À la veille de l’entrée au Panthéon de Robert Badinter, Christian Estrosi annonce qu’une nouvelle école de Nice-Est portera son nom. Le maire souhaite ainsi saluer l’héritage d’un homme de justice et de principes, en transmettant ses valeurs aux jeunes générations.
Le maire de Nice, Christian Estrosi, proposera lors du prochain conseil municipal de baptiser la nouvelle école de Nice-Est du nom de Robert Badinter. L’établissement doit ouvrir ses portes à la rentrée 2026 sur le site des anciens comptoirs métallurgiques du Littoral. Cette annonce intervient à la veille de l’entrée au Panthéon de l’ancien garde des Sceaux, figure de l’abolition de la peine de mort, décédé le 9 février 2024.
« Donner à une école le nom de Robert Badinter, c’est inviter chaque élève à grandir avec l’exemple de la justice, du courage et de la dignité », a déclaré Christian Estrosi. L’élu niçois évoque ainsi la transmission d’un héritage moral et républicain, à destination des enfants qui fréquenteront cette future école.
Robert Badinter fut une figure centrale de la vie politique et juridique française. Avocat, ministre de la Justice sous François Mitterrand, il fit voter en 1981 la loi abolissant la peine de mort en France. Président du Conseil constitutionnel entre 1986 et 1995, il resta toute sa vie un défenseur du droit, des libertés publiques et de la dignité humaine.
Selon Christian Estrosi, ce nom « incarne une République exigeante, éclairée, fidèle à ses principes. » Il souligne également l’importance d’un hommage qui dépasse le cadre politique : « il a toujours mis son éloquence et son engagement au service d’une justice plus humaine, plus équitable, plus éclairée. Sa vie entière est un combat contre la barbarie, pour les droits, pour la liberté. »
Un symbole d’unité et de mémoire républicaine
L’annonce du maire intervient dans un contexte symbolique. Ce jeudi 9 octobre, Robert Badinter fait son entrée au Panthéon, aux côtés d’autres grandes figures de la République. Cette cérémonie nationale souligne la portée de son action et de ses convictions.
À Nice, la dénomination de cette école prend aussi une dimension locale. Elle marque une volonté d’unité après plusieurs polémiques autour du choix des noms attribués à des lieux publics. En 2024, la décision de baptiser le parvis du nouvel hôtel de police du nom de Nicolas Sarkozy avait suscité des réactions contrastées. Cette fois, la référence à Robert Badinter semble plus fédératrice.
L’établissement scolaire de Nice-Est sera donc conçu comme un lieu d’apprentissage mais aussi de mémoire. Pour Christian Estrosi, il s’agit de rappeler aux enfants que la République repose sur la justice, la connaissance et la tolérance. « Nommée à son image, cette nouvelle école portera la mémoire d’un homme qui croyait en l’intelligence, en la culture, en la force du droit », a-t-il ajouté.
Cette proposition sera soumise au vote lors du prochain conseil municipal, dont la date n’a pas encore été fixée. Le dernier s’est tenu le 1er octobre. Si elle est adoptée, l’école Robert-Badinter deviendra la première du département à porter ce nom.
Un hommage qui interroge aussi le parcours du maire
Le choix du maire de Nice n’est pas sans écho à sa propre histoire politique. En 1988, alors député, Christian Estrosi avait voté en faveur d’un projet de loi visant à rétablir la peine de mort pour certains crimes. Près de trente ans plus tard, il a reconnu publiquement avoir évolué sur cette question.
En rendant hommage à Robert Badinter, l’édile affirme aujourd’hui une position claire en faveur des droits fondamentaux et de la justice. L’annonce peut être perçue comme un geste de cohérence entre la mémoire nationale et l’action municipale.
La symbolique du lieu renforce ce message. Le futur bâtiment, implanté sur un ancien site industriel, s’inscrira dans un quartier en rénovation. Il représentera à la fois un renouveau urbain et un espace de transmission des valeurs républicaines.
Transmettre l’exemple d’un engagement
Robert Badinter, fils d’immigrés juifs ayant fui les persécutions, a souvent rappelé combien la République lui avait permis de croire en l’égalité et en la justice. Sa vie a été marquée par la douleur de la Seconde Guerre mondiale, la perte de son père déporté, et la volonté de lutter contre toute forme de barbarie.
Christian Estrosi s’inscrit dans cette mémoire collective. « Robert Badinter est un modèle pour nos enfants. C’est donc à eux que nous souhaitons transmettre son nom », a-t-il déclaré pour conclure son communiqué.
En donnant à une école ce nom chargé de sens, la ville de Nice entend rappeler qu’un lieu d’éducation est aussi un lieu de valeurs. Que l’enseignement du droit, de la liberté et de la dignité ne passe pas seulement par les manuels, mais aussi par les exemples que l’on choisit de mettre en avant.
L’école Robert-Badinter de Nice-Est, attendue pour 2026, deviendra ainsi un symbole d’hommage et de transmission. Elle rappellera à chaque génération d’élèves que la justice n’est jamais acquise, qu’elle se construit et se défend chaque jour.