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25 mai 2024

Redressement économique et social : à chacun sa recette?

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98 patrons, membres de l’AFEP, l’association française des entreprises pirvées, qui regroupent la plupart des grandes entreprises françaises, ont décidé de lancer un appel solennel au président de la République, l’exhortant à libérer les entreprises de nombres de carcans administratifs, législatifs et bien sûr fiscaux.


xavier_garcia_robert_injey.jpg « Nous, dirigeants des plus grandes entreprises privées françaises, proposons au gouvernement un pacte pour relancer la croissance et l’emploi. Il traduit notre ambition pour la France et est conçu dans un esprit de dialogue. La France affiche un déficit sans précédent de son commerce extérieur, de ses paiements courants, de ses finances publiques et de ses comptes sociaux. Les marges de nos entreprises sont historiquement basses. Le chômage sape la cohésion sociale et exclut notre jeunesse. La France doit se transformer en profondeur. Il est urgent d’agir maintenant et collectivement. Nous préconisons une réponse globale adossée à des mesures simples et concrètes.

Compétitivité: baisser le coût du travail et rendre l’État plus économe

1) Avec une dépense publique record de 56% du PIB, nous sommes arrivés au bout de ce qui est supportable. L’État doit réaliser 60 milliards d’euros d’économies (3 points de PIB) au cours des cinq prochaines années.

2) Pour les entreprises, il faut baisser le coût du travail d’au moins 30 milliards d’euros sur deux ans, en réduisant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires moyens (2 smic et plus). Un transfert financé pour moitié par un relèvement de la TVA de 19,6% à 21% (la moyenne européenne) et l’autre moitié par une baisse des dépenses publiques.

3) Il faut garantir aux entreprises un environnement fiscal favorable et stable en baissant notamment l’impôt sur les sociétés pour le ramener au niveau de nos voisins européens.

(ndlr) Tous les décideurs politiques, économiques et sociaux , face à l’ampleur de la crise et aux conséquences appellent « un redressement économique et social » dans leurs perspectives et voudraient mettre en place les politiques nécessaires pour retrouver la croissance et l’ emploi et améliorer la compétitivité.

Seulement que, dans ce cas, vouloir n’est pas pouvoir…et alors? Alors on multiplie les propositions, les pressions, les actions pour que les décisions aillent dans le bon sens, à savoir celui de ses intérêts « particuliers » que l’on propagande pour  » généraux ».

L’argument est central dans le contexte économique actuel, il faut le débattre sans arrières-pensées et sans préjudices.


Communiqué de Robert Injey (PC)

Ils sont 98 patrons qui veulent imposer à notre société des mesures d’austérité pour le plus grand nombre, afin de préserver et accroître leurs dividendes. Souvent cumulards des Conseils d’Administration des entreprises du CAC 40, ils ont décidé de lancer une grande offensive.

Pour y parvenir, ils ont imposé au gouvernement leurs mots d’ordre « compétitivité » et « baisse du coût du travail ».

Mais de quoi s’agit-il exactement ?

Quelle est la réalité de la compétitivité?

A/ Ils prennent toujours prétexte de l’Allemagne, mais les chiffres donnent une autre réalité (1). En euros, en 2008, selon les dernières données exhaustives disponibles (Eurostat-Insee) le coût horaire était de 33,2 € dans l’industrie française, contre 33,4 € dans l’industrie allemande.

Dans la construction automobile, point fort de l’Allemagne, le coût horaire, est de 43,14 euros , alors qu’en France, le coût horaire n’est que de 33,38 euros (« Le coût de la main-d’œuvre: comparaison européenne1996-2008 », Bertrand Marc, Laurence Rioux)

B/Plus que le coût des charges sociales, ce qui pèse sur l’économie et la compétitivité des entreprises c’est le coût du capital.

Ainsi les comptes de la Nation de l’INSEE, pour l’année 2010, indiquent que, pour les sociétés non financières, (hors banques et assurances), les cotisations sociales patronales (charges sociales) s’élèvent à 145 milliards € .

