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25 avril 2024

PORTRAIT : Erwann Le HÔ : «J’ai été un adolescent sans vie amoureuse»

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Erwann Le HÔ est le président du centre LGBT cote d’Azur depuis 2016, homosexuel et fier de l’être. Passionné de littérature, il a toujours essayé de croquer la vie à pleines dents. Sa vie est composée de multiples expériences dans tous les domaines. À l’âge adulte, beaucoup de ses choix ont été guidés par une chose : l’amour.


«J’étais timide et introverti». Mais ça c’était avant. Cet homme de 37 ans a eu deux vies. Son enfance et sa vie d’adulte. Elles comparable au Ying et au Yang. Elles ne ressemblent pas. Il a vécu la majorité de son enfance à Fougères. C’est à 17 ans qu’il débarque à Rennes pour ses études. Il y vivra 11 ans. L’élément perturbateur entre elles tient en deux mots. Coming-out. Dès cet instant, le changement c’est maintenant. «Tout a changé ! J’avais des trucs verrouillés en moi comme un boulon. Dès que je l’ai enlevé, ça s’est transformé.» À cette époque, il ne sortait jamais en soirée.

Une vie sentimentale et sociale en perpétuel mouvement

Elle commence assez tard à 19 ans. Pourquoi ? Durant son adolescence, il était en territoire ennemi à l’école. Du moins pour ses petits camarades. «J’étais un gamin fluet avec de grosses lunettes et intello modèle. Les camarades n’étaient pas tendres avec moi. L’adolescent a continué sur ce chemin.» Son look n’aspirait pas aux attentes. Quand il est entré à la fac, il a eu le temps de se faire un relooking complet. «À la fac j’étais ultra extravertie, je me décolorais les cheveux, j’avais des fringues très moulantes. Le tout avec des bouquins de Flaubert.»

La fameuse illumination, elle s’est produite sur l’Île-aux-Moines. «À 19 ans, je fessais du tourisme avec une amie. On est allé sur une île bretonne. Je vois un serveur dans une crêperie. J’ai à ce moment ressenti un truc que je n’avais jamais eu. C’est comme de l’attirance. J’ai compris que je pouvais être amoureux. Cela s’est passé en trois secondes ». Il a compris que les mecs, c’est son truc. Pour anecdote, en rentrant chez lui, une idée a émergé dans son esprit : écrire une lettre qu’il a envoyée au restaurant. Ce dernier lui a répondu et il est devenu son premier petit copain.

Sa venue dans Cité des Anges n’est pas le fruit du hasard. «C’est grâce à un garçon que j’ai rencontré. Il était breton mais vivait depuis des années à Nice.» Lorsque la question de l ‘aménagement s’est posé. Il n’a pas fallu attendre longtemps. Il a pris le taureau par les cornes et l’a rejoint à Nice. «Pour une fois dans ma vie, j’ai cru que c’était une affaire sérieuse. C’est posé la question de vivre-ensemble. Je lui ai dit, non c’est moi qui viens te rejoindre. J’ai donc dû trouver un travail ici et je suis venu m’installer.»

Un entourage bienveillant

Son coming-out n’a pas provoqué plus d’émois que ça. Ils ont accepté sans accroc. «L’homosexualité ne fessait absolument pas parti de la famille. Aucun membre de ma famille n’était homosexuel ou lesbienne. Mais ils ont accueilli mes petits copains avec bien vaillance.» La seule crainte de sa mère : le risque de discrimination à l’embauche ou pour trouver un appartement. Son père qui est cultivé et qui aime la littérature, n’a d’ailleurs pas hésité à le taquiner sur la question. «Mon père m’a dit un jour : avoir un fils garçon adolescent qui ne fait pas de foot, mais qui aime la littérature et la poésie c’est singulier.»

Dans le monde professionnel, il a pu s’épanouir sans se soucier de son orientation. Sans se soucier de dépenser de l’énergie inutilement pour la cacher. «J’ai eu de la chance d’avoir des directions qui m’ont préservé. Durant mon travail de communiquant dans la commune de Brocéliande, le président de la collectivité a eu des remontrances dures sur moi. Lui ne m’en a jamais fait part». Enfin, il est tout à fait capable de passer du coq à l’âne selon les situations. «Je revendique le fait d’être une petite folle de temps en temps et être sérieux avec une belle chemise.»

Plusieurs métiers pratiqués

Son poste actuel, c’est directeur de cabinet et de la communication chez Ville de La Trinité. Avant, il s’occupait de celle de Nice entre 2013 et 2020. Mais avant d’être le responsable, il a enchaîné les différents boulots. Il a passé un bac littéraire. La suite est composée de plusieurs expériences pour trouver le job qui lui correspondait.

«J’ai pensé à aller dans l’enseignement. Puis j’ai fait le pion, ça m’a plu mais j’ai stoppé car je n’arrivais pas à créer des relations avec des adolescents.» Il s’est dirigé vers une licence de lettre moderne à l’université Rennes 2 Haute Bretagne. Une évidence pour lui. «Il y avait toujours des magazines et des bouquins à la maison.» Il a enchaîné avec un Master d’études Sciences de l’information et de la communication.

Avant d’être dans la communication, il a eu une carrière éphémère de journaliste. «J’ai été correspondante dans le journal de la ville de mes parents. Je prenais le scooter et j’allais couvrir des activités d’associations et culturel.» Il a fait ça pendant 3 à 4 ans. Pendant cette période, il a aussi été animateur sur une radio étudiante. «Je fessais une chronique littéraire puis j’ai créé un podcast gay avec un copain.»

L’Homme aux 1 001 associations

La vie associative est quelque chose d’ancrée en lui tel un sacerdoce. «Mes parents étaient impliqués dans le milieu de l’association. Les restos du cœur, les parents d’élèves. Ils m’ont transmis ces valeurs politiques de l’engagement». Tout commence à l’an de grâce 2009. À cette époque il vivait à Rennes. C’est à ce moment, qu’il s’est investi au CGLBT. «Grâce à mon copain de l’époque. Il était engagé dans l’organisation du Pride. Un simple coup de main pour l’organisation de cet événement. De là, je me suis investi pour remonter l’association. Quand il est parti, j’ai pris la présidence.» Pendant ces années il se souvient, avec émotion, l’une des premières personnes qui a voulu aider. «On avait un bénévole Roberto, il était policier. On le voyait souvent et un jour, on l’a plus vu. Puis à un moment, on s’est inquiété et on a contacté sa famille. Là, j’apprends qu’il s’est suicidé avec son arme de service. Cela m’a marqué de manière très forte.»

Le conte de fée se poursuit quatre ans plus tard en 2013. Tel un conquérant, il a posé ses valises à Nice. Le centre LGBT de Nice avait été inauguré en 2011 par Christian Estrosi. L’association est née elle début des années 2000. «À mon arrivée en novembre, je suis devenu le vice-président. Je ne voulais plus faire de l’associatif mais ça m’a vite rattrapé. Je suis vraiment revenu en 2014 pour voir et en 2016 je suis devenue le président.»

Enfin sa dernière casquette concerne sa terre natale : la Bretagne. Même en ayant quitté le pays, il a toujours au fond de lui ses racines. C’est ce qui l’a poussé avec trois amis à créer l’association Breizh Nice club le 16 juin 2017. Depuis, il occupe la fonction de vice-président. «Je suis breton avant tout. Grace au boulot, j’ai rencontré des amis Bretons. Avec les statistiques, on s’est rendu compte qu’il y a énormément de Bretons dans les Alpes-Maritimes.»

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