Ce mardi 24 juin marque un nouvel épisode de grève à la Fondation Lenval. L’objectif : protester contre les mesures prises par la direction et dénoncer la détérioration des conditions de travail
“Direction, démission”, résonne dans les cris des manifestants devant l’établissement pédiatrique de Lenval. C’est la cinquième fois en à peine deux mois, que le personnel de la Fondation Lenval sort dans la rue pour exprimer son mécontentement, ainsi que les mauvaises conditions de travail. Une situation explosive, à l’origine des maux des soignants. Et des potentielles conséquences sur les soins des enfants.
Le mal-être croissant du personnel
“Il y a un mal-être commun au sein de la Fondation Lenval, qui concerne tous les salariés. Une détérioration des conditions de travail, depuis l’arrivée de notre nouvelle gouvernance. Ce à quoi s’ajoutent beaucoup de burn-outs, parce qu’on est stressé, on est sous pression. Moi je travaille en pédopsychiatrie, on porte la souffrance psychique de nos patients et on ne se sent pas assez entendus”, explique Sanae Zaoui, psychomotricienne à Lenval.
Une jeune soignante, présente depuis plusieurs mois au sein de l’établissement pédiatrique, témoigne également : “c’est un métier passion, c’est ce que j’aime, mais cela fait mal de voir l’état de tout le monde dans la profession et ici. C’est presque décourageant pour nous alors que notre esprit devrait être occupé par les enfants, et non par ces problèmes.”
Un ras-le-bol général lié à la gouvernance, qui empêche une quelconque amélioration. Ainsi que des salariés qui ne sont pas écoutés. “Il y a des mesures qui ont été mises en place sans concertation avec les salariés, notamment l’annualisation du temps de travail et l’installation de la badgeuse. Et cette annualisation du temps de travail nous a fait perdre des RTT pour les services concernés”, a renchérit Sanae Zaoui. La badgeuse est la machine installée pour contrôler le temps de travail des salariés. Une installation qui a mis le feux aux poudres.
Un engagement mis à mal
Une surcharge mentale pour tout le personnel de Lenval qui peut avoir des conséquences, mêmes indirectes, sur les enfants présents dans l’établissement pédiatrique.
“On est engagé dans le soin, je suis vouée à ce métier, j’accueille des enfants de zéro à dix-huit ans. Pour porter un enfant, il faut que nous aussi, on soit contenu par notre hiérarchie. Et là, cette situation fragilise notre disponibilité psychique et physique auprès des enfants. Alors après, cela n’impacte pas directement les enfants, dans le sens où l’on continue à soigner comme il faut, avec tout l’engagement que cela demande mais par contre, nous sommes épuisés”, explique Sanae Zaoui.
“On a forcément l’esprit préoccupé parce qu’il se passe autour de l’établissement, et avec la gouvernance, c’est normal. Et donc même si on continue à s’occuper des enfants, comme il le faut, on a toujours cette problématique dans nos têtes. Indirectement, cela peut affecter donc c’est pour cela qu’il ne faut pas prendre les revendications à la légère”, explique une soignante de 26 ans.
Les revendications
Face à ce soulèvement du personnel de l’établissement, les salariés appellent à un retour en arrière sur les mesures mises en place. C’est ce que revendique la psychomotricienne Sanae Zaoui. “On souhaite un retour en arrière concernant toutes les mesures. On est contre l’annualisation du temps de travail, contre la mise en place de la pointeuse, qui se veut être rigide. Alors on nous a accordé trente minutes avant et après, de souplesse, mais ce n’est pas cela qu’on demande.”
Si la situation ne change pas, ils le promettent : ils descendront à nouveau les marches de Lenval pour protester. Leurs pancartes rappellent le message : “ce n’est pas un combat, c’est un cri du cœur.”