

Ce sont plus de soixante enfants qui, aujourd’hui, sont intégrés dans des clubs permettant ainsi , certes une socialisation de l’enfant autiste mais, tout aussi important, l’approche pour les « normaux » de côtoyer et d’apprendre à vivre à côté du handicap.
Retrouvons donc Julien qui va nous expliquer pourquoi et comment il a décidé de consacrer son temps pour transformer ce formidable essai.
Nice Premium : Julien, parles-nous de ton association ‘Un Club, un autiste » ?

Alors j’ai cherché à utiliser le mercredi après-midi pour permettre à Baptiste de rester au contact de la « normalité », facteur de socialisation. Proche d’un éducateur de l’école de rugby, on a tenté l’intégration de Baptiste avec l’aide d’un étudiant du STAPS. L’expérience a été si positive qu’on a décidé d’en faire un projet porté par une association : développer l’intégration d’un enfant autiste dans un club, d’où le nom « Un Club, Un Autiste »
NP : Comment devient-on Président d’une telle association ?
JS : Quand on est parent et qu’on a envie de faire avancer les choses. Avant d’avoir Baptiste, j’étais comme tous les Français, je ne connaissais rien au handicap en général. Je n’ai jamais côtoyé le handicap, ni à l’école, ni au collège, ni au lycée, ni à l’université, ni dans mon travail, ni en club… A cacher les handicapés, le France fait de ses citoyens des inaptes. Baptiste m’a ouvert les yeux. C’est pourquoi l’intégration des handicapés est un véritable défi notre pays. Une hypothèse : intégrons un enfant handicapé dans chaque classe de toutes les écoles de France.
Et bien dans 20 ans, vous avez une société transformée car vous aurez appris à toute une génération à se comporter de façon pertinente face au handicap. Ce n’est qu’une hypothèse car l’intégration nécessite des moyens et un savoir-faire. Une intégration mal préparée peut avoir des effets très négatifs : le rejet en particulier.
NP : Qu’apporte le rugby aux jeunes autistes… et vice-versa bien entendu ?
JS : D’abord une forme de socialisation qu’ils n’ont pas dans les instituts spécialisés. Et puis une pratique qui leur permet un développement cognitif essentiel. Le ballon, le groupe, l’espace… tout est réuni pour amener l’enfant autiste à s’ouvrir au monde qui l’entoure. C’est aussi l’apprentissage de la différence pour les autres enfants… Le rugby, sport citoyen, sport éducatif par excellence.
NP : Combien d’enfants sont intégrés à ce jour et dans quels clubs ?
JS : Environ 60 un peu partout en France. Je ne pourrais citer tous les clubs. Mais le partenariat de grandes institutions comme la FFR, l’UNAPEI et la FFSA a été déterminant pour développer le projet. Mon statut de grand reporter à L’Equipe jusqu’à l’an dernier a été un atout évidemment au début pour ouvrir des portes, mais quand l’idée est bonne, ça finit toujours par marcher. Il faut savoir qu’une intégration a un coût : environ 2000 € par an, ça veut dire aujourd’hui un budget de 120 000 € annuel que l’association ne pourrait absolument pas assumer sans l’aide de l’UNAPEI et la FFSA.
NP : Quels sont les projets du Président Schramm ?
JS : Que « UN Club, Un Autiste » ne soit plus une association mais un projet national porté par de grandes institutions. J’y travaille. Normalement, l’association s’arrêtera fin 2007, pour laisser l’UNAPEI, la FFSA et la FFR inscrire définitivement ce projet dans le paysage français.
NP : La Coupe du Monde de Rugby arrive dans quelques semaines. La Fédération fera-t-elle une place à « Un Club, un Autiste » ?
JS : Elle le fait déjà chaque année à l’occasion d’un match du Tournoi des 6 Nations, comme ce fut le cas pour le dernier France-Galles.
NP : De nombreux joueurs vous apportent leur soutien, non ?
JS : Oui, Fabien Galthié, Thomas Lièvremont, Christophe Moni et Thomas Castaignède sont les parrains historiques de l’association. J’ai aussi des soutiens ponctuels sur certaines opérations, comme lors de la finale de Coupe d’Europe en
2005 : Adriana Karembeu était venue donner le coup d’envoi avec Aloïs, un jeune autiste intégré à l’époque à l’école de rugby du Pont du Las à Toulon. Une sacré pub pour le projet!
NP : Que demanderiez-vous en priorité pour soutenir cette initiative ?
JS : De l’argent pour financer les éducateurs qui interviennent sur chaque intégration, c’est la priorité. Cette année, je réalise un gros coup avec le Stade Français puisque Max Guazzini a retenu « Un Club, Un Autiste » pour les fameux calendriers des « Dieux du Stade ». 45 centimes par calendrier, ça peut faire entre 80 000 et 100 000 € au final pour le projet! Ca fait longtemps que Max Guazzini s’intéresse à « Un Club, Un Autiste » mais tant que j’étais à L’Equipe, qui plus est spécialiste du rugby, c’était compliqué pour lui de faire ce geste. Mais il n’a jamais oublié l’association et dés que je suis revenu sur Nice pour prendre la direction du RNCA, il m’a appelé… On peut lui dire en grand merci.
NP : Enfin, que conseilleriez-vous aux parents d’un jeune autiste ?
JS : De prendre en main le destin de leur enfant sans attendre. Un diagnostic le plus tôt possible, au moindre doute, une prise en charge adaptée, et puis surtout, prendre contact le plus rapidement possible avec une association de parents… à Nice, Autisme 06. Parent d’un enfant autiste, c’est le combat de toute une vie. Mais c’est un fabuleux combat. »
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