La justice impose le retour du double sens sur le quai des États-Unis

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Des voitures circulent sur la Promenade des Anglais de Nice.
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La cour administrative d’appel a rejeté le recours de la ville de Nice. La municipalité devra rétablir la circulation dans les deux sens sur le quai des États-Unis. Le maire annonce des travaux à venir pour adapter l’axe.

Le quai des États-Unis va retrouver un double sens. La cour administrative d’appel a rejeté le recours de la ville de Nice. La municipalité demandait le maintien du sens unique. La juridiction a considéré que le passage des convois exceptionnels restait prioritaire. Le maire de Nice l’a reconnu ce vendredi sur son compte X. Il devra appliquer le jugement.

Christian Estrosi a annoncé la nouvelle alors que se tient actuellement la séance plénière du Conseil Municipal . Il dit avoir pris connaissance de la décision de la cour administrative d’appel. Il explique que celle-ci a « rejeté notre appel sur le maintien du sens unique sur le Quai des Etats-Unis », tout en ajoutant que « cette décision résulte du refus de l’État de déclasser la Promenade des Anglais de son statut particulier de route prévue pour le passage des convois exceptionnels de très grand gabarit. » Il indique que la ville « se conformera à cette décision de rétablir le double sens, qui nécessite néanmoins des aménagements pour garantir la sécurité des piétons et des cyclistes. » Le calendrier sera communiqué dans les prochains jours. Le maire prévoit aussi des rencontres avec les habitants, les usagers et les commerçants concernés.

Cette décision intervient après plusieurs mois de débats. Au mois de juillet 2024, la Cour administrative d’appel de Marseille avait suspendu une décision du Tribunal administratif de Nice. Le retour du double sens était alors bloqué. La municipalité et la Métropole voulaient empêcher une remise en circulation immédiate. La justice leur avait donné raison à deux reprises. Elles n’avaient pas à exécuter le jugement de février 2024. Ce jugement réclamait le rétablissement du double sens.

Plusieurs arguments avaient été mis en avant. Une étude AtmoSud montrait que la fermeture du sens ouest-est avait réduit le trafic d’environ 60 %. La qualité de l’air s’était améliorée sur la zone. La ville considérait que le retour en arrière allait à l’encontre de ses engagements en matière d’environnement et de cadre de vie. Elle soulignait que l’aménagement actuel profitait aux piétons et aux cyclistes. Elle estimait aussi que ce choix répondait à l’intérêt général.

Plusieurs commerçants, s’étaient exprimés à ce sujet à l’époque. « Deux voies ça aurait fait peut-être plus de passage même si actuellement la route est pas hyper empruntée, donc potentiellement plus de nuisance. » Dans un message, la ville rappelait que Nice avait développé des aménagements pour apaiser l’espace public. Elle écrivait qu’un « retour en arrière serait incompréhensible pour les centaines de milliers de piétons et cyclistes qui empruntent régulièrement cet axe. C’est une question de santé publique, d’environnement et de qualité de vie. »

Une décision qui va faire des heureux

La décision finale de la cour rejoint la position de l’État. Elle ne s’inscrit pas dans la logique défendue par la mairie. Pour certains habitants qui regrettait la situation actuelle, c’est une bonne nouvelle.

A l’époque, certains riverains ne comprenaient pas la politique de gestion de l’espace sur cette partie de la route. « Il y a une piste piétonne qui ne sert vraiment à rien. Les vélos, je veux bien, mais de l’autre côté il n’y a personne », expliquait-il.

Le secrétaire départemental du PCF06, Julien Picot a immédiatement réagi pour critiquer le maire et ses adjoints : « comme à son habitude, Christian Estrosi est à nouveau rappelé à l’ordre par la justice. Ce jugement sur le Quai des États-Unis est clair : personne n’est au-dessus de la loi. L’aménagement urbain ne peut pas être décidé seul, sans concertation et en dehors du cadre légal. Nous demandons une remise à plat complète du projet, associant riverains, usagers et acteurs de la mobilité pour garantir sécurité, efficacité et respect du droit. Nice ne peut pas être gérée comme une propriété personnelle. La justice le rappelle au maire ; nous continuerons à le rappeler aux Niçoises et aux Niçois. »

Le comité de quartier du Port et de l’Environnement suit le dossier depuis le début peut donc se réjouir de la décision. La municipalité doit maintenant organiser les travaux. Le quai des États-Unis changera à nouveau de fonctionnement. Le dossier est probablement clos cette fois-ci après de longs mois de procédure. Les acteurs locaux suivront les prochaines étapes avec attention à n’en pas douter.