Christian Estrosi alerte le gouvernement sur la hausse des cotisations sociales pour les praticiens

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Le maire de Nice en costume cravate bleu foncé.
Photo Facebook Christian Estrosi.

Le maire de Nice interpelle le gouvernement sur les conséquences du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. L’article 26 du texte prévoit une hausse des cotisations sociales sur les dépassements d’honoraires des médecins. Une mesure qui provoque la colère des praticiens et la menace d’une grève nationale en janvier.

Alors que les discussions autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale se poursuivent à l’Assemblée nationale, la tension monte dans le monde médical. L’article 26 du texte, examiné en fin de semaine, autoriserait le gouvernement à relever par décret une cotisation payée par les médecins sur leurs suppléments d’honoraires, actuellement fixée à 3,25 %.

Cette disposition a provoqué une réaction immédiate des spécialistes libéraux. Ces derniers annoncent une grève du 11 au 14 janvier 2026. Le mouvement, baptisé « Opération Bruxelles », pourrait concerner près de 20 000 praticiens dans toute la France, dont environ un millier dans les Alpes-Maritimes. Certains médecins évoquent même la possibilité de s’installer en Belgique.

Dans ce contexte de forte tension, Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d’Azur, a tenu à interpeller le gouvernement. Pour lui, cette mesure accentuerait les difficultés déjà rencontrées par les médecins et risquerait d’aggraver les inégalités d’accès aux soins.

Les médecins dénoncent une pression croissante

Depuis plusieurs mois, les caisses primaires d’assurance maladie pressent les médecins signataires de l’Option Pratique Tarifaire Maîtrisée (OPTAM) de renouveler leurs engagements. Ces avenants fixent leurs objectifs de dépassement d’honoraires pour 2026. Mais la pression suscitée par ces négociations semble peser lourd sur la profession. Selon les syndicats, un médecin sur deux envisagerait de quitter le dispositif.

Pour Christian Estrosi, cette situation témoigne d’un malaise plus profond : « nos praticiens demandent une rémunération plus juste. La France est déjà mal classée en Europe en termes de rémunération des actes, cette nouvelle réforme ne ferait que creuser encore davantage les inégalités sociales de santé et entrainerait de plus en plus de déconventionnement total et même des médecins sortant totalement de notre système de santé. »

Le maire de Nice souligne également les conséquences pour les patients. « Que 50% des citoyens aient à payer près de 600 euros pour se faire poser une prothèse de hanche ou pour des opérations nécessaires à leur santé n’est pas entendable. La santé ne peut pas être sacrifiée autant dans ce projet de loi qui pénalise pour finir les patients qui se retrouvent à payer des dépassements d’honoraires et des augmentations constantes pratiquées par les mutuelles. »

Face à cette crise, Christian Estrosi appelle à une prise de conscience collective : « les efforts doivent être partagés par tous les acteurs du système de santé. Je souhaite que les praticiens soient entendus dans leurs revendications et que nos parlementaires en charge du projet de loi de financement de la sécurité sociale entendent leur malaise. »

Un débat budgétaire sous tension

Cette contestation intervient alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 cristallise déjà de nombreux désaccords à l’Assemblée nationale. Mercredi 5 novembre, les députés se sont massivement opposés au gel du barème de la contribution sociale généralisée (CSG) proposé par le gouvernement.

Le gel du barème aurait entraîné une hausse mécanique des prélèvements sur les salaires, les retraites et les revenus du capital. Une mesure rejetée par la gauche, le Rassemblement national et Les Républicains, qui dénoncent une pression fiscale accrue sur les ménages.

Le gouvernement défend pourtant la nécessité d’un « effort collectif » pour réduire le déficit de la Sécurité sociale. La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a rappelé que l’objectif était de ramener le déficit à 17,5 milliards d’euros en 2026, contre 23 milliards cette année. Le Premier ministre Sébastien Lecornu et la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, affirment vouloir rechercher des compromis. « Nous serons très ouverts pour accompagner les mesures justes, proportionnées et efficaces », a déclaré cette dernière.

Au Sénat, le rapporteur général Jean-François Husson a promis d’aller « le plus loin possible » dans la recherche d’économies, tout en appelant à « de la justice dans l’effort ». De son côté, le Rassemblement national demande la création d’une commission d’enquête sur la gestion interne de la Sécurité sociale.

Ces débats montrent à quel point le budget de la Sécu reste un terrain politique sensible. Entre contraintes budgétaires et revendications professionnelles, la recherche d’un équilibre paraît difficile. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour le gouvernement, confronté à la fois à la grogne du personnel médical et à la contestation parlementaire.

À deux mois de la grève annoncée, la tension ne faiblit pas. Les praticiens disent défendre la survie de leur modèle libéral. Les élus locaux, comme Christian Estrosi, relaient leurs inquiétudes. Le gouvernement, lui, mise sur le dialogue. Mais dans un contexte économique et social déjà tendu, le compromis s’annonce délicat.