Gojira à Nice : From Massilia to Nizza

Lundi 8 décembre, les Niçois ont eu la chance d’apercevoir la météorite Gojira traverser leur beau ciel azuréen, entre Mars(eille) et Sirius. Elle est venue déchirer l’enceinte du Nikaia le temps d’une merveilleuse soirée, afin d’offrir aux 5 000 chanceux alors présents un spectacle dantesque qu’ils ne sont pas près d’oublier. Retour donc sur un concert mémorable qui vient ponctuer une tournée française qui fera date. Gojira au Nikaia, Ah ! Ça ira !!!

Les JO de Paris 2024, un tournant pour le groupe

C’est donc fièrement auréolé d’une inoubliable prestation lors de la cérémonie d’ouverture des JO 2024, qui a eu lieu, comme chacun le sait, à Paris, que le quatuor originaire de Bayonne (devenu exceptionnellement quintette pour l’occasion, à la suite d’une opération à la main droite du chanteur et leader du groupe, Joe Duplantier) a abordé cette tournée française événement.

Fort de ce nouveau fait d’armes, si j’ose dire, et profitant de cette exceptionnelle mise en lumière, Gojira a décidé de venir honorer ses fans français. Eux qui, d’habitude, tournent la plupart du temps à l’étranger, dans les plus gros festivals que compte la sphère métallique, quand ils ne sont pas réquisitionnés pour assurer la première partie de groupes aussi mythiques que Metallica, excusez du peu…

Devant un parterre de fans chauffés à blanc et entièrement acquis à leur cause, les Landais ont performé pendant près de deux heures, offrant à leur public une performance hors norme. Un show monumental s’appuyant non seulement sur la grande technicité de ses protagonistes (à souligner la prestation encore monstrueuse du batteur Mario Duplantier, qui compte parmi les meilleurs batteurs métal de la planète), mais aussi sur une scénographie exceptionnelle, venant magnifier chaque morceau de la plus belle et surtout de la plus juste des manières. Le temps où je les avais vus performer au Bataclan pour la première fois me semble tellement loin (le 10 avril 2013, pour être tout à fait précis), armés simplement de quelques backdrops à l’effigie du groupe et s’appuyant sur les simples projecteurs de la salle. Gojira a définitivement pris une nouvelle dimension avec cette tournée post-JO et joue plus que jamais dans la cour des très grands.

La scène plongée dans le noir avec des touches de rouge et un écran géant qui transmets en image l'image d'un homme transcendé.

Quand polyrythmie et pyrotechnie jouent de concert

Au menu donc ce soir-là, une flopée de morceaux tonitruants qui ont fait la part belle non seulement à leur dernier album en date, le très réussi « Fortitude », mais également à deux albums phares de la discographie du groupe, à savoir « L’Enfant sauvage » et surtout le mythique « From Mars to Sirius » (album qui, soit dit en passant, les a fait littéralement exploser). Ce dernier abrite d’ailleurs un morceau devenu culte, l’incontournable « Flying Whales », l’occasion de voir une baleine gonflable fendre l’air brûlant du Nikaia. Juste pour l’anecdote, il s’agit du morceau préféré de Sir James Hetfield, leader légendaire du groupe Metallica (rien que ça…).

À noter : cette scénographie a d’ailleurs donné lieu à une petite prise de bec sur les réseaux avec Julien Doré (oui, je sais, nous sommes en décembre et non en avril), qui visiblement n’a pas beaucoup apprécié de voir la baleine présente dans son show venir squatter celui de Gojira. Il aurait même laissé sur son compte Instagram un très ironique et narquois : « vous inquiétez pas les gars, j’aurai d’autres idées. » Il est à noter que le groupe a eu l’élégance de ne pas faire enfler la polémique en ne répondant pas aux piques de ce dernier. En même temps, pour quelqu’un qui n’a rien trouvé de mieux que de sortir un album de reprises en guise de « nouvel album », le voir donner ainsi des leçons de créativité, qui plus est à de véritables musiciens, vous avouerez que c’est cocasse. Mais bon, trêve de gossiperies numériques : le combo du Sud-Ouest est au-dessus de tout ça, et c’est tant mieux.

Autre temps fort de la soirée, et pas des moindres : l’interprétation de leur morceau créé tout spécialement pour la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, le désormais iconique « Mea Culpa (Ah ! Ça ira !) », interprété de surcroît ce soir-là par la chanteuse lyrique Marina Viotti, présente lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Une vraie chance, car visiblement la belle n’est là que très occasionnellement. Le public niçois aura d’ailleurs le très grand privilège de la voir performer une deuxième fois sur le morceau « The Chant », extrait de leur dernier album « Fortitude ». Un très joli moment de communion entre le groupe et son public, debout comme un seul homme, entonnant en chœur le très mélodique refrain, le tout ponctué par les fulgurances vocales de Marina, aussi généreuse qu’impériale, délaissant momentanément (et avec beaucoup de joie, visiblement) la posture classique pour un headbanging compulsif que n’auraient certes pas renié les divas du genre.

Une prestation from Mars

C’est donc un sans-faute pour Gojira, qui nous a proposé ce soir-là un concert en tout point phénoménal. Précis, techniques, fédérateurs et habités, le tout magnifié par une scénographie somptueuse, les gamins de Bayonne ont réussi leur pari : devenir, en près de 30 ans, un mastodonte de la scène métal mondiale. Et vous savez quoi ? À la lumière de cette soirée, c’est très loin d’être immérité. De leurs débuts en 1996 dans les pubs bordelais sous le nom de Godzilla jusqu’à la cérémonie des JO de Paris 2024, en passant par une victoire aux Grammy Awards en 2025, ils ont réussi, à force de travail et de talent, à se forger bien plus qu’un nom : un héritage. De Godzilla à Gojira, 30 ans déjà… Ah ! Ça ira !

Le spectacle Gojira avec un jeu de lumière et ds flammes.

Aurélien Maccarelli

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