En plus de 50 heures de nage, le Suisse Noam Yaron a franchi un nouveau cap personnel. Malgré la fatigue, la douleur et une météo agitée, il poursuit son défi de 180 km pour sensibiliser à la protection de la Méditerranée.
Mardi soir, après près de 40 heures dans l’eau, Noam Yaron approchait des 90 km, soit la moitié du parcours. À mi-chemin entre Calvi et Monaco, il devait composer avec une météo changeante. Calme relatif par moments, longues périodes d’agitation le reste du temps. Les vagues et les courants contraires compliquaient la progression.
Le sel avalé à répétition a irrité sa langue, gonflée au point de gêner son alimentation. Il s’hydrate davantage pour limiter la douleur. En début de soirée, l’installation du dispositif nocturne a été perturbée par un incident technique : une corde s’est coincée dans l’hélice du bateau. L’équipe a réagi rapidement, coupant la corde pour libérer l’hélice.
Malgré les conditions, Noam Yaron a poursuivi sa route. La nuit s’est installée sur une mer agitée, tandis que l’équipage espérait apercevoir des étoiles filantes entre deux vagues.
Observations marines et records personnels
L’arrivée de l’Excess 11, un des deux catamarans de soutien, a permis de renforcer la sécurité et d’intensifier la collecte de données scientifiques. L’équipe, incluant le Conseil scientifique des îles de Lérins, a croisé une raie mobula, un rorqual commun et un groupe de dauphins Stenella, peut-être celui du bébé dauphin rencontré la veille par Noam Yaron.
Les scientifiques ont effectué quatre prélèvements d’ADN environnemental, collecté des microplastiques et observé le plancton. Parmi les petites espèces notées : vélelles, larves de crustacés, escargots mauves et ideotea metallica. Les filtres seront analysés à l’université pour estimer la pollution aux microplastiques.
Ce mercredi matin, après plus de 50 heures de nage, Noam a passé les 110 km. Il bat ainsi son record personnel et dépasse la distance atteinte lors de sa tentative de 2024, arrêtée à 100 km.
Une nuit difficile, un message clair
La dernière nuit a été rude : mer agitée, vent et vagues de face. Fatigué et désorienté, la nageur Suisse a attendu le lever du soleil pour retrouver de l’énergie. Il a subi des démangeaisons liées à une réaction allergique, en plus de la douleur à la langue. Les premières hallucinations sont apparues : un alter ego imaginaire nommé Léon, une forêt, et même une souris sur la corde lestée.
Côté logistique, le dispositif reste efficace : ravitaillement toutes les 30 minutes, pauses toutes les heures, sécurité assurée par les skippers. Les repas — pommes de terre, bananes, œufs, cannelle — lui sont transmis via une bouée.
La traversée a aussi rappelé les dangers du trafic maritime. Un paquebot est passé à proximité, symbole de l’intensité des passages dans le sanctuaire Pelagos. Cette zone concentre une grande partie du trafic mondial, ce qui augmente les risques de collision avec les cétacés.
Les scientifiques rappellent qu’une réduction de la vitesse des navires à 10 nœuds pourrait sauver de nombreuses vies.
En pleine canicule marine, avec une eau à 30 °C en surface, la Méditerranée subit une surchauffe inquiétante. L’océan, régulateur du climat, ne peut plus absorber autant de chaleur. Une menace directe pour la biodiversité et l’équilibre climatique.
C’est pour cette raison que Noam Yaron continue. Ses 180 km sont un message : la protection de la mer est une urgence.