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20 avril 2024

Chloroquine: remède miracle ou espoir déçu ?

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La chloroquine est-elle un remède efficace face au coronavirus ? Depuis que l’infectiologue marseillais Didier Raoult vante les mérites de son dérivé, l’hydroxychloroquine, comme traitement du Covid-19, la question déchaîne les passions, au-delà de la seule communauté scientifique.

Ces premiers résultats, confrontés à l’impatience de l’opinion mondiale, ont produit un cocktail explosif fait de médiatisation à outrance, de débats véhéments et de haines recuites entre mandarins.

Si certains veulent voir dans le médicament une raison d’espérer, d’autres rappellent à quel point l’histoire médicale a été jalonnée de déconvenues, à la hauteur des annonces fracassantes qui les ont parfois précédées.


L’histoire de la médecine est jalonnée d’annonces tonitruantes et d’espoirs déçus. Ce fut notamment le cas dans la lutte contre le sida, avec l’affaire de la ciclosporine.

Et si je vous racontais une vieille histoire ? Une histoire d’emballement médiatique et scientifique ?

Un peu de contexte : on est à l’automne 1985, au coeur de ce qu’on appellera par la suite « les années sida ». Dans le monde entier, des chercheurs sont en quête d’un traitement ou d’un vaccin pour endiguer l’épidémie.

Le 29 octobre, le pneumologue Philippe Even, le cancérologue Jean-Marie Andrieu et l’immunologiste Alain Venet organisent, avec le ministère des Affaires sociales, une conférence de presse à l’hôpital Laennec de Paris. Dans un amphithéâtre plein à craquer, ils annoncent avoir obtenu des résultats « extraordinaires » dans le traitement du sida, en utilisant de la ciclosporine, un agent immunosuppresseur habituellement utilisé lors des greffes d’organe.

Mais très vite, c’est la douche froide. Les deux patients traités meurent. L’espoir né de l’emballement général retombe avec fracas. « On était à une époque où l’influence de la science dans la pratique médicale était moins importante. Les médecins s’appuyaient davantage sur l’expérience, la transmission… Et puis comme chez tout être humain, il y a une part d’orgueil, de vanité » – rappelle un témoin de cette époque.

Toutes les leçons de ce qui est devenu l’affaire de la ciclosporine ont-elles été tirées ? « Sur la chloroquine , Olivier Véran est d’une grande prudence », note-t-il.

La ferveur générée par les annonces du docteur Raoult connaîtra-t-elle le même sort ? Rien ne permet de l’affirmer aujourd’hui : seul l’essai clinique européen de grande ampleur qui vient d’être lancé permettra d’y voir un peu plus clair.

Patience est mère de toutes les vertus.

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