En 2025, Franck Thilliez renoue avec son couple de héros emblématique, Franck Sharko et Lucie Hennebelle, dans une folle et prenante 14ème affaire ! Plongeant à nouveau dans les méandres du cerveau humain, À retardement entraîne les lecteurs vers la folie la plus sombre…
Le cerveau et la folie, des thèmes chers à Franck Thilliez puisqu’ils sont au cœur de plusieurs de ses thrillers – La mémoire fantôme (2008), Vertige (2011), Fracture (2009) – tout comme la science et la recherche médicale, en particulier avec Pandemia (2015). Et pourtant, l’auteur réussit à se renouveler et à proposer aux lecteurs des intrigues atypiques, scientifiques et terriblement réalistes. À retardement n’échappe pas à la règle !
Dans l’unité pour malades difficiles (UMD) de Chambly, dans l’Oise, l’équipe d’Eléonore Hourdel accueille un nouveau patient : déclaré inapte à une garde à vue classique, il a été retrouvé sur un quai de gare, après avoir poussé un passant sur les rails, délirant, les pieds en sang, cherchant à s’ouvrir le ventre avec les doigts pour y « tuer […] des verts gluants. »
À cinquante kilomètres plus au Sud, en Seine-Saint-Denis, c’est celle de Sharko qui est confrontée à une pénible découverte. Un homme est retrouvé assassiné chez lui, nu, le bas-ventre criblé d’au moins une quarantaine de coups de couteau, un entonnoir enfoncé dans sa bouche et rempli de soude. Fait inhabituel, le logement est dénué de toute trace ADN ou d’empreinte digitale, le mort a le bout des doigts absolument lisse…
Qui sont ces deux hommes sans identité ? Sont-ils liés ? Le groupe de Sharko – Nicolas, Lucie et Pascal – va avoir du pain sur la planche.
Meurtres sanglants et immersion au cœur de la folie
Avec Franck Thilliez, les lecteurs le savent, les crimes y sont gores mais sans excès et surtout jamais sans raison. L’auteur de thrillers apporte toujours un vrai fond à ces romans, grâce à une étude complète et une approche scientifique des sujets traités, avec cette faculté à vulgariser des thèmes généralement pointus.
Pour cela et afin d’offrir aux lecteurs, un récit le plus réaliste possible, l’auteur a pu intégrer l’UMD du Rouvray et y retranscrire l’ambiance, le travail du personnel soignant, les patients et leurs différentes pathologies.
Faisant écho à l’actualité – la santé mentale est la grande cause nationale pour 2025 – À retardement en fait ressortir l’âpreté et la difficulté de faire face à une maladie qui, parfois, ne guérit jamais. Alors que la parole se libère sur ce sujet, notamment chez les sportifs de haut niveau, il devient capital de lever les tabous qui collent encore aux maladies mentales.
Efficacité redoutable
Mais À retardement est avant tout un thriller d’une efficacité redoutable ! On y retrouve la brigade de Sharko après la douloureuse épreuve vécue lors de leur dernière affaire (La faille, 2023), en pleine reconstruction le groupe est pourtant proche de basculer… L’auteur fait d’ailleurs la part belle au personnage de Nicolas Bellanger, second de la brigade de Sharko. Ce dernier est un peu en retrait et un récit secondaire s’articule autour du lieutenant.
Dans le même temps, les lecteurs rencontrent la psychiatre Éléonore Hourdel, qui officie au sein de l’UMD Ulysse depuis six ans. On comprend rapidement que cette dernière va avoir un rôle primordial à jouer dans cette enquête.
Les codes du thriller, parfaitement maîtrisés par Thilliez, s’enclenchent et la machine démarre sur les chapeaux de roue. L’auteur alterne chapitres immersifs et chapitres plus rythmés avec des cliffhanger judicieusement placés, distillant les pièces d’un puzzle tentaculaire que le lecteur ne pourra s’empêcher d’assembler et de résoudre !
La folie, les parasites mais aussi la neurobiologie, l’art et principalement l’art brut, sont autant de thèmes qui composent la structure de À retardement. Sans oublier, point capital pour Franck Thilliez, l’humain, les personnes derrière les faits, les victimes, les malades et la large incompréhension face à ces crimes et qui domine auprès de la population. Franck Thilliez ne craint pas de parler de sujets de société brûlant tel que celui de la responsabilité civile – il avait déjà évoqué la mort cérébrale et la fin de vie dans La faille (2023) – et montre l’opposition, quelquefois brutale, qu’il peut y avoir entre les psychiatres qui souhaitent comprendre et aider les patients, et les policiers et les familles des victimes qui veulent voir un coupable condamné.
– il avait déjà évoqué la mort cérébrale et la fin de vie dans La faille (2023) – et montre l’opposition, quelques fois brutale, qu’il peut y avoir entre les psychiatres qui souhaitent comprendre et aider les patients, et les policiers et les familles des victimes qui veulent voir un coupable condamné.
Sous couvert d’un divertissement truffé de rebondissements et d’une intrigue complexe et dense, Franck Thilliez met en évidence la complexité de ces situations, montrant tous les aspects d’une pareille enquête.