La dernière séance du Conseil portuaire de Nice, prévue le 2 décembre, s’est tenue sans la présence des représentants professionnels du port. Une première décidée collectivement. Ce geste marque une contestation ouverte de la gouvernance menée par la Métropole Nice Côte d’Azur, propriétaire et gestionnaire du site. Les acteurs économiques décrivent une situation bloquée, nourrie par des décisions jugées unilatérales et par un dialogue devenu inexistant.
Les professionnels du port de Nice ont refusé de s’asseoir autour de la table lors du Conseil portuaire du 2 décembre. Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes depuis la reprise en régie directe par la Métropole Nice Côte d’Azur. Les échanges se sont dégradés au fil des mois. Des alertes répétées auraient été adressées à la direction des activités portuaires et maritimes. Ces messages décriraient les effets d’une politique jugée déconnectée des réalités opérationnelles du port. Aucune de ces remarques n’a obtenu de réponse satisfaisante selon les représentants économiques.
Le premier point de friction concerne la politique d’accueil des navires à passagers. Une hausse marquée des redevances a été décidée. Cette augmentation repose sur la création d’une taxe présentée comme « environnementale. » La Métropole utilise la logique « pollueurs-payeurs. » Les professionnels s’interrogent sur la légalité du dispositif et dénoncent l’absence d’étude d’impact préalable.
Autre sujet sensible : le projet de terrasses de restaurants sur le quai des Deux Emmanuels. Le projet occuperait des voies de circulation utilisées quotidiennement pour les opérations du port de commerce. Les représentants économiques signalent des risques importants en matière de sûreté, notamment durant les opérations d’embarquement des ferries ou lors de l’acheminement de cargaisons. La présence de terrasses créerait des zones de conflit d’usage entre espaces commerciaux et activités logistiques.
La question des investissements programmés nourrit aussi un mécontentement durable. Le coût du futur dispositif de connexion électrique à quai (CENAQ) devrait atteindre 29 millions d’euros. Ce niveau d’investissement dépasse largement les standards des ports de commerce comparables. Les professionnels redoutent des répercussions directes sur les redevances passagers. Selon les estimations communiquées, la création de la taxe environnementale liée à ce projet provoquerait dès 2026 une hausse pouvant atteindre +300 %. Une perspective jugée incompatible avec la stabilité économique du secteur.
Enfin, une critique centrale porte sur l’absence de concertation. Les représentants économiques dénoncent « des décisions unilatérales », aucune réunion préparatoire structurée ni d’échanges approfondis sur les choix stratégiques. Les acteurs concernés décrivent une méthode qui contourne l’esprit même du Code des transports, censé garantir une gouvernance partagée.
Une rupture nette dans la gouvernance portuaire
Un nouveau Conseil portuaire a ensuite été fixé en urgence pour le 4 décembre à 17h30. L’annonce a été faite dans des délais considérés comme non conformes aux règles réglementaires. Les professionnels évoquent la possibilité de recours juridiques en raison de cette irrégularité supplémentaire.
Malgré la tension, plusieurs propositions ont été formulées par les acteurs économiques. Ces contributions ont été transmises à la Métropole, mais aucune prise en compte n’a été constatée à ce stade.
Les professionnels demandent l’intégration de la Charte Croisière Durable. Ce document, signé au niveau national, propose une logique tarifaire incitative pour les compagnies engagées dans la réduction de leurs impacts. Les représentants demandent aussi que soient intégrés les futurs contours de l’arrêté inter-préfectoral sur l’accueil des navires de croisière. Autre élément : la nouvelle taxe environnementale de +15 euros par passager, adoptée au Sénat et encore peu précise, doit faire partie des paramètres avant toute redéfinition des tarifs locaux. S’ajoute une demande d’évaluation des risques liés aux terrasses projetées. Les professionnels souhaitent un avis clair de la commission de sécurité et des autorités compétentes.
Ces différents éléments demeurent ignorés dans la préparation du prochain Conseil portuaire. Ce constat alimente un sentiment de mise à l’écart.
Les acteurs économiques réaffirment un appel au dialogue. L’objectif annoncé reste la recherche d’un fonctionnement plus équilibré. Le port de Nice représente un espace d’activité stratégique pour la ville, pour les entreprises maritimes et pour les usagers. Les professionnels demandent une gestion fondée sur la concertation, la transparence et la prise en compte des contraintes opérationnelles.
Ils rappellent leur position : un port doit rester dynamique, sécurisé, économiquement viable. Le développement de la zone portuaire doit se construire dans le respect des règles prévues par la loi et par le Code des transports.
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