
Froid, lucide pour certains, placide pour d’autres, il a détaillé le fond de sa pensée. «J’ai essayé, dans ce livre, d’expliquer aux concitoyens le fonctionnement de la justice. Et pas, celui que l’on voit dans la presse ». Avant de continuer sur le même ton : « la presse a une obligation d’informer, mais les journalistes manquent de compétences dans le domaine judiciaire pour relayer l’info ». Qu’on se rassure, le quatrième pouvoir n’est pas le seul à en prendre pour son grade. « Les citoyens demandent trop à la justice. Mon rôle est d’intervenir uniquement quand la loi pénale est dépassée. Je ne suis pas là pour assurer la protection des gens ».
Le cas Johnny Halliday divise le public
Ses diatribes ne laissaient pas de marbre l’assistance. Alors, que les protestations se faisaient plus vigoureuses, le sujet Johnny Halliday était mis sur le tapis. Dans un brouhaha mal contenu, les reproches fleurissaient. L’icône était touchée et le sujet divisait. Dans un remake de l’affaire Dreyfus, la salle se scindait entre les pro et anti-Johnny. Mais encore une fois, le magistrat reprenait le dessus. D’une habileté déconcertante, l’écrivain mettait tout le monde d’accord : « Déjà je n’ai pas vu Johnny Halliday en face de moi, mais Jean-Philippe Smet. Les citoyens sont égaux devant la loi. Et dans cette affaire, il y a eu un non-lieu de prononcé, faute de charges suffisantes. Je ne regrette pas cette décision, mais je regrette quand on s’élève contre cette décision. Il faut que l’on accepte la justice, même quand elle dérange ».
Salve d’applaudissements, le public est conquis. Mais la vie d’un magistrat en pleine promotion littéraire n’est pas de tout repos. A peine un sujet houleux est-il réglé, qu’un second apparaît. La question que tout le monde attend arrive. Le juge Burgaud est-il responsable du drame Outreau ? La réponse du Procureur se fait attendre. Il se sent attendu au tournant et demande quelques précisions. Chaque mot compte. La tension est à son paroxysme. « La justice est hélas faillible. L’erreur judiciaire est inscrite dans la nature humaine. Peut-être a-t-il eu tort d’être sensible aux victimes ». La perche est lancée. Le débat sur la réforme de la justice peut enfin avoir lieu. Pour limiter les erreurs, sa méthode est simple : « Quand la victime se présente devant moi, je ne peux pas avoir de la compassion. 
Cette dernière allocution réhabilite partiellement le juge Burgaud. Pour le Procureur le plus célèbre de France, le juge d’instruction d’Outreau « n’est qu’un bouc-émissaire d’un système obsolète de la troisième République, qu’on a laissé prospérer ». Ainsi, le manque d’expérience, pointé du doigt par Eric de Montgolfier, n’est pas la seule tare du système judiciaire. « Le rôle du juge, qui doit mener son instruction à charge et à décharge, est bien trop importante pour un humain ». Le drame serait-il arrivé à un juge expérimenté ? La réponse ne sera jamais connue.
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