C/Dans le même temps, les prélèvements financiers versés en intérêts aux banques et en dividendes aux actionnaires s’élèvent à 308,8 milliards d’euros soit 2,13 fois le montant des «charges sociales » !

Ce ne sont,pas les « charges sociales » qui étouffent les entreprises, mais les charges financières des banques et les dividendes des actionnaires.

C/ Illustration de cette réalité, en 2011, les groupes du CAC 40 ont réalisé pour 74 milliards € de bénéfices nets, dont 51% de ces bénéfices ont été versé en dividendes. Autre exemple, Sanofi, qui vient de détruire 914 emplois, a réalisé, l’an dernier, un bénéfice net de 5,7 milliards € (+4%) et en a distribué 44% en dividendes aux actionnaires.

En cassant et de précarisant l’emploi, en limitant les investissements et les efforts de recherche et de formation en France et en Europe, ces grands groupes ont accumulé, en 2011, une trésorerie de 267 milliards €, soit l’équivalent de la totalité des ressources nettes de l’État!

Cette réalité là les 98 patrons signataires de l’appel se sont bien gardés d’en parler.

par Robert Injey (PCF)


« Une baisse des cotisations univoques serait un non-sens économique »

Nous n’avons aucune raison d’être impressionnés et de se soumettre à cette oukaze de l’AFEP (Association Française des Entreprises Privées) qui se saisit d’une vraie question (la compétitivité) pour imposer une vision de l’économie et de la société qui n’est pas conforme à l’intérêt général.
En premier lieu, la compétitivité concerne les entreprises qui sont dans la compétition mondiale. Réclamer une baisse univoque des cotisations sociales pour toutes les entreprises n’a pas de sens. Les restaurateurs déjà favorisés par la TVA réduite sans contrepartie claire doivent-ils bénéficier d’une baisse de leurs cotisations patronales au nom de la compétitivité alors qu’ils ne sont pas dans la compétition internationale ? Doit-on également alléger les charges de certains grands groupes tels que Total qui dégage des profits records et soustraient une grande partie de ceux-ci à l’impôt ? Il ne faudrait pas que l’AFEP (Association Française des Entreprises Privées) nous prenne pour des pigeons…

D’autre part ramener la compétitivité à la seule question du coût du travail est une erreur très préoccupante de la part de grands chefs d’entreprise qui devraient avant tout s’inquiéter d’activer les leviers de la recherche et de l’innovation, où nous accusons un retard plus important sur nos concurrents directs que sur le coût du travail. Dans l’industrie automobile le coût du travail en France et en Allemagne est comparable. Pourtant les voitures allemandes se vendent comme des petits pains alors que nos groupes automobiles connaissent de très graves difficultés. Le principal problème est donc ailleurs et ce n’est pas l’Etat qui est responsable des mauvais choix stratégiques qui ont été faits.

Nous ne sommes pas fermés à l’accompagnement de la marche vers une meilleure compétitivité de notre industrie, bien au contraire. Si c’est une solution, le transfert d’une partie des cotisations peut être discuté. Mais pas en privilégiant une hausse de la TVA qui pénaliserait la consommation et le pouvoir d’achat. Et cela doit être fait de façon ciblée pour répondre à un objectif de sauvegarde et de développement de l’emploi, surtout pas de manière univoque et comme vecteur d’un désengagement de l’Etat et d’un projet de société ultra-libéral.

François Hollande s’est engagé dans une politique courageuse de réduction des déficits car il en va de notre souveraineté face aux marchés financiers. Un effort de 10 milliards sur les dépenses de l’Etat a été fait dans le budget 2013. Mais la baisse massive et brutale des dépenses publiques, comme le propose ces 98 chefs d’entreprise serait un contre-sens économique et une remise en cause de notre pacte social. Comme en Grande-Bretagne, cela nous conduirait tout droit à la récession, c’est-à-dire plus de difficultés pour nos entreprises, une dette accrue et des sacrifices demandés aux Français avec pour seule perspective de payer les intérêts de la dette. C’est tout le contraire de notre projet de société et ce n’est pas pour cela que les Français ont élu François Hollande.

Xavier Garcia
Porte-parole du Parti socialiste des Alpes-Maritimes

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