Depuis ces dernières années, le bien-être animal devient une question sociétale majeure. Sous l’influence des associations de protection des animaux, la législation et les pratiques évoluent dans nos élevages français. À l’heure où les consommateurs, les associations et les pouvoirs publics demandent davantage de transparence de la part de nos éleveurs, voyons comment les professionnels de l’agriculture s’adaptent pour répondre à ces nouvelles attentes.
Les évolutions sociétales qui bouleversent l’élevage
Savez-vous que selon un sondage IFOP de 2023, 82% des Français considèrent aujourd’hui que le bien-être animal doit être une priorité nationale pour les pouvoirs publics comme pour les acteurs du secteur agricole ?
Depuis quelques années, les consommateurs prennent conscience de l’impact de leurs modes de vie sur les méthodes d’élevage. Plus la demande des consommateurs augmente en matière de viande, plus l’élevage s’intensifie, en prenant parfois des tournures préoccupantes.
Cette prise de conscience pousse les institutions à réagir afin d’adopter des mesures qui incitent, voire obligent les agriculteurs à adopter des pratiques plus respectueuses du bien-être animal.
Une évolution poussée par des réformes législatives majeures
Depuis ces dernières années, les pouvoirs publics ont adopté un certain nombre de mesures pour améliorer les conditions de vie des animaux dans les élevages.
Prenons l’exemple des conditions de logement dans les élevages bovins. Les réformes ont notamment poussé les professionnels à investir dans l’aménagement des bâtiments d’élevage et des équipements plus sécurisés et qui garantissent un espace suffisant pour les animaux.
Le transport animal est mieux encadré afin de limiter le temps de trajet, et d’imposer des équipements de ventilation et d’hydratation.
Désormais, des caméras vont également être imposées dans les abattoirs. Plusieurs établissements testent actuellement ce dispositif qui garantit plus de transparence.
Des pratiques d’élevage qui changent sur le terrain
Toutes ces réglementations incitent les éleveurs et les fournisseurs d’équipement pour l’élevage à revoir leur organisation et leurs pratiques sur le terrain. La plupart des éleveurs s’engagent même à aller au-delà du cadre légal en intégrant volontairement des process pour améliorer les conditions de vie des animaux :
- L’accès au plein air dans les élevages ovins, bovins et avicoles pour proposer des produits de meilleure qualité avec des animaux qui s’épanouissent au grand air.
- Des espaces enrichis avec de la paille, des perchoirs, des bains de poussière pour les volailles, des éléments pour se gratter pour les bovins, voire de la musique pour détendre les animaux.
- Une alimentation de meilleure qualité pour des troupeaux en bonne santé et des produits de meilleure qualité.
- La prévention sanitaire pour éviter le recours systématique aux antibiotiques. Les suivis sont plus réguliers et le recours aux méthodes alternatives est privilégié.
Le rôle des labels et des certifications
Aujourd’hui, le rôle des labels dans la garantie de la qualité, de la traçabilité et du respect de l’animal est très important. En voici quelques exemples :
- Label Rouge : impose des conditions d’élevage supérieures aux standards conventionnels.
- AB (Agriculture Biologique) : garantit l’accès au plein air, une alimentation bio et un respect strict du cycle naturel.
- Label Bien-Être Animal (A à E), mis en place en 2018 : il classe les produits en fonction de critères objectifs, du logement au transport, et se généralise dans la grande distribution.
Selon le CRÉDOC, Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie en 2022, plus de 60% des Français déclaraient tenir compte des labels lors de leurs achats alimentaires.
De nouveaux défis pour les éleveurs
Améliorer le confort et le bien-être des animaux dans les élevages nécessite néanmoins des investissements dans une filière déjà sensibilisée : bâtiments plus spacieux, technologies de monitoring, adaptation des chaînes de production.
Pourtant, selon plusieurs études, plus de 70% des Français seraient prêts à payer 5 à 10% plus cher leurs produits s’ils avaient de meilleures garanties en matière de bien-être animal, de sécurité sanitaire, de traçabilité ou de valorisation de l’agriculture locale.
En France, le bien-être animal n’est plus une option. Si les défis économiques sont réels, les bénéfices le sont tout autant : une image positive auprès des consommateurs, une meilleure santé animale, et parfois même des gains en termes de performance pour les exploitations.