Mediapart a publié les montants déclarés par 1 288 communes et intercommunalités. La Métropole Nice Côte d’Azur affiche le total le plus élevé derrière les mairies parisiennes. Les Alpes-Maritimes figure parmi les territoires les plus concernés.
Mediapart a diffusé un classement consacré aux frais de représentation des élus locaux. Ces frais apparaissent dans les balances comptables sans qu’aucun justificatif ne soit exigé par les textes. Les contrôles en la matière restent rares et les écarts entre collectivités peuvent surprendre.
Dans ce classement qui ne comprend pas les chiffres des mairies de Paris (dont l’ensemble des maires d’arrondissement et adjoint·es cumuleraient 208 284 euros), la métropole Nice Côte d’Azur arrive en tête avec près de 37 000 euros en 2024. Ce montant dépasse largement la médiane nationale indiquée par Mediapart, soit 624 euros par an. Toujours selon Mediapart, la métropole n’a pas souhaité fournir de pièces justificatives au journal. Elle s’appuie sur une délibération du 23 juillet 2020 dont le texte autorise la prise en charge des frais de représentation en plus des dépenses de repas, de réception, de séjour et de déplacement. Le plafond annuel tourne autour de 37 000 euros.
Les Alpes-Maritimes apparaissent aussi dans les premières places. Beausoleil occupe le deuxième rang avec 24 000 euros. À titre de comparaison, Mediapart rappelle que « Anne Hidalgo […] a dépensé, en 2024, 19 006 euros. » Paris compte pourtant 2,1 millions d’habitants. Beausoleil en compte 12 400.
Plusieurs communes de Provence-Alpes-Côte d’Azur dépassent les 6 000 euros. Le littoral varois concentre de nombreuses déclarations élevées. À Fréjus, David Rachline déclare 9 688 euros. À Saint-Tropez, le total atteint 18 000 euros. La Cour des comptes rappelle que les élus doivent conserver les justificatifs « en cas de contrôle ». Mais aucun texte ne rend cette conservation obligatoire. Mediapart souligne que « les contrôles sont rares et les sanctions inexistantes. »
Le journal évoque ainsi « un système mal encadré permettant à certains de percevoir une rémunération déguisée. A Sujeti, l’impôt sur le revenu. »
Une réglementation très flou
La question du cadre légal revient régulièrement. Les frais de transport, de repas, de séjour ou de mandat spécial sont déjà couverts par d’autres lignes budgétaires. Les frais de représentation restent mal définis. Déjeuners officiels, cadeaux protocolaires ou achats divers peuvent entrer dans cette catégorie. Cette zone grise ouvre la voie à des usages très différents selon les territoires.
PACA, l’Île-de-France et plusieurs collectivités d’outre-mer concentrent les montants les plus hauts. La Bretagne et la Corse ne déclarent aucun frais de représentation. Les disparités géographiques montrent un recours variable à ce dispositif. Certaines communes ne l’utilisent pas. D’autres emploient l’intégralité de l’enveloppe votée.
Les chambres régionales des comptes interviennent peu. Lorsqu’un contrôle a lieu, les remboursements restent exceptionnels. Mediapart cite plusieurs cas dans d’autres régions. Les élus concernés ont parfois restitué une partie des sommes versées. Aucune sanction n’a été appliquée.
Dans le Var, plusieurs communes médianes dépassent les 12 000 euros. Grimaud, Bormes-les-Mimosas, Le Lavandou ou Cogolin s’ajoutent à la liste. Ces montants s’observent dans des villes dont la population reste limitée. Le décalage entre taille de la commune et niveau des dépenses alimente les interrogations.
Le classement relance un débat récurrent. Sans définition précise et sans obligation de justification, les frais de représentation constituent une zone d’incertitude. Ces dépenses échappent aussi au plafond d’indemnité qui limite normalement les revenus des élus. Certains cumuls atteignent donc des niveaux élevés.
Mediapart rappelle qu’un système fondé sur un remboursement sur justificatifs simplifierait le contrôle. Les tentatives récentes d’élargir le dispositif ont cependant montré l’inverse. Un article parlementaire envisageait d’ouvrir ces frais aux départements et aux régions. L’article a finalement été supprimé.
Le palmarès met ainsi en lumière un dispositif légal mais peu encadré. La publication de ces données va nourrir les débats locaux. Certains candidats à la maire de Nice ont déjà effectué des demandes allant dans ce sens.
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