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19 avril 2024

La cybernétique comme futur de la démocratie ?

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Face à la crise des partis, beaucoup de voix, comme celle du Mouvement 5 étoiles en Italie, réclament le passage à la participation directe, rendue possible par la généralisation de l’Internet. Pourtant, les deux systèmes devraient se compléter plutôt que s’exclure.

cybernetique.jpg Le débat politique semble polarisé sur la question de la démocratie : d’un côté, on trouve ceux qui proposent une cyberdémocratie directe. De l’autre, les défenseurs de la démocratie représentative telle que nous l’avons connue la considérant, malgré ses défauts, comme le meilleur des systèmes possibles.

Avant de nous tourner vers l’avenir cependant, il est bon de revenir sur quelques éléments de contexte.

Premier élément : les partis politiques sont, depuis des années, l’institution la moins appréciée, et ils descendent régulièrement sous des faibles pourcentages d’opinions favorables dans les sondages. Les partis n’ont pas encore trouvé la bonne parade à cette crise de légitimité – aggravée par une montée de l’abstentionnisme.

Deuxième élément : les partis jouissent encore d’un pouvoir colossal et d’un véritable monopole sur la vie publique, alors que la défiance à leur égard atteint des sommets et qu’ils n’ont plus la légitimité du temps où ils avaient de nombreux adhérents.

Troisième et dernier élément : la mondialisation qui, à partir des années 1970, a progressivement réduit la capacité de la démocratie à encadrer l’économie, tout en entraînant, en plus du reste, un accroissement généralisé des inégalités.

Bref, il n’est pas étonnant que de nombreux citoyens aient l’impression de vivre dans un système politique opaque dans lequel leur voix ne compte que lors des élections – et encore, uniquement dans le périmètre d’une offre politique sur laquelle ils n’ont eu aucune influence. Une démocratie que nous pourrions en somme qualifier de « faible ».

Tandis que la démocratie reculait, un autre processus était en marche, à savoir la démocratisation de la révolution numérique, qui a concerné d’abord le monde développé, puis s’est étendue au reste de la planète.

De plus en plus de gens équipés d’un ordinateur ont commencé à se servir d’Internet pour communiquer, s’organiser, exprimer leurs opinions, s’informer, et bien d’autres choses encore. Ils sont désormais des millions à avoir appris à s’informer de manière autonome. Ils aspirent à la participation et à la transparence.

Or, pendant que les citoyens se massaient toujours plus nombreux sur la Toile pour s’informer, débattre et s’organiser, les partis politiques faisaient abstraction – et font toujours abstraction, pour une grande partie d’entre eux – de la transformation qui s’opère chez des millions d’électeurs potentiels (surtout les jeunes).

En d’autres termes, à l’heure où Internet jouait un rôle politique grandissant sur la vie des citoyens, son influence sur la politique restait négligeable.

Pourtant, la cyberdémocratie appliquée à des groupes de personnes importants, comme un pays tout entier, n’échappe pas à la critique, loin de là. La critique – souvent justifiée – ne doit surtout pas faire oublier que l’activité politique est un art essentiel à la démocratie; un art fondé sur des vertus telles que la prudence, la conciliation, le compromis et la faculté d’adaptation.

La deuxième critique est qu’il existe une différence entre le sondage permanent et le vote : la démocratie appelle la pondération, une évaluation rigoureuse du pour et du contre, une capacité de donner du sens et de la cohérence à la feuille de route fixée.

Enfin, le troisième écueil est le fossé numérique : un citoyen sur deux n’est pas connecté. Ce sont généralement des gens socialement défavorisés, comme les personnes âgées et les familles de travailleurs non qualifiés, qu’il n’est pas acceptable d’exclure.

Mieux vaut donc réfléchir aux moyens de faire évoluer la démocratie représentative vers des formes plus participatives, vers ce que nous pourrions appeler la « démocratie continue ».

En d’autres termes, une évolution de la démocratie représentative vers des formes plus participatives : quelqu’un sera-t-il à la hauteur du défi ?

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