La Gare du Sud change encore de cap avec un projet culturel

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Après l’échec de deux projets de restauration, la municipalité reprend la main sur la Gare du Sud. Le bâtiment historique doit accueillir, dès 2026, un centre culturel pluridisciplinaire. Mais cette annonce s’invite aussi dans le débat politique à l’approche des élections municipales.

La Gare du Sud, au cœur du quartier de la Libération, a déjà connu plusieurs vies. Transformée en halle gourmande en 2017, elle avait ensuite accueilli Mediterraneo, un vaste restaurant méditerranéen. Ces deux expériences se sont soldées par des fermetures, la première pour des raisons sanitaires, la seconde par manque de fréquentation. La municipalité Niçoise a choisi de tourner la page. Elle rachète le bail du bâtiment et met fin à l’aventure culinaire, hormis pour un restaurant italien qui restera sur place.

Le maire Christian Estrosi a défendu ce virage culturel. « Nous voyons bien que les food courts, qui avaient du succès il y a une dizaine d’années, ne sont plus forcément à la mode », a-t-il expliqué. Selon la municipalité, l’enjeu est de redonner une fonction pérenne à « ce patrimoine qui appartient collectivement aux Niçois. »

Le projet, d’un coût annoncé de dix millions d’euros, sera présenté au conseil municipal du 1er octobre. L’ouverture est prévue pour 2026. Le programme comprend une agora centrale « pour se rassembler, discuter, partager », des espaces d’exposition et de spectacle, une ludothèque et un café avec kiosque à journaux. L’idée est de transformer l’ancienne gare en lieu de rencontre et de diffusion culturelle, accessible aux habitants du quartier comme aux visiteurs.

Un dossier au cœur de la bataille politique

Cette nouvelle orientation ne se joue pas seulement sur le terrain culturel. Elle s’inscrit dans un contexte politique marqué par les municipales de mars prochain. Éric Ciotti, candidat déjà déclaré, a lui aussi présenté sa vision pour l’avenir de la Gare du Sud. Il souhaite y installer un théâtre, sur le modèle du Théâtre national de Nice démoli en 2022 pour laisser place à la coulée verte.

La proposition a été accueillie avec scepticisme par certains acteurs culturels. « La Gare du Sud ne dispose pas de l’espace nécessaire pour accueillir un théâtre digne d’un Centre dramatique national », avait jugé Muriel Mayette-Holtz, directrice du TNN, estimant que la configuration du bâtiment ne permet pas d’accueillir une salle de spectacle d’envergure.

L’association Viva! critique de son côté la succession de projets menés depuis dix ans autour de la Gare du Sud. « Avec Christian Estrosi, la Gare du Sud est devenue une grande gabegie financière. Au lieu de passer le site en régie dès le départ, il a validé successivement deux fiascos économiques et a fait perdre de précieuses années au quartier de la Libération », accuse le collectif.

Selon Viva!, le rachat du bail et la présentation d’un projet à dix millions d’euros relèvent d’une précipitation électoraliste. L’association estime qu’« il y a urgence à stopper les projets à l’emporte-pièce » et demande une concertation citoyenne. « Les Niçoises et les Niçois auraient dû être consulté·es sur le devenir du TNN et d’Acropolis. Ils doivent l’être sur l’avenir de la Gare du Sud », poursuit le communiqué.

Un symbole au destin incertain

Au-delà des divergences politiques, la Gare du Sud reste un lieu emblématique. Construite à la fin du XIXe siècle, elle fut longtemps un nœud ferroviaire avant de tomber en désuétude. Sa transformation en équipement de quartier a été présentée comme une manière de préserver un édifice historique. Mais son avenir peine à se stabiliser.

L’échec de la halle gourmande comme celui de Mediterraneo a marqué le quartier et alimenté les critiques sur la gestion municipale. Le passage à une vocation culturelle représente une tentative de réconciliation entre histoire, patrimoine et usages contemporains.

Reste à savoir si ce projet saura s’ancrer durablement et convaincre les habitants. Entre promesse de « lieu vivant, familial, populaire » portée par la mairie, proposition concurrente d’un théâtre défendue par Éric Ciotti, et appel à une concertation citoyenne formulé par Viva!, la Gare du Sud devient un enjeu politique autant que culturel.

Son futur dépendra autant des choix municipaux que de la capacité à associer la population à la décision. D’ici à 2026, le bâtiment continuera d’incarner les hésitations et les tensions autour de l’aménagement du centre-ville de Nice.

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