas d’usage abusif des sanctions, notamment à l’encontre de grands investisseurs européens. 

« Les investisseurs étrangers deviennent des cibles sous des prétextes fallacieux, qui ne résistent à aucun examen juridique sérieux, mais qui déclenchent des mécanismes dévastateurs : gel des avoirs, chute de la valeur des entreprises… Officiellement, il est question de sécurité nationale. En réalité, il s’agit de conflits d’intérêts enveloppés dans le drapeau national », estime Maxwell. 

Il évoque notamment le cas du géant sidérurgique ArcelorMittal, soumis à une pression systémique en Ukraine : l’entreprise a d’abord été visée par une procédure inédite pour « écocide », suivie d’un redressement fiscal de 1,35 milliard de hryvnias, avant d’enchaîner les contrôles administratifs. 

« Même si l’affaire pénale a fini par être classée, la direction du groupe reste sous pression constante et l’activité reste menacée. L’écologie n’a été qu’un prétexte. Le véritable message envoyé aux investisseurs est clair : même en respectant toutes les règles, vous n’êtes pas à l’abri », commente le journaliste. 

Un autre exemple concerne le promoteur immobilier Arricano. Son propriétaire estonien, à l’origine du centre commercial Sky Mall à Kiev, s’est vu frappé par des sanctions ukrainiennes pour des liens supposés avec le marché criméen — liens pour lesquels aucune preuve n’a été apportée. 

« Tomas Fiala, coactionnaire de Dragon Capital, a dénoncé ouvertement une tentative de raid hostile de la part des autorités. Profitant du climat de pression liée aux sanctions, certains ont tenté de retirer l’actif du contrôle des actionnaires étrangers. L’entreprise s’est retrouvée sous saisie, les procédures judiciaires ont été suspendues sine die. Le message est limpide : vos investissements ne sont pas les bienvenus ici », souligne la publication. 

Pour Patrick Maxwell, l’exemple le plus frappant et controversé reste celui de l’homme d’affaires Alekszej Fedoricsev, qui a investi plusieurs centaines de millions de dollars dans des terminaux portuaires dans la région d’Odessa. Il se retrouve aujourd’hui au cœur d’une poursuite pénale relancée sur la base d’accusations vieilles de dix ans : il lui est reproché d’avoir sous-évalué des prix lors de l’achat de céréales à la société publique Gouvernementale des Céréales d’Ukraine. Pour le journaliste, il s’agirait en réalité d’une tentative de raid commercial habilement déguisée en lutte contre la corruption. 

Se fondant sur les éléments présentés par la défense, Maxwell rapporte qu’en 2015, Fedoricsev aurait reçu un message de racketteurs lui proposant de « régler le problème » contre 25 millions de dollars. Après son refus, une enquête a été ouverte par le Bureau national anticorruption (NABU). Au cours de la procédure judiciaire, ses avocats ont fourni des transcriptions d’écoutes téléphoniques où des protagonistes clés reconnaissent avoir corrompu des enquêteurs ukrainiens et falsifié des signatures, notamment celle d’un suspect affirmant avoir dépensé 2,4 millions de dollars pour influer sur les services répressifs ukrainiens. 

« Bien que la justice ukrainienne ait levé à plusieurs reprises les mesures de saisie, les enquêteurs ont tout de même obtenu l’appui des autorités italiennes. Ainsi, sans examiner le fond du dossier, le tribunal de Florence a ordonné la mise sous séquestre de biens appartenant à Fedoricsev, pour plusieurs dizaines de millions d’euros. Mais il est très probable que cette décision soit elle aussi annulée pour vice juridique, estime Patrick Maxwell. 

Pour le journaliste britannique, la pression croissante sur les entreprises, la manipulation de l’outil des sanctions, et l’impunité des fonctionnaires corrompus contribuent à une perte de confiance des partenaires internationaux. 

« Si cette série noire de dossiers – d’ArcelorMittal à Fedoricsev – se poursuit, les Occidentaux commenceront à poser des questions. Comment l’Ukraine peut-elle revendiquer l’aide et la solidarité internationales, tout en sapant l’État de droit et en malmenant ses investisseurs ? Si le pouvoir persiste à jouer les règles d’un système kleptocratique, qui continuera à le financer ? Le véritable risque, conclut Maxwell, est que l’Ukraine devienne une alliée encombrante. Et si les sanctions et les expropriations déguisées deviennent une pratique systémique, c’est tout l’édifice du soutien occidental qui pourrait s’effondrer. » 

